Ramsès, Fantôme, Esteban et tous les autres lamas d’Alsace

Publié le 23 Janvier 2024

paru sur l'alsace le 10 déc 2023

Il a été la star du 3 décembre dernier : Ramsès, le lama perdu sur les routes alsaciennes. Sur les réseaux sociaux, l’animal quelque peu « exotique » aux yeux de nombreuses personnes a suscité l’intérêt, la curiosité et la surprise. Pourtant, Ramsès est loin d’être le seul lama recensé en Alsace.

Il y a une semaine fuguait Ramsès, lama blanc de la vallée de la Weiss. En milieu d’après-midi, samedi 2 décembre, il a été aperçu sur la D416 enneigée, entre Sainte-Marie-aux-Mines et Ribeauvillé. En quelques heures, la publication de Info Trafic Haut-Rhin sur les réseaux sociaux a suscité des milliers de réactions : 1 100 commentaires, 2 400 partages, 2 800 émoticônes ébahis ou morts de rire…

Entre les dizaines de commentaires hilares (« Oh, un lama des neiges », « Pendant ce temps, en Alsace, il y a des lamas de Noël sur la route », « On vit vraiment dans une vallée unique », « Les cols sont pourtant interdits aux lamas », « Il s’est échappé du marché de Noël, trop de monde », etc.) et ceux admiratifs (« Qu’il est beau », « Il est magnifique », « Comme il est joli »), plusieurs autres se demandaient s’il ne s’agissait pas du lama d’un proche ou d’une connaissance. Jusqu’à Ferrette, dans le Sundgau… Un instant, Rhéa Guldenschuh s’est demandé s’il ne s’agissait pas de Fantôme, d’Esteban, de Maryline, d’Isaac ou de l’un de ses autres petits camélidés… À 34 ans, elle est à la tête d’un cheptel d’une quarantaine de lamas. Pourquoi donc tant d’Alsaciens ont-ils un lama chez eux ? Qu’en font-ils ? Où se fournissent-ils ?

Née dans les lamas

Bongo, c’était le nom du premier lama de Rhéa. Elle l’a eu quand elle avait 7 ans. « Ça a été mon premier animal de compagnie et mon meilleur ami », dit-elle. Comme le serait un chien pour le commun des mortels. C’est que son père, Ronald Guldenschuh, installé à Kiffis, a été l’un des premiers particuliers à importer des lamas en France, au début des années 1990. « Il cherchait un animal rustique pour entretenir des terrains. Il en a essayé plusieurs : des yacks, des vaches écossaises, des chèvres, avant de tomber un jour sur un lama et d’aller en chercher au Chili, puis de monter un élevage… », raconte Rhéa.

Une « très bonne tondeuse/débroussailleuse », mais pas que !

Herbe, mais aussi orties et ronces… Le lama est une « très bonne tondeuse/débroussailleuse qui mange tout », explique Rhéa. Raison pour laquelle certains particuliers en achètent dans des élevages. Comme tous les camélidés, les lamas, plus proches parents des chameaux, ne sont pas dotés de sabots, mais ils possèdent deux ongles et un coussinet plantaire qui a l’avantage d’atténuer la pression de l’animal sur le sol et ainsi de moins l’abîmer.

Rhéa, elle, s’en sert comme animal de bât – le bât désignant le dispositif placé sur le dos de l’animal pour le transport de charges. À la tête de l’entreprise Les lamas de la colline bleue depuis 2021, elle propose des randonnées avec ses lamas dans les environs de Ferrette.

D’autres, mais ce n’est pas encore le cas de Rhéa (« J’y songe », dit-elle), valorisent la laine de l’animal, tondu une fois par an, avant l’été.

Curieux et zen à la fois, mais n’appréciant pas d’être caressé (« C’est plus un animal à regarder qu’à toucher », indique Rhéa), le lama est aussi « parfait pour faire de la médiation animale avec des personnes en situation de handicap », notamment les personnes autistes.

Et dans l’assiette ?

Sur internet, on trouve bien quelques recettes à base de viande de lama – filet de lama à la bolivienne, brochette de lama au fromage fondu… –, mais le lama, « ça ne se mange pas », s’étrangle Rhéa. « Il est déclaré comme animal de compagnie en France et donc interdit à la consommation. »

« Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi » ?

La scène du crachat de lama sur le capitaine Haddock , dessinée par Hergé dans Le Temple du soleil , colle à la toison des petits camélidés depuis 1949 et la première publication du quatorzième album de Tintin. Alors, ça crache vraiment, un lama ? Oui, mais non, en tout cas pas sur les humains, soutient Rhéa. « Ils ne crachent que pour se défendre ou pour communiquer entre eux et exprimer la hiérarchie au sein du troupeau. » « Il faut savoir que ce n’est pas de la salive qu’ils expulsent, mais ce que contient leur premier estomac [le lama est un ruminant, NDLR]. C’est donc comme s’ils vomissaient, ce n’est pas agréable pour eux. » Un lama averti en vaut deux.

En vidéo sur le site www.lalsace.fr , une balade sur les hauteurs de Ferrette, avec Fantôme et Esteban, deux lamas mâles de Rhéa Guldenschuh.

Des alpagas de Strueth. Archives Vivian Millet

L’alpaga, son cousin d’Amérique du Sud

En Alsace, outre des lamas, on compte aussi nombre d’alpagas, son cousin d’Amérique du Sud, également domestique : cinq à Roderen et plusieurs dizaines à Strueth , entre autres. Les deux sont souvent confondus, et pour cause, ils appartiennent à la même famille, celle des camélidés. Et depuis des millénaires, ils ont été domestiqués par l’homme pour leur laine et, concernant le lama, également pour travailler avec l’homme. Mais… ils n’ont pas les mêmes oreilles : droites et courtes pour l’alpaga, courbées vers l’avant pour le lama. L’alpaga est également plus petit que le lama, entre 10 et 35 cm de moins. Enfin, l’alpaga est recouvert de laine de la tête aux pattes, quand le lama en a surtout sur le dos. Point commun : leur laine est dépourvue de lanoline – la graisse présente sur la laine des moutons –, ce qui en fait une matière première naturellement hypoallergénique.

Animaux - Le lama en chiffres

➤ 1,10 m : sa taille moyenne au garrot.

➤ 11 mois : la durée de gestation. La femelle donne naissance à un cria (nom du jeune lama).

➤ 20 ans : son espérance de vie.

➤ 30 kilos : le poids que cet animal de bât peut porter. Il ne peut d’ailleurs pas être monté.

➤ 150 kilos : son poids moyen à l’âge adulte.