L’Épiaire droit (Stachys recta)

Publié le 24 Janvier 2024

L’Épiaire droit  (Stachys recta)
L’Épiaire droit  (Stachys recta)
L’Épiaire droit  (Stachys recta)

L’Épiaire droit (Stachys recta)

Voici une plante typique des friches et coteaux secs. Elle est commune dans les milieux secs et calcaires, raisons pour lesquelles elle est quasi absente en Bretagne et sur une partie de l’ouest et du centre du pays
Roland


Nom scientifique : Stachys recta L., 1767

Autres noms communs 

Origine du nom : il vient du grec « stachus » , » épi de grains » et désignait déjà ces plantes autrefois et du latin  « recta », droit. Ces dénominations sont liées à son allure.

Nom commun dialecte / allemand DE : Aufrechte Ziest, Heide-Ziest oder Berg-Ziest

Nom anglais : stiff hedgenettle or perennial yellow-woundwort

Date de l’observation: le 23 juin à Dinsheim (Bas-Rhin)


Famille de plantes : les Lamiacées ou Lamiaceae . Ce sont souvent des  plantes très odorantes comme les lavandes, le Thym, le Basilic, , la Sarriette, la Sauge, les lamiers, les galeopsis.
Cette famille est homogène et comprend 6000 espèces de par le monde, réparties en 210 genres.
Caractéristiques communes : elles contiennent des huiles ou essences aromatiques dans des glandes réparties sur la surface des feuilles  ou à la base de poils glanduleux.
Les feuilles sont opposées et réunies sur un point de la tige carrée en pseudo verticilles. Il en va de même pour les fleurs.

La fleur est de symétrie bilatérale (ou zygomorphe) avec 5 pétales soudés en une corolle à deux lèvres prolongées par un tube.
Elle comporte 4 étamines et quelquefois 2 supplémentaires. L’ovaire possède 4 ovules bien symétriques qui donneront un tétrakène.

Le genre Stachys comprend 300 espèces environ. Elles sont présentes dans le monde entier sauf en Océanie.  Leurs caractères généraux sont : plantes dressées ou rampantes, quelquefois rhizomateuses ou ligneuses comme des petits arbustes. Leurs fleurs sont typiques des Lamiacées, avec des corolles en deux parties et de différentes couleurs du blanc au jaune et jusqu’au rouge foncé. La lèvre supérieure est dressée et abrite 4 étamines, dont les  2 externes sont tordues au plus tard en fin de floraison. Les fleurs sont disposées en faux verticilles à l’aisselle des feuilles sur un épi terminal et produisent des akènes. Le calice est formé de 5 sépales verts soudés à la base en cloche. Il faut s’attendre à des changements de noms  de certains Stachys car toutes les plantes dénommées Stachys ne sont pas issues d’une souche unique (monophylétiques).

Catégorie: plante vivace, pubescente et  aromatique

Hauteur: 20 à 60 cm

Tiges et racines: les tiges sont hérissées de poils,  anguleuses , ligneuse à la base, simples ou rameuses,  et  fixées sur des rhizomes longs et profonds , jusqu’à  2 m..

Feuilles : elles sont grossièrement dentées sur les bords pour les feuilles inférieures et  lisses vers le haut. Elles sont opposées, pubescentes et vertes sur les deux côtés. Les feuilles de base sont sessiles ou courtement pétiolées. De forme lancéolée à base cunéiforme, elles mesurent 3 à 5 cm de long pour 0.5 à 2 cm de large.

Fleurs et tétrakène, et répartition nationale selon INPN de l’Épiaire droit  (Stachys recta)
Fleurs et tétrakène, et répartition nationale selon INPN de l’Épiaire droit  (Stachys recta)

Fleurs et tétrakène, et répartition nationale selon INPN de l’Épiaire droit (Stachys recta)

 
Fleurs: fleurs blanc à jaune-clair. Les fleurs sont, groupées par 6 à 10 fleurs sur 2 à 5 anneaux (ou verticilles). Ils sont de plus en plus rapprochés vers le haut et ont une allure d’épi conforme à l’origine du nom.
La fleur de 8 à 15 mm possède deux lèvres. La lèvre  supérieure recouvre les 4  étamines courbées vers l’extérieur avec des sacs polliniques étalés. L’ovaire se prolonge par un long style
La lèvre inférieure est divisée en 3 lobes. Elle présente des taches et des stries de couleur rouge vif. Les pétales sont soudés à la base et forment un tube droit. La fleur est entourée à sa base d’un calice. Les 5 sépales sont en forme de dents triangulaires glabres au sommet et sont soudés en tube à la base.

Pollinisation : La plante produit un nectar abondant à la base de la corolle. Elle attire des insectes hyménoptères : abeilles, bourdons
Les étamines sont matures avant le pistil partie femelle de la plante. Les maturations des deux sexes ne se chevauchent pas. Même dans ces conditions cette plante peut s’autopolliniser par exception.

Confusion : l’Épiaire droit est une plante d’aspect changeant, polymorphe. En plus, les spécialistes distinguent des sous-espèces. Elle peut se confondre avec d’autres labiées de même couleur comme les épiaires (genre Stachys) et les crapaudines (genre Sideritis)

Fruits : les fruits sont des akènes lisses ou légèrement ponctués de 2 mm. Ils sont réunis par 4 (tétrakène) dans le fond du calice. Les akènes restent protégés par le calice. Ils seront dispersés par les animaux, les oiseaux, le vent et la pluie

Habitat: l’Épiaire droit est une espèce typique des espaces secs, semi arides et calcaires. Il est présent jusqu’à 2100 m et dans notre région sur les pelouses sèches des collines calcaires, rocailles, forêts claires du sud du département. Il est très présent dans les côtes de Meuse, sur les terrains calcaires de la moitié sud du pays. La Bretagne et certains départements du Centre sont des terrains résultants du volcanisme. Ils sont sans calcaire et notre Épiaire y est absent.  Sa répartition hors France va jusqu’en Asie Mineure.

Selon le terrain l’Épiaire droit produit plus ou moins de composants terpéniques ce qui traduit une adaptation de cette plante à certains sols. La production de terpènes est maximale sur sols calcaires. Elle est nulle sur des sols riches en métaux, des sols,  dits ultramafiques.

Protection : plante assez commune dans notre pays, moins dans le pourtour méditerranéen. Elle est protégée  en région Basse-Normandie et Limousin.
Elle est classée Znieff dans les Hauts-de-France.

Utilisation alimentaire :
Utilisation comme infusion dans différents pays méditerranéens.

Utilisation médicinale et toxicité :

Cet épiaire   était utilisé autrefois comme plante curative et magique. Il servait à guérir les coupures et coups de couteaux été étaient portées secrètement dans des amulettes par les gladiateurs de l’Empire romain. Des peuplades des pays de l’Est baignaient les enfants dans des infusions de cette plante pour les protéger de maladies.
En Italie il était utilisé comme plante dépurative, analgésique et anxiolytique. Aucune étude sérieuse ne prouve à ce jour ces propriétés.


Wikiphyto ne cite pas cette plante mais plusieurs autres stachys dont Stachys sylvatica

Des recherches (2) ont permis d’identifier dans cet Épiaire droit des molécules actives comme des acides cafféolquiniques, des glycosides et des flavonoïdes.
La richesse des constituants et les usages traditionnels de l’ensemble du genre Stachys a fait l’objet d’une revue (1) très récente en 2022 . Elle confirme la richesse en composants réactifs de ces plantes mais ne donne aucune certitude scientifique sur leurs propriétés médicinales.

 

Texte et photos Roland Gissinger (Anab)


Sources bibliographiques voir index biodiversité

1/ Genus Stachys: A Review of Traditional Uses, Phytochemistry and Bioactivity  Tomou 2020
2/Analysis of the constituents of aqueous preparations of Stachys recta by HPLC-DAD and HPLC-ESI-M Karioti 2010
3/Survival in different habitats: Extreme ultramafic and calcareous soils affect Stachys recta essential oils composition Ascrizzi 20184/Micromorphological and chemical characterisation of Stachys recta L. subsp. serpentini (Fiori) Arrigoni in comparison to Stachys recta L. subsp. recta (Lamiaceae) -Giulani 2007

Liste des lamiacées déjà traitées sur ce blog:

 

Nom taxon français

Nom scientifique

Brunelle commune, Herbe au charpentier

Prunella vulgaris

Bugle rampante, Consyre moyenne

Ajuga reptans

Épiaire des bois, Ortie à crapauds

Stachys sylvatica

Épiaire droit  

Stachys recta

Épiaire des marais, Ortie bourbière

Stachys palustris

Galéopsis tétrahit, Ortie royale, Galeopsis orné

Galeopsis tetrahit

La Sauge des bois, Germandrée,  Germandrée Scorodoine

Teucrium scorodonia

Lamier argenté, Lamier jaune à feuilles argentées

Lamium galeobdolon subsp. Argentatum

Lamier blanc, Ortie blanche, Ortie morte

Lamium album

Lamier jaune, Lamier Galéobdolon

Lamium galeobdolon

Lamier maculé, Lamier à feuilles panachées

Lamium maculatum

Lamier pourpre, Ortie rouge

Lamium purpureum

Lierre terrestre, Gléchome Lierre terrestre

Glechoma hederacea

Lycope d'Europe, Chanvre d'eau

Lycopus europaeus

Menthe aquatique, Baume d'eau, Baume de rivière, Bonhomme de rivière, Menthe rouge, Riolet, Menthe à grenouille

Mentha aquatica

Origan commun

Origanum vulgare

Sariette commune, Grand Basilic, Calament clinopode

Clinopodium vulgare

Sauge des prés, Sauge commune

Salvia pratensis

Scutellaire à casque, Scutellaire casquée, Grande toque

Scutellaria galericulata
 

Sauge des bois, Germandrée,  Germandrée Scorodoine

Teucrium scorodonia

Thym faux pouillot

Thymus pulegioides


 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs jaunes, #Biodiversité de notre région

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
D'accord ave Toll, c'est le moment de réviser avant de pouvoir à nouveau se promener en curieux dans la nature.
Répondre
A
Bonne révision à toi aussi Bern@rd<br /> Roland
T
Belle plante et belles photos. Merci pour cet article instructif, La liste récapitulative est toujours très utile pour une révision rapide.
Répondre
A
Merci Toll et bonne révision<br /> Roland