Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata )

Publié le 18 Juin 2025

Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata ) et sa répartition en Europe
Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata ) et sa répartition en Europe
Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata ) et sa répartition en Europe
Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata ) et sa répartition en Europe

Le Néphrotome de Pierre (Nephrotoma appendiculata ) et sa répartition en Europe

Vous avez souvent vu ces gros insectes à longues ailes qui ressemblent aux moustiques. Ils font un peu peur à ceux qui craignent les piqûres. Pas la peine de les écraser d’un coup de savate, ils ne piquent pas.
Martine et Roland


Nom scientifique : Nephrotoma appendiculata (Pierre, 1919)

Etymologie : « nephrotoma »  vient du grec « nephros », le rein et « tomas »,  morceau,  section.
L’entomologiste qui lui a donné son nom y trouvait sans doute une ressemblance avec  la structure embryonnaire d’un rein.
« Appendiculata » signifie « possède un ou plusieurs appendices » .

Autre nom : Nephrotome appendiculaire, Tipule tacheté.

Nom allemand : Gefleckte Wiesenschnake auch Gefleckte Wiesen-Krähenschnake.

Nom anglais: spotted crane fly.

Classification : C’est un insecte de l’Ordre des Diptera ( du grec di, deux et pteron, ailes ).
Il compte 8 000 espèces en France métropolitaine (180 000 dans le Monde).
La déclinaison suivante est le  sous-ordre des Nematocera, mouches à antennes comptant plus de 3 articles  de même taille ( antennes en fil ).
Ce groupe comprend les Anophèles et autres Moustiques, les
Aedes (Cousins, les vrais ! ), la Mouche de la Saint Marc        ( Bibio marci ), les Cécidomies , responsables des galles de la ronce, du tilleul …

Le Néphrotome de Pierre appartient à la famille des Tipulidae, communément appelés  « cousins ».
Espèces de taille moyenne à grande, abdomen étiré, longues ailes étroites, pattes longues, grêles et pendantes . Les antennes ont en général 13 articles. Le thorax présente une structure en V. Les ailes ont une nervation typique. Ils ont un vol lent.

Ce  groupe comprend 4293 espèces  décrites à ce jour selon catalogue of life.
La France à elle seule, en compte 200 espèces.

Biologie des Tipulidae
La très grande majorité des adultes sont floricoles et se nourrissent du nectar et du pollen de fleurs tandis que leurs larves apodes ( sans pattes)  avalent le bois et les végétaux en décomposition ainsi que le mycélium des champignons.
Ils transforment ces éléments en humus et contribuent ainsi à l’aération des sols et à leur fertilisation.
Les larves sont  communément appelées «  vers gris « ou parfois «  vers étoilés «  en fonction de la configuration de leur extrémité abdominale où sont situés les orifices respiratoires ( apparaissant comme des «  yeux noirs « ) .
Elles se nourrissent des matières contenues dans la litière végétale ainsi que  les racines de plantes.
Certaines tipules peuvent être abondantes dans les zones humides et riches en humus.
Elles peuvent alors causer des dégâts importants aux cultures ( une dizaine de tipules serait nuisible aux cultures agricoles et maraîchères).
Les adultes ne vivent que quelques jours et cette courte durée de vie est essentiellement vouée à la reproduction.

Observation: le  16 juin  à Sarre-Union (Bas-Rhin - 67).

Période d’observation : avril à août
 
Dimensions du Neprotome appendiculaire  : 13 à 15 mm de long pour les mâles et quelques  mm de plus pour les femelles. La largeur de l’abdomen est 2 à 4 mm. Il peut avoir une envergure 40 mm .

Description et biologie :
Cette tipule est assez grande. Elle se distingue d’autres tipules  par sa couleur jaune et ses courtes rayures noires  sur le thorax, un dessin en arc de cercle, en forme de U renversé à la base des ailes et une large bande sombre sur chaque segment de l’abdomen.
Comme tous les diptères, elle est dotée d’une seule paire d’ailes et de balanciers postérieurs, utiles pour l’équilibrage en vol. Ses ailes présentent  une fine ligne jaune sur leur  bord d’attaque .
Sur ses ailes très transparentes, le stigmate ( ou ptérostigma ), groupe de cellules spécialisées situées près de l’extrémité de l’aile ) est clair. Il  peut être  sombre chez certains individus.
L’abdomen de la femelle se termine en pointe alors que celui du mâle est émoussé.
Les antennes gris sombre sont constituées de segments articulés.
Les pattes sont longues et fines, facilement détachables , ce qui constitue une bonne parade pour échapper à ses prédateurs.

Comportement :
Insecte diurne, vivant en général sur les fleurs, dont il aspire le nectar ou déchire les étamines.
 Adulte, il vole pour se nourrir,  chercher un futur conjoint ou échapper à un danger.

Nourriture : Les adultes du Néphrotome de Pierre  ont une préférence pour les  familles des Apiaceae  et butinent volontiers  l’Anthrisque sylvestre ( Anthriscus sylvestris, cerfeuil sauvage ).

Reproduction : cette période se situe d’avril  à juillet.
Le mâle émettrait par
ses glandes situées sur les premiers articles des antennes des phéromones qui attirent la femelle. Pour cette raison, ils sont dénommés « excitateurs ». Cette dernière s’apprête alors à l’accouplement.

A l’aide de son ovipositeur,la femelle pond 175 à 300 œufs dans le sol humide à moins d’1 cm de profondeur.
Les larves issues de ces œufs sont des vers allongés qui atteignent 27 mm en fin de cycle.
Aux premiers stades, les larves se nourrissent de débris végétaux puis  ensuite de racines. Cette espèce cause rarement des ravages aux cultures.
Dans la terre, les larves se transforment par 4 mues successives. C’est sous cette dernière mue qu’elles vont hiverner.
Elles se nymphoseront au printemps vers la fin avril quand la température dépassera 21 degrés.

Confusion : possible. Il existe de nombreuses espèces visuellement proches en particulier Nephrotoma  flavescens. Pour illustration deux autres espèces de néphrotomes en photos en fin d'article, l'une aux ailes fumées.

Habitat : les adultes sont observables au printemps dans les zones humides : prairies, jardins, lisières forestières et bords des cours d’eau de toute l’Europe continentale à l’Afrique du Nord  jusqu’en Asie Centrale.
Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord.

Protection
Pas de protection légale pour cet insecte très commun.
Le déchiffrage de son génome a été réalisé en 2024 (1) et a permis de constater la grande proximité avec une autre famille de diptères, les Limoniidae. Sans doute nos savants vont-ils fusionner ces deux familles.

Ennemis et prédateurs : adultes et larves de coléoptères en particulier les Carabidés et les Staphylinidés.
Les fourmis, araignées, reptiles, amphibiens, nématodes, oiseaux, taupes, musaraignes chassent et mangent ces insectes abondants dans les zones humides.
Les insecticides des grandes cultures n’épargnent pas  cet insecte et tous les autres…

Texte Martine et Roland Photos, Roland Gissinger, identification des insectes  : Martine Devondel Anab)  




Bibliographie

Livres jolis et très  instructifs:
Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise.
Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise.
La Faune de la France illustrée VIII, R .Perrier, Diptères et Aphaniptères par Séguy.
Guide des Mouches et Moustiques, J. et H.Haupt ,édition  delachaux et niestlé.

1/ The genome sequence of the spotted cranefly, Nephrotoma appendiculata (Pierre, 1919) Liam M. Crowley  Fév 2024

Liste des Diptères déjà présentés sur ce blog

Nephrotoma submaculosa_sur une saponnaire, Saponaria ocymoides_ Remarquer les ailes fumées - Commune Le Muy dans le Var (83)

Nephrotoma submaculosa_sur une saponnaire, Saponaria ocymoides_ Remarquer les ailes fumées - Commune Le Muy dans le Var (83)

Nephrotoma quadrifaria  commune de Sarre_Union (Bas-Rhin 67)

Nephrotoma quadrifaria commune de Sarre_Union (Bas-Rhin 67)

Diptères déjà présentés sur ce blog

Famille Nom scientique  et lien Nom français
Anthomyiidae Anthomyia pluvialis Anthomye de la pluie, Anthomyie pluviale
Cecidomyiidae Mikiola fagi Cecidomyie du hêtre, Galle des feuilles de hêtre
Syrphidae Chrysotoxum cautum Chrysotoxe prudent 
Empididae Empis tessellata Empis marqueté
Syrphidae Eristalis tenax Eristale gluant, Mouche pourceau 
Syrphidae Eristalis pertinax Eristale opiniâtre
Bombyliideae Bombylius major Grand bombyle
Tachinidae Tachina magnicornis L’échinomie à pieds roux
Bibionidae Bibio marci Mouche de la Saint Marc, Bibion
Tabanidae Tabanus sudeticus Mouche des chevaux
Platystomatidae Platystoma seminationis   Mouche du baiser
Sarcophagadiae Sarcophaga carnaria Mouche grise de la viande
Tipulidae Nephrotoma submaculosa Nephrotoma submaculosa
Tipulidae Nephrotoma appendiculata Néphrotome de Pierre
Syrphidae Rhingia campestris Rhingie long-nez
Scathophagidae Scathophaga lutaria Scathophage du fumier, Mouche à merde
Conopidae Sicus ferrugineus Sicus ferrugineux
Syrphidae Melanostoma scalare Syrphe à tête noire
Syrphidae Episyrphus balteatus Syrphe ceinturé
Syrphidae Sphaerophoria scripta Syrphe porte  plume
Tipulidae Tipula paludosa Tipule des prairies
Syrphidae Volucella zonaria Volucelle zonée 
Tipulidae Nephrotoma quadrifaria Tipule à quatre taches
     
     
     

 

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B
Toujours aussi passionnant !<br /> J'ai cependant repéré une phrase à double sens. Dans comportement, vous écrivez:" Il vole pour se nourrir".<br /> C'est pas bien !😊
Répondre
A
Merci Bern@rd. <br /> <br /> 🤣🤣toujours facétieux ! <br /> Remarque qu'il y a pire. Certains volent pour voler et en toute bonne conscience...<br /> Martine et Roland
T
Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article instructif et les belles photos. Belle opportunité de revoir les photos d’autres diptères. Hélas, la mémoire humaine ne s’agrandit pas par un simple achat.
Répondre
A
Et Martine
A
Merci Toll de ton commentaire et contents de t'avoir remis en mémoire ces diptères.<br /> Difficile de tout retenir, c'est pareil pour tout le monde. <br /> Roland