Des boucs à la rescousse des pelouses sèches

Publié le 5 Mai 2023

Pierre Goertz, l’un des techniciens du Conservatoire des sites alsaciens, et les chèvres, introduites pour défricher la colline du Jesselsberg.

Pierre Goertz, l’un des techniciens du Conservatoire des sites alsaciens, et les chèvres, introduites pour défricher la colline du Jesselsberg.

Soultz-les-Bains: des boucs à la rescousse
des pelouses sèches du Jesselsberg



Le Conservatoire des sites alsaciens pratique un pâturage caprin pour rouvrir des zones embroussaillées d’une colline calcaire dominant, sur une trentaine d’hectares, la commune de Soultz-les-Bains.

Philippe Wendling -

https://c.dna.fr/environnement/2023/04/19/des-boucs-a-la-rescousse-des-pelouses-seches-du-jesselsberg

En gravissant le Jesselsberg, Pierre Goertz ne peut s’empêcher de marquer un arrêt pour admirer une anémone pulsatile ou s’enquérir de la bonne pousse d’une enfilade d’orchidées. « On en a déjà recensé une quinzaine de variétés », s’enthousiasme-t-il avant d’évoquer d’autres particularités de cette colline calcaire surplombant Soultz-les-Bains. Depuis 1999, elle fait partie du réseau des espaces naturels du Conservatoire des sites alsaciens (CSA), dont il est l’un des techniciens. Avec des bénévoles, il s’active à y restaurer et entretenir des pelouses sèches disparues sous un embroussaillement consécutif, notamment, à l’abandon du pâturage ovin dans les années 1980. Pour ce faire, un pâturage caprin a été initié il y a une quinzaine d’années en parallèle d’opérations plus classiques de fauchage et de déboisement.

Pierre Goertz, l’un des techniciens du conservatoire des sites alsaciens.

Pierre Goertz, l’un des techniciens du conservatoire des sites alsaciens.

Reptiles, insectes et oiseaux

« Nous avons actuellement un troupeau de sept chèvres sur le site, relève Pierre Goertz. On parle de chèvres, mais il s’agit en réalité de boucs castrés du Rove. Nous avons retenu cette race rustique originaire du sud du pays parce qu’elle est particulièrement résistante. Cela nous permet de laisser les boucs vivre sur place 365 jours par an. Ils évoluaient d’abord dans un parc de 2,5 hectares auquel nous avons ajouté depuis un second enclos de la même taille. Ils ne mangent pas d’herbacés, mais s’alimentent de végétaux ligneux qu’ils n’arrachent néanmoins pas totalement comme nous le ferions en fauchant. Ils contribuent ainsi à maintenir une diversité de végétaux propices aux reptiles, aux insectes et aux oiseaux. »

Avec des bénévoles, Pierre Goertz, s’active à y restaurer et entretenir des pelouses sèches disparues sous un embroussaillement consécutif à l’abandon du pâturage ovin dans les années 1980.

Avec des bénévoles, Pierre Goertz, s’active à y restaurer et entretenir des pelouses sèches disparues sous un embroussaillement consécutif à l’abandon du pâturage ovin dans les années 1980.

Unique à l’échelle du réseau du CSA du fait de sa permanence, ce pâturage caprin a, également, pour avantage de permettre le débroussaillage de coins difficilement accessibles avec des équipements de fauche. Ce plus ne doit néanmoins pas occulter le fait que recourir à des « chèvres » est « chronophage ». Il faut veiller à ce qu’elles ne fuient pas, les soigner et leur apporter quotidiennement de l’eau. Quoi qu’il en soit, le CSA va agrandir son troupeau de cinq à six bêtes dans les prochains mois. Il n’exclut pas, non plus, d’élargir sa zone d’intervention afin de rouvrir de nouveaux secteurs de pelouses sèches. Ces dernières, dixit Pierre Goertz, « ne représentent plus que 0,001 % des milieux du piémont vosgien ».

 

« Les pelouses sèches sont le plus souvent associées aux paysages méditerranéens ou subalpins. Elles n’en sont pas moins, également, des reliques de nature spécifiques aux collines sous-vosgiennes, insiste Frédéric Deck, le président du Conservatoire des sites alsaciens. Pendant un temps, certains n’ont vu en elles que des tas de cailloux avec quelques herbes. Cela explique en partie leur réduction en nombre et en superficie. Elles constituent pourtant des écosystèmes à la richesse biologique à part et au fonctionnement propre, raisons pour lesquelles il faut les entretenir et en ouvrir de nouvelles. »

Ces pelouses occupent des sols calcaires retenant peu les précipitations. Quelque 500 variétés végétales rares s’y développent néanmoins, à l’instar d’orchidées désormais emblématiques mais aussi de laîches de Haller et de campanules agglomérées. Elles sont aussi des habitats appréciés, par exemple, par le lézard vert et jouent le rôle de stations refuges pour des espèces dérangées en plaine.

 

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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T
Merci pour cet article intéressant. <br /> De Thionville, lieu de naissance de Jean-Marie Pelt, cette vidéo.<br /> https://youtu.be/v44Y8sjGZfE
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R
Merci Toll de ton commentaire et de ce lien vers la vidéo de JM Pelt