Le Syrphe charmant, syrphe doré, (Chrysotoxum festivum)
Publié le 21 Septembre 2025
Ce syrphe est souvent pris pour une guêpe. Et bien non ! c’est une mouche inoffensive, non piqueuse, déguisée en guêpe pour échapper à ses prédateurs. Malins ces insectes !
Martine et Roland .
Nom scientifique : Chrysotoxum festivum (Linnaeus, 1758)
Origine du nom: provient du latin« khrysos », l’or et de « toxum» , mot peut-être persan qui signifie semence soit « semence d’or », sans doute une allusion à sa belle couleur jaune doré. « Festivum » est issu du latin festivus, signifiant "de fête", "festif", "joyeux".
Nom allemand : Späte Wespenschwebfliege.
Nom anglais: hook-barred Spearhorn, hook-banded Meadow Fly, and hook-banded Wasp Hoverfly.
Classification : C’est un insecte de l’Ordre des Diptera, du grec » di « : deux et de « pteron « : ailes. Il compte 8 000 espèces en France métropolitaine et près de 180 000 dans le Monde.
Les diptères ont une seule paire d’ailes membraneuses. La deuxième paire est vestigiale, en forme de mini-haltères. En rotation rapide et inverse pendant le vol, elle sert à équilibrer la mouche ou à faire du vol stationnaire.
Ces insectes se caractérisent aussi par leur appareil buccal. Ils possèdent une trompe suceuse ( proboscis ) transformée chez certains en trompe plus rigide ou rostre de type piqueur suceur (par exemple chez les moustiques).
Les syrphes jouent un rôle important dans les écosystèmes. Leurs larves sont prédatrices et se nourrissent d’insectes mous, de débris végétaux, racines et champignons. Les adultes, quant à eux se nourrissent de pollen et de nectar et sont, de ce fait de bons pollinisateurs. Ils sont également d’excellents bioindicateurs .
Pour cette famille des Syrphidae, la déclinaison suivante est l’ordre des Diptera, le sous-ordre des Brachycera ( mouches à antennes courtes ) , de l’infra-ordre des Cyclorrhapha ( mouches présentant une nervation alaire simple et des antennes à 3 articles ) et de la section des Aschiza ( les adultes émergent de la pupe sans ouverture circulaire sur le front ).
Syrphidae : ce « Syrphe charmant » appartient donc à la famille des Syrphidés.
Il existe 560 ( Speight et Sarthou, 2016)) espèces de syrphes différentes en France. Plus de 6000 ont été déjà décrites au niveau mondial par les entomologistes spécialistes de ces mouches.
Leur particularité est d’avoir des couleurs vives et d’imiter celles d’insectes piqueurs comme les guêpes et les abeilles. Ils peuvent même imiter leurs vibrations spécifiques. Ce camouflage-copie que l’on désigne du mot compliqué de « mimétisme batésien » est une stratégie de tromperie qui leur permet de se mettre à l’abri des attaques de nombreux prédateurs.
Les deux caractères distinctifs des syrphidés par rapport aux autres mouches sont : 1.un pli longitudinal plus ou moins sclérotisé au centre de l’aile, la « Vena spuria « ( fausse veine ).
2. la présence d’une fausse marge sur la moitié apicale de l’aile ( cfr la photo de l’aile d’un syrphe ci-dessous ).
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Observation: le 18 mai à Illfurth (Haut-Rhin - 68).
Période d’observation : avril à août
Dimensions : 9 à 15 mm de long
Chrysotoxum festivum se distingue par son abdomen en partie noir avec des paires de lignes jaunes qui n’atteignent pas les bordures latérales. Ses antennes sont à 3 articles , le 3ème plus court que les 2 premiers réunis, le dernier article muni d’une arista ( cil sensitif ). Autre particularité, les fémurs des 2 premières pattes sont entièrement jaunes parfois noircis à la base. Ses yeux sont velus , contigus chez le mâle, écartés chez la femelle, ses ailes foncées , tachées parfois.
Comportement :
Adulte, il vole pour se nourrir, chercher un futur conjoint ou échapper à un danger.
Insecte diurne, on le trouve dans les clairières et les orées forestières , en forêt de feuillus ou dans les hautes herbes avec buissons épars souvent sur les fleurs d’ombellifères ou de chardons.
Nourriture : Les adultes du Syrphe doré ont une préférence pour les familles des Apiaceae ou des Asteraceae ( Hieracium, Hypochaeris, Senecio et Solidago ) mais aussi d’autres plantes communes, Galium, Euphorbia…
Reproduction : cette période se situe d’avril à juillet.
Les mâles volent en essaims peu denses près du sol (1 à 4 m) pendant la saison. Le mâle émettrait par ses glandes situées sur les premiers articles des antennes des phéromones qui attirent la femelle. Pour cette raison, ils sont dénommés « excitateurs ». Cette dernière s’apprête alors à l’accouplement.
Les larves de Chrysotoxum n’étant pas saprophages ( qui se nourrissent de matières mortes ) mais prédatrices de pucerons , la femelle pond ses œufs dans le sol, près des racines des plantes où vivent les pucerons des racines ( root aphids ) souvent en association avec des colonies de fourmis, donc dans des sols riches en matière organique et humides.Ces larves auraient donc un rôle écologique de régulation des pucerons souterrains qui affaiblissent les plantes en se nourrissant de leurs racines.
C’est l’hypothèse pour le genre Chrysotoxum qui est extrapolée à C.festivum car il n’y a pas, à ce jour d’étude confirmant son régime larvaire avec une expérimentation précise.
Dans la terre, les larves se transforment par 4 mues successives. C’est sous cette dernière mue, qu’elles vont hiverner.
Elles se nymphoseront au printemps vers la fin avril quand la température dépassera 21 degrés.
Confusion : possible. Il existe de nombreuses espèces visuellement proches de ce Syrphe charmant, en particulier Chrysotoxum vernale (base des fémurs toujours noire, bandes jaunes sur l’abdomen subrectilignes, présent aussi dans les bois ).
Habitat : . C’est une espèce sylvicole que l’on trouve aussi sur sols sablonneux. Les adultes sont observables au printemps dans les zones humides : prairies, jardins, broussailles, lisières forestières et bords des cours d’eau de toute l’Europe continentale à l’Afrique du Nord jusqu’en Asie Centrale.
Ecologie :
Les syrphes sont utilisés pour faire des diagnostics de l’environnement à échelle moyenne d’un territoire, pour en évaluer sa richesse en habitats. C’est une « espèce bio-indicatrice ». Les syrphes ont fait l’objet d’une méthode normalisée européenne « Syrph The Net » qui tient compte pour chaque espèce de sa répartition, de sa biologie, de son habitat, de sa rareté…
D’une manière générale, les syrphes sont des auxiliaires biologiques intéressants pour l’agriculture. Leurs larves consomment de nombreux pucerons qui entravent la croissance des plantes. Leurs adultes sont des pollinisateurs efficaces pour certaines espèces de plantes y compris les plantes cultivées comme le colza.
Protection
Pas de protection légale pour cet insecte
Ennemis et prédateurs : adultes et larves de coléoptères en particulier les Carabidés et les Staphylinidés.
Les fourmis, araignées, reptiles, amphibiens, nématodes, oiseaux, taupes, musaraignes chassent et mangent ces insectes abondants dans les zones humides.
Les insecticides souvent non sélectifs des grandes cultures n’épargnent pas cet insecte et tous les autres…
Texte et photos Martine Devondel et Roland Gissinger, identification des insectes : Martine
Bibliographie
Livres jolis et très instructifs:
Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise.
Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise.
Faune de Belgique, Syrphides , Lucien Verlinden.
Guide des Mouches et Moustiques, J. et H.Haupt ,édition Delachaux et Niestlé.
Veldgids Zweefvliegen,KNNV Uitgeverij, Sander Bot et Frank De Meutter
1/https://www.smagy.de/index.php?func=insect&task=showInsect&taskID=spaetwespenschwebfliege
2/ The genome sequence of the hook-banded wasp hoverfly, Chrysotoxum festivum (Linnaeus, 1758) -Steven Falk oct 2024
Liste des Diptères déjà présentés sur ce blog
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Famille |
Nom scientifique et lien |
Nom français |
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Anthomyiidae |
Anthomye de la pluie, Anthomyie pluviale |
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Cecidomyiidae |
Cecidomyie du hêtre, Galle des feuilles de hêtre |
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Syrphidae |
Chrysotoxe prudent |
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Empididae |
Empis marqueté |
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Syrphidae |
Eristale gluant, Mouche pourceau |
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Syrphidae |
Eristale opiniâtre |
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Bombyliideae |
Grand bombyle |
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Tachinidae |
L’échinomie à pieds roux |
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Bibionidae |
Mouche de la Saint Marc, Bibion |
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Tabanidae |
Mouche des chevaux |
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Platystomatidae |
Mouche du baiser |
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Sarcophagadiae |
Mouche grise de la viande |
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Tipulidae |
Nephrotoma submaculosa |
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Tipulidae |
Néphrotome de Pierre |
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Syrphidae |
Rhingie long-nez |
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Scathophagidae |
Scathophage du fumier, Mouche à merde |
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Conopidae |
Sicus ferrugineux |
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Syrphidae |
Syrphe à tête noire |
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Syrphidae |
Syrphe ceinturé |
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Syrphidae |
Chrysotoxum festivum |
Syrphe charmant |
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Syrphidae |
Syrphe porte plume |
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Tipulidae |
Tipule des prairies |
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Syrphidae |
Volucelle zonée |
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Tipulidae |
Tipule à quatre taches |
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