La Drave des murailles (Draba muralis)

Publié le 5 Octobre 2025

La Drave des murailles (Draba muralis) et sa répartition

Cette Drave des murailles est à rechercher car elle est rare et protégée. Vous la trouverez surtout au soleil sur des emplacements secs et rocailleux.
Roland

Nom scientifique : Draba muralis L., 1753

Origine du nom : du grec « drabé » qui désignait une brassicacée vague, ce nom a été donné par le botaniste Dioscorides. Son nom d’espèce «muralis»,signifie « poussant sur les murs, des murailles ».

Noms en dialecte alsacien,: Hüngerblümchen en allemand - Mauer-Felsenblümchen
Noms anglais : Wall Whitlowgrass

Date et lieu de l’observation : le 26 avril à Weinbourg ( Bas-Rhin 67)

Famille de plantes: celle des Brassicacées ( la Cardamine des prés , la Capselle bourse-à-pasteur, l’Alliaire officinale, la Cardamine hérissée, la Moutarde des champs, le Passerage champêtre, le Radis sauvage, le Tabouret perfolié et des comestibles comme les choux, le colza, moutardes ).
Cette famille est homogène et facile à reconnaitre. Les caractères de base de la plupart des genres européens sont :
une symétrie bilatérale d’ordre 4. Les 4 pétales et les 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 grandes et 2 petites.
Les fruits sont très variés, de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie (Monnaie du Pape) ou une petite bourse (Bourse à pasteur). La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de « très allongé » à « circulaire » et à leur segmentation interne.
Le genre « arabis » se distingue par ses fruits en siliques avec une seule ligne de graines, des feuilles de la tige (caulinaires) entières, sans pétiole, plus ou moins velues, à base embrassante ou subarrondie.

Le genre Draba est très diversifié et riche d’au moins 473 espèces dans le Monde, mais une douzaine seulement dans notre pays. Ce sont des plantes surtout de montagne dont les Andes ou arctiques. D’ailleurs elles sont dénommées en allemand, « petites fleurs des rochers ». Leur différenciation est liée aux glaciations successives. Ces draves et d’autres plantes ont été isolées à chaque fois pendant des milliers d’années dans des zones restreintes. Elles ont aussi acquis plusieurs jeux de chromosomes (étude 3) , sont devenues polyploïdes. Cet état facilite l’apparition de nouvelles espèces.
Elles se distinguent des arabettes par leurs siliques ovales et non pas très allongées comme celles des arabettes. La tige n’est pas ramifiée et porteuse de poils (ou trichomes) de différents types, ramifiés, étoilés, dentritiques, pédonculés. La surface des trichomes est variable, lisse ou non et a un lien avec la spécialisation, l’occupation du milieu où vit la drave. Chacune porte plusieurs types de trichomes à la fois.
Les feuilles sont présentes à la base où elles forment une rosette. D’autres sont sur la tige souvent non pétiolées Les pétales sont blancs ou jaunes et rarement d’autres couleurs (rouge, violet). Les siliques sont ovales à rondes et quelquefois spiralées.

Catégorie : plante annuelle ou bisannuelle, velue, non ramifiée, avec des fleurs en épi.

Hauteur : 10 à 50 cm de haut.

Tige: elle est non rameuse et couverte de poils simples, bifurqués ou étoilés.

Feuilles : elles sont velues, dentées grossièrement, elliptiques, pétiolées et disposées en rosette à la base de la tige. Leur taille varie de 10 à 40 mm. Les poils sont simples ou étoilés à 3 ou 5 branches (à voir à la loupe ou sur des photos agrandies comme ici). M Ancev (1) les a étudiés de près et réalisé des photos au microscope électronique. Il a trouvé - uniquement sur la face inférieure des feuilles_ de cette drave des trichomes très particuliers Ce sont des «trichomes pédonculés à base globulaire renflée » très originaux au sein des brassicacées.

Trichome spécifique d ela drave de smurs- photo au microscope électronique de M Ancev

Les feuilles de la tige sont non seulement sessiles mais en parties embrassantes, presque semi-circulaires. Elles sont appliquées contre elle comme de nombreuses autres arabettes et leur taille diminue de bas en haut. La base des feuilles est large et tronquée.

Floraison : de fin avril à juin

Fleurs blanches, de petite taille, de 2 à 4 mm. Elles sont groupées en épis denses d’une vingtaine de fleurs à l’extrémité des tiges qui vont se desserrer avec la maturité. Les fleurs de cette arabette ont 4 pétales dressés. Les 6 étamines sont typiques des brassicacées soit 4 grandes internes et 2 petites latérales. Le pistil se termine par un style et un stigmate unique.

Pollinisation
par les insectes mais aussi par autopollinisation

Fruits : Ce sont des siliques en ovale allongé de 4 à 6 mm de diamètre, glabres, non plaquées contre la tige. Elles sont portées par un pédoncule de 5 à 12 mm qui est presque horizontal par rapport à la tige. Elles contiennent 5-6 minuscules graines (1 mm) non ailées et alignées sur 2 rangs. Leur dissémination est assurée par le vent (anémochorie).

Habitat : plante de chaleur et lumière, présente les sols moyennement riches en nitrates calcaires : sur les rochers, les murs, friches, digues, et accotements. Ce sont : falaises, rochers, éboulis, déblais. Elle est présente jusqu’à 1600 m en Europe, Afrique du Nord, et Proche-Orient.

Confusion possible : avec d'autres espèces de brassicacées aux fleurs blanches dont elles se distinguent par les fruits et les feuilles. Il existe d'autres draves ailleurs que dans notre région, comme la Drave aizoides. Vous remarquerez sur la photo que ses feuilles très particulières, ciliées sur les bords.

Statut et réglementation: plante rare partout, protégée par la loi dans notre région (Alsace) et en Ile-de- France.

Usages alimentaire et médicinal: plante protégée, cueillette, destruction, consommation et usages interdits.

Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger