Les centres de tri français s'organisent face au refus chinois d'accepter certains déchets de l'Occident

Publié le 9 Mars 2018

Alors que la Chine doit encore durcir jeudi ses règles d'importation de déchets plastiques, l'usine de tri Paprec, dans le Val-de-Marne, s'est réorganisée et cherche de nouveaux débouchés.

La Chine ne veut plus être la poubelle du monde. Pékin doit durcir encore, jeudi 1er mars, ses conditions d'importation de déchets plastiques. Les États-Unis et les  pays européens avaient pris l’habitude d’envoyer leurs déchets plastiques à la Chine qui les achetait pour en faire des produits en tout genre. 

En juillet 2017, le pays a annoncé son intention de ne plus recycler certains déchets de l'Occident pour protéger son environnement et, tous les trois mois, le gouvernement revoit ses quotas d'importations sur 24 matières avec des conditions draconiennes, en particulier sur les plastiques.

Les conséquences se font sentir dans les centres de tri français, qui doivent trouver de nouveaux débouchés. C'est le cas à l'usine Paprec de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne)

 

Val-de-Marne : l'usine de tri Paprec de Villeneuve-le-Roi s'organise après les restrictions imposées par la Chine - un reportage d'Anne-Laure Barral
 
 
 
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Yann vient de décharger son camion à l'usine Paprec. La benne est remplie de déchets mélangés. "Ce sont des produits de restauration, détaille-t-il. On récupère les cartons et des sacs en plastique." Une grue monte ensuite ces déchets sur un tapis roulant, ce qu'on appelle "une chaîne de tri", où les opérateurs séparent le carton, le papier et le plastique. 

Dans ces grandes catégories de déchets, on a des sous-catégories, indique Inès Girard, adjointe de direction de l'usine. Donc, dans la famille des papiers, on en a une trentaine. Pour le plastique, c'est assez spécifique aussi : dans cette agence, on a une quinzaine de sous-familles : le PET, le polypropylène, le PVC etc."

Le tri manuel, trop cher pour les "indésirables"

Malgré ce tri manuel, il reste parfois des indésirables, comme "les étiquettes, les petits cerclages, les agrafes ou les papiers collés", précise Inès Girard. Or, désormais, la Chine ne tolère plus ces indésirables de la part des exportateurs. Mais, ici, dans cette usine, ce serait trop coûteux d'enlever manuellement ces petites étiquettes. 

Il y avait plus de main-d'œuvre en Chine qui arrivait à retirer jusqu'à la petite étiquette. Ici, en France, en Europe, ce n'est pas rentable.Inès Girard, adjointe de direction de l'usine Paprecà franceinfo

 

Inès Girard, adjointe de direction de l\'usine Paprec, à Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, en février 2018.
Inès Girard, adjointe de direction de l'usine Paprec, à Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, en février 2018. (ANNE-LAURE BARRAL / FRANCEINFO)

 

D'autres plastiques ne trouvent plus non plus de débouchés. C'est le cas de certains films plastique par exemple. "Aujourd'hui, sur cette chaîne de tri, on trie uniquement les films plastiques transparents et on ne trie plus la couleur, signale Inès Girard. Là, vous voyez, sur le tapis, les films de couleur sont laissés sur le tapis et partent ensuite à l'incinération."

Évidemment, envoyer à l'incinération 350 tonnes de matières, que l'on pourrait recycler, n'est pas satisfaisant, mais les usines comme celles-ci ne peuvent pas les stocker indéfiniment. Pour les plastiques transparents, Paprec cherche de nouveaux repreneurs en Inde et en Indonésie. L'entreprise a aussi construit un site pilote en Normandie pour traiter ces déchets avec des robots et en faire de nouveaux granulés plastiques. Mais, ce site ne pourra pas absorber les 60 000 tonnes de plastiques par an que Paprec doit gérer. 

"Il faut un changement de mentalité"

Sébastien Petithuguenin, le directeur général de l'entreprise, aimerait bien que d'autres acteurs de la filière s'engagent : "Il y a un vrai changement de mentalité à faire auprès des donneurs d'ordre, que ce soit les personnes de la grande distribution, les metteurs en marché, assure-t-il. Il faut qu'ils intègrent, dans leurs cahiers des charges, l'utilisation de matières plastiques recyclées.

On ne peut pas monter une industrie de recyclage si la demande c'est du 'stop and go', un coup je vous en prends quand le pétrole vaut cher, un coup je ne vous en prends pas s'il n'est pas cher.Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprecà franceinfo

Si les emballages en carton ou en papier sont essentiellement fabriqués avec des matières recyclées, le plastique, lui, est très en retard. Seulement 20% de recyclés sont utilisés dans les emballages.

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Déchets

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