GCO = Contournement autoroutier de Strasbourg, les opposants durcissent le ton

Publié le 17 Mars 2017

Il n'est pas possible et ce n'est pas le but de ce blog de publier tous les combats et mobilisations contre les grands projets inutiles et destructeurs de nature.

C'est nécessaire  quand même de publier l'un ou l'autre article sur un fait  qui nous concerne tous, comme ici.

Roland


 

 

Article paru dans les DNA ce 14 mars                         / Olivier Claudon

Quelque chose a changé dans la mobilisation des opposants au Grand contournement Ouest de Strasbourg. Les rangs se sont étoffés et ces derniers jours, le ton est monté à la faveur de l’avancée des travaux préparatoires. Une forme de radicalisation ?

La 5 e marche des cabanes contre le GCO à Griesheim-sur-Souffel le 12 février dernier. Photo :  DNA -Cédric Joubert

La 5 e marche des cabanes contre le GCO à Griesheim-sur-Souffel le 12 février dernier. Photo : DNA -Cédric Joubert

Ils marchent depuis des mois. Dans les champs, dans les forêts. Par monts et par vaux. Qu’il pleuve, neige ou vente.

Ces marcheurs sont régulièrement plus de 300 à fouler la terre du Kochersberg, dans l’ouest strasbourgeois, sur le tracé de la future autoroute de contournement de Strasbourg ; le fameux GCO pour Grand contournement Ouest.

Le collectif GCO non merci ! À l’origine de la mobilisation, appelle cela la marche des cabanes, car ces rendez-vous dominicaux suivent, par étapes, le tracé de la future autoroute, matérialisé par la présence de presque dix cabanes. Ces marches ont d’abord vocation à faire du lien entre les habitants d’un même village, mais aussi entre les habitants répartis sur le tracé de 24 kilomètres de la future A355.

« Il s’agit de montrer notre détermination, faire vivre les cabanes, et faire vivre la mobilisation expliquait Bruno Dalpra en début d’année. Les gens se rendent compte que dans leur village, il y a des opposants comme eux. Avec ces marches, ont fait travailler les gens d’un même secteur ».

Aujourd’hui, cette opération de mobilisation semble avoir porté ses fruits. « Il y a de nouveaux habitants qui ont pris conscience de ce qui va se passer sous leur fenêtre, nous glisse un observateur. Il y a pas mal de jeunes qui sont venus rejoindre le collectif, il y a des profils différents, sociologiquement aussi. Ça a beaucoup évolué par rapport aux débuts du collectif ».

Aurélien a 25 ans. Jeudi dernier, il assurait une permanence avec deux amis dans la cabane en bois de Kolbsheim, au bord de la RD45. Le collectif appelle cela l’opération « OpéOccupetacabane », qui consiste à assurer une veille diurne quotidienne dans la cabane de Kolbsheim et celle de Vendenheim. Quelques coups de klaxon amicaux ponctuent la conversation. À une centaine de mètres de là, des archéologues sondent le champ à la pelleteuse. Plus haut sur la colline, une foreuse teste le sous-sol. « Nous sommes ici parce que Vinci est là. On les surveille, ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent », dit Aurélien. À la question de savoir s’il est encore possible d’arrêter le projet d’autoroute, son ami Louis répond : « Oui, sinon je ne serais pas là. C’est une question de conscience. Plus tard, nous pourrons nous regarder dans une glace ». Les deux jeunes gens disent être contrôlés tous les jours par les gendarmes. La gendarmerie dément. Mais il est clair que les services de l‘État suivent très attentivement la mobilisation des opposants et l’hypothèse d’une ZAD pour Zone à défendre, comme à Notre-Dame-des-Landes, est dans tous les esprits.

Réunion houleuse et tendue

Dans la nuit de vendredi à samedi, une poignée de personnes a d’ailleurs passé la nuit sous une tente dans la forêt de Kolbsheim avant d’être délogées au matin par les gendarmes. Le déboisement (lire ci-dessous) a suscité un vif émoi, comme celui, quelques semaines plus tôt à Vendenheim. « C’est de la destruction d’habitats protégés et l’État ne fait rien, il est complice, s’emporte Stéphane Giraud, le directeur d’Alsace Nature, l’association membre du collectif GCO Non merci ! On ne peut pas continuer comme cela. Ça radicalise toute une série de personnes ». D’ailleurs, dans la foulée, l’association locale Les Bishnoï a publié sur les réseaux sociaux un appel à la résistance et à l’action : « Dans les prochaines semaines, peut-être demain, nous serons amenés à vous appeler à vous mobiliser encore plus que nous l’avions fait jusqu’à maintenant. »

Une semaine plus tôt à Duttlenheim, une réunion avec des représentants du groupe Vinci sur le projet d’aire de service et rassemblant 300 personnes (lire ici) avait été particulièrement houleuse et tendue.

L’apparition des engins cet automne a donné corps à un projet qui n’avait jusqu’ici, que la forme de cartes et plans. Le GCO est entré dans sa phase concrète. Son opposition aussi.

DNA-Olivier Claudon (14/03/2017)

 

Le GCO devant le tribunal administratif

Le tribunal administratif de Strasbourg examinera demain matin à 9 h 30, en audience publique, le recours intenté par Alsace Nature contre le projet de contournement autoroutier de Strasbourg.

L’association conteste en effet la validité du contrat de concession de l’autoroute A355 signé par le gouvernement avec le groupe de BTP Vinci à travers sa filiale Arcos le 29 janvier 2016.

L’association représentée par l’avocat strasbourgeois François Zind souligne que « le projet aura d’importantes conséquences, directes et indirectes, sur l’environnement, tant en matière de qualité de l’air, d’hydraulique, de protection des zones humides et des espaces agricoles naturels et des espèces qu’en termes paysagers ».

Elle considère en outre, au vu du montage financier provisoire du projet, révélé par les DNA, que la société concessionnaire « n’est pas à même de garantir l’exécution du contrat dans l’ensemble de ses clauses ».

Enfin, Alsace nature estime que les changements apportés au projet depuis sa Déclaration d’utilité publique (DUP) « modifient les caractéristiques essentielles de l’opération ».

« Il s’agit de montrer notre détermination, faire vivre les cabanes, et faire vivre la mobilisation expliquait Bruno Dalpra en début d’année. Les gens se rendent compte que dans leur village, il y a des opposants comme eux. Avec ces marches, ont fait travailler les gens d’un même secteur ».

Aujourd’hui, cette opération de mobilisation semble avoir porté ses fruits. « Il y a de nouveaux habitants qui ont pris conscience de ce qui va se passer sous leur fenêtre, nous glisse un observateur. Il y a pas mal de jeunes qui sont venus rejoindre le collectif, il y a des profils différents, sociologiquement aussi. Ça a beaucoup évolué par rapport aux débuts du collectif ».

Aurélien a 25 ans. Jeudi dernier, il assurait une permanence avec deux amis dans la cabane en bois de Kolbsheim, au bord de la RD45. Le collectif appelle cela l’opération « OpéOccupetacabane », qui consiste à assurer une veille diurne quotidienne dans la cabane de Kolbsheim et celle de Vendenheim. Quelques coups de klaxon amicaux ponctuent la conversation. À une centaine de mètres de là, des archéologues sondent le champ à la pelleteuse. Plus haut sur la colline, une foreuse teste le sous-sol. « Nous sommes ici parce que Vinci est là. On les surveille, ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent », dit Aurélien. À la question de savoir s’il est encore possible d’arrêter le projet d’autoroute, son ami Louis répond : « Oui, sinon je ne serais pas là. C’est une question de conscience. Plus tard, nous pourrons nous regarder dans une glace ». Les deux jeunes gens disent être contrôlés tous les jours par les gendarmes. La gendarmerie dément. Mais il est clair que les services de l‘État suivent très attentivement la mobilisation des opposants et l’hypothèse d’une ZAD pour Zone à défendre, comme à Notre-Dame-des-Landes, est dans tous les esprits.

Réunion houleuse et tendue

Dans la nuit de vendredi à samedi, une poignée de personnes a d’ailleurs passé la nuit sous une tente dans la forêt de Kolbsheim avant d’être délogées au matin par les gendarmes. Le déboisement (lire ci-dessous) a suscité un vif émoi, comme celui, quelques semaines plus tôt à Vendenheim. « C’est de la destruction d’habitats protégés et l’État ne fait rien, il est complice, s’emporte Stéphane Giraud, le directeur d’Alsace Nature, l’association membre du collectif GCO Non merci ! On ne peut pas continuer comme cela. Ça radicalise toute une série de personnes ». D’ailleurs, dans la foulée, l’association locale Les Bishnoï a publié sur les réseaux sociaux un appel à la résistance et à l’action : « Dans les prochaines semaines, peut-être demain, nous serons amenés à vous appeler à vous mobiliser encore plus que nous l’avions fait jusqu’à maintenant. »

Une semaine plus tôt à Duttlenheim, une réunion avec des représentants du groupe Vinci sur le projet d’aire de service et rassemblant 300 personnes (lire ici) avait été particulièrement houleuse et tendue.

L’apparition des engins cet automne a donné corps à un projet qui n’avait jusqu’ici, que la forme de cartes et plans. Le GCO est entré dans sa phase concrète. Son opposition aussi.


Le GCO devant le tribunal administratif

Le tribunal administratif de Strasbourg examinera demain matin à 9 h 30, en audience publique, le recours intenté par Alsace Nature contre le projet de contournement autoroutier de Strasbourg.

L’association conteste en effet la validité du contrat de concession de l’autoroute A355 signé par le gouvernement avec le groupe de BTP Vinci à travers sa filiale Arcos le 29 janvier 2016.

L’association représentée par l’avocat strasbourgeois François Zind souligne que « le projet aura d’importantes conséquences, directes et indirectes, sur l’environnement, tant en matière de qualité de l’air, d’hydraulique, de protection des zones humides et des espaces agricoles naturels et des espèces qu’en termes paysagers ».

Elle considère en outre, au vu du montage financier provisoire du projet, révélé par les DNA, que la société concessionnaire « n’est pas à même de garantir l’exécution du contrat dans l’ensemble de ses clauses ».

Enfin, Alsace nature estime que les changements apportés au projet depuis sa Déclaration d’utilité publique (DUP) « modifient les caractéristiques essentielles de l’opération ».

Des coupes inhabituelles dans cette forêt centenaire. Photo : DNA - David Geiss

Des coupes inhabituelles dans cette forêt centenaire. Photo : DNA - David Geiss

Bois et billets

22 ares de la forêt de Kolbsheim, situés sur le tracé du Grand contournement Ouest ont été précipitamment déboisés. Explications




Le chant des oiseaux de cette forêt centenaire est parasité depuis deux semaines par le bruit
nhabituel des tronçonneuses. Un phénomène plutôt rare sur ces 13 ha qui comme le rappelle le garde champêtre Claude Fix n’avaient été jusqu’à présent malmenés qu’une seule fois : « C’était en 1916, les Allemands avaient procédé à une coupe rase ». Et le parc du château voisin était à la même époque entaillé par les tranchées.

Un danger pour la biodiversité

Cette forêt morcelée aujourd’hui en de multiples propriétés privées mais plutôt livrée à elle-même en matière de gestion forestière, va devoir s’habituer au bruit et à la proximité des camions qui emprunteront la future autoroute. L’emprise du GCO impacterait 3 des 13 ha de la forêt. Soit 80 parcelles et 70 propriétaires concernés.

Mais l’heure n’est pas encore aux travaux, ni même sur ce site, aux études préalables. « En vertu d’un arrêté préfectoral du 24 janvier, les coupes ne pourront se faire qu’à partir de septembre » rappelle Jean-Luc Fournier. Et le responsable de la communication du concessionnaire Arcos d’assurer qu’à ce jour « aucun échange n’a été engagé avec les propriétaires concernés ». Ce que confirme cet habitant de Kolbsheim qui sous couvert d’anonymat et dans la perspective d’un rachat de sa portion de forêt, reconnaît avoir lui-même déjà coupé quelques-uns de ses arbres : « Je fais cela car je ne sais pas ce que je vais toucher comme indemnités ». Et avec la certitude de récupérer au moins un peu de bois de chauffage. 3 autres propriétaires auraient également procédé de la sorte au point d’attirer l’attention d’Alsace Nature qui dans un récent communiqué met ne garde contre les dangers pour la biodiversité de ces soudaines coupes à blanc.

DNA-DG (14/03/2017)

 

Suite du feuilleton                   article des DNA-Olivier Claudon (16/03/2017 )

Le GCO devant le tribunal administratif

Le rapporteur public demande le rejet de la requête d’Alsace Nature devant le tribunal administratif contre le contrat de concession de l’A355. Délibéré le 29 mars.

 

Hier matin, dans un exposé de 20 minutes, le rapporteur public a soufflé le chaud et le froid sur la requête introduite par Alsace Nature devant le tribunal administratif contre le contrat de concession de l’autoroute de contournement de Strasbourg.

L’association, rejointe dans son action par la commune de Vendenheim, avait en effet introduit un recours le 20 juillet dernier contre le contrat de concession signé par l’État et le groupe Vinci en janvier 2016 pour la construction et l’exploitation de l’autoroute A355, appelée également Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO).

L’association attaque le contrat de concession et non le décret qui le valide

Hier matin donc, dans la salle d’audience du tribunal administratif, avenue de la Paix, devant un public nombreux et attentif, dont une vingtaine de militants anti-GCO, Henri Simon a récusé les arguments du groupe Vinci et de l’État qui estimaient d’une part que l’association n’était pas fondée à agir et que d’autre part, le recours aurait dû être présenté en Conseil d’État. Sur ce point, le rapporteur a expliqué que l’association attaque le contrat de concession et non le décret qui le valide. Et que le projet d’autoroute prévu par le contrat se situe bien dans le ressort du tribunal. Il a aussi considéré que le cœur d’activité d’Alsace Nature, qui est la défense de l’environnement, lui confère « un intérêt à agir » pour introduire un recours contre ce contrat, eu égard à l’impact du projet sur le terrain.

Mais il a ensuite considéré que les éléments présentés par Alsace Nature ne sont pas fondés : ni la contestation du montage financier temporaire, ni le fait qu’un certain nombre de changements apportés au projet (viaduc de Vendenheim, aire de services, aire de stockage de poids lourds) sont considérés par l’association comme constituant des modifications substantielles du projet par rapport à la DUP. « Alsace Nature se trompe de guerre », a-t-il résumé en expliquant que les critiques sur les mesures compensatoires aux impacts du projet devront être formulées à l’encontre des arrêtés qui les stipuleront mais qui ne sont pas encore publiés. Et de finir, à l’adresse du tribunal : « En conclusion, vous pourrez rejeter cette requête. » Le tribunal rendra sa décision le 29 mars.

Maurice Wintz, le président d’Alsace Nature, a indiqué à l’issue de l’audience que dans le cas – probable – où le tribunal suit les conclusions du rapporteur, l’association fera appel. En attendant, et sur un autre front, une audience en référé-suspension est prévue le 3 avril à la suite d’un recours d’Alsace Nature toujours contre les arrêtés préfectoral et ministériel autorisant le concessionnaire à réaliser les travaux préparatoires dans les zones protégées. La guérilla juridique se poursuit.

Maurice Wintz (2e à g), vice-président d’Alsace Nature, hier devant le tribunal administratif. En cas de rejet du recours contre le contrat de concession, l’association fera appel. Photo : DNA – Michel Frison

Maurice Wintz (2e à g), vice-président d’Alsace Nature, hier devant le tribunal administratif. En cas de rejet du recours contre le contrat de concession, l’association fera appel. Photo : DNA – Michel Frison

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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