Le Sédum âcre, Orpin âcre, Poivre de muraille, Poivre des murailles ( Sedum acre)

Publié le 28 Avril 2024

Le Sédum âcre, Orpin âcre, Poivre de muraille, Poivre des murailles ( Sedum acre)

Voici la plante grasse la plus commune de notre pays. Ces plantes grasses ont des pouvoirs spéciaux face au soleil et à la chaleur. Certains y voient une solution d’avenir face aux changements climatiques. Une raison importante pour ne pas perdre la diversité de ces espèces.
Roland

Nom scientifique : Sedum acre L., 1754
Synonyme :

Origine du nom : « sedare» vient du latin et signifie «apaiser » et « acre», « âcre.
autres noms communs : Vermiculaire, Poivre de murailles (expression reprise dans plusieurs langues)

Nom commun dialecte / allemand : scharfe Mauerpfeffer auch Scharfe Fetthenne

Noms anglais : goldmoss stonecrop, mossy stonecrop, goldmoss sedum biting stonecrop, and wallpepper

Date de l’observation: plante trouvée le 3 avril à Sarre-Union (67)

Famille de plantes : celles des Crassulacées qui regroupe 1400 espèces en 35 à 40 genres très différents les uns des autres, des arbres, des herbes.
Ce sont des plantes grasses molles (malacophytes) au contraire des Cactacées bien connues des déserts, qui sont des plantes grasses coriaces (sclérophytes).
La génétique a rebattu en 1995 la « cartographie » de cette famille pour la rendre plus cohérente en groupant les espèces selon leur généalogie et non leur aspect extérieur qui ne reflète pas toujours la proximité familiale ! Le site anglais de wikipedia sur les crassulacées retrace en partie cette histoire. Crassulacée vient du latin « crassus » épais. Les fleurs de cette famille ont les feuilles épaisses, gorgées d’eau pour résister à la sécheresse en climat chaud et froid. Les fleurs sont en grand majorité hermaphrodites, avec 4 ou 5 sépales et pétales libres ou non, 4 à 10 étamines et un ovaire au-dessus du réceptacle de la tige. Les fruits sont des follicules et quelquefois des capsules.

Métabolisme CAM
A l’inverse de la quasi-totalité des plantes, ces crassulacées ferment leurs stomates le jour. Ces micro ouvertures dans les feuilles permettent l’absorption ou le rejet des gaz de l’air. La nuit le CO2 est capté puis stocké dans la vacuole des cellules végétales sous forme de sels ou d’acides organiques comme l’acide malique. Le jour il est libéré en dégageant de l’énergie et absorbé par les organites chlorophylliens, les chloroplastes. C’est là où il se transforme en sucres et amidon grâce à l’énergie solaire et des enzymes. La fermeture des stomates pendant le jour limite l’évaporation de l’eau interne à la plante.
Ce fonctionnement global est désigné par un acronyme, métabolisme CAM (Crassulacean Acid Metabolism).
Bilan final : les plantes CAM perdent 3 à 6 fois moins d’eau que les autres. Elles peuvent fixer 10 à 40 kg de CO2 pour 1 litre d’eau contre seulement 2 à 5 pour les autres plantes au métabolisme chlorophyllien standard. C’est donc un système très frugal mais très efficace.

Catégorie : plante glabre, verte, vivace, de milieux secs

Hauteur: 5 à 15 cm

Tiges et racines: plante gazonnante à nombreux rejets stériles

Feuilles: à l’aspect, gras, charnu sont vertes et souvent teintées de rouge. Elles sont entières, en triangle ovoïde, plates sur le dessus et convexes en-dessous. Elles sont alternes et disposées en spirales, très serrées et imbriquées sur les rejets stériles. Elles sont 1 à 2 fois plus longues que larges et mesurent de 3 à 5 mm de long.

Le Sédum âcre, Orpin âcre, Poivre de muraille, Poivre des murailles ( Sedum acre) et sa répartition selon l'INPN

Floraison: mai à juillet

Fleurs: les fleurs de couleur jaune vif sont groupées au sommet des tiges.
Chaque fleur de type 5, possède 5 sépales de 2 à 3 mm, obtus soudés à la base, 5 pétales en étoile, libres, lancéolés et aigus. A l’intérieur 10 étamines (de 4 mm) entourent 5 carpelles charnus réunis à la base.

Pollinisation : grâce à des nectaires très accessibles, cette plante attire des insectes pollinisateurs, comme des mouches dont les syrphes et des hyménoptères, abeilles sauvages, guêpes. Cet orpin est capable de s’autoféconder.

Confusion : oui avec d’autres orpins. Ils se distinguent les uns des autres par les feuilles et certains détails des fleurs pas toujours faciles à voir.

Fruits : les fruits ont 5 follicules en étoile qui correspondent à chaque carpelle. Les graines ridées sont brun clair.

Habitat: c’est une plante de lumière et de terrains secs typique des rocailles, vieux murs, voies ferrées, stations arides, zones sableuses et dunes. C’est une plante à croissance lente qui ne peut entrer en compétition avec d’autres à croissance rapide. Pour cette raison elle reste cantonnée à des milieux difficiles jusqu’à 2300 m. Elle est présente au-delà de notre pays, jusqu’en Sibérie occidentale et Afrique du Nord.

Statut de protection : Cette plante est commune en Métropole et ne bénéficie d’aucune protection.

Écologie :
Elle est présente naturellement sur les vieux murs et toits. Elle est souvent plantée à présent sur les « toits verts » pour y assurer une régulation thermique. Elle est par ailleurs très résistante au froid, jusqu’à -25°C.
Ce sujet des « toits non réfléchissants », verts sera de plus en plus important les prochaines années. En 2030, donc après-demain il existera 43 mégapoles, ou villes de plus de 10 millions d’habitants, sans parler de celles de plus d’un million. Les toits représentent 20 à 25% des surfaces urbaines. La diminution des surfaces réfléchissantes sera un enjeu majeur. Le choix des plantes pour un « toit vert » dépend d’abord de la charge qu’il peut supporter :
60 à 150 kg/m2 pour une végétation de moins de 10 cm et jusqu’à 200 à 500 kg/m2 pour plus de 30 cm. Un mélange d’espèces avec cet orpin sera plus résistant à la déshydratation que juste quelques espèces.

Usage décoratif : Les jardiniers l’utilisent pour couvrir des espaces en sols pauvres. Il est facile à contenir car ses racines sont peu profondes.

Usage alimentaire
Les feuilles charnues sont quelquefois utilisées comme condiment en petites quantités. Au vu la toxicité de cette plante, le mieux est de ne pas en consommer.

Usage médicinal:
Usage traditionnel de l’Orpin âcre comme vermifuge, vomitif, antiépileptique, antiscorbutique et somnifère. Il était aussi utilisé pour réduire les coupures et d’autres affections de la peau. L’Orpin âcre est récolté pour la fabrication de baumes commerciaux dans certains pays.

Ces usages ne sont pas confirmés par wikiphyto. Une espèce voisine, le Sédum orpin, Hylotelephium telephium est considéré par Wikiphyto comme efficace contre les brûlures et plaies.

De nombreuses études sur l’Orpin âcre ont montré sa richesse en substances actives et à haut potentiel: phénols antibactériens, antioxydants, anticancéreux.

L’Orpin âcre est un toxique car il contient des alcaloïdes toxiques (2) : la sédamine, la sédine et la nicotine, substance type du tabac. Son ingestion peut provoquer des maux de ventre et son contact des plaques rouges, des allergies cutanées connues liées à la présence de nicotine.