Veau d'un élevage bio Lisel Alsace Bossue

Veau d'un élevage bio Lisel Alsace Bossue

Le lait bio, nouvelle mamelle du Sundgau
/Jean-François-Ott parau dans les DNA le 17/11/2017

Pâturages et lait bio seront-ils les nouvelles mamelles du Sundgau ? Après la levée de blocages sur la filière, le nombre de conversions au bio y grimpe en flèche.

Avec 20 % de croissance en France l’an dernier et une progression soutenue en ce moment, la filière bio a le vent en poupe. En Alsace, une cinquantaine d’exploitations bio se créent bon an mal an et la surface cultivée en agriculture biologique a atteint 6,7 % de la surface agricole utile en janvier dernier (22 660 ha, 656 fermes).

Une filière dopée par la recherche de débouchés

La filière lait bio n’échappe pas au mouvement, avec un total de 96 fermes laitières en Alsace qui pèsent 10 % du cheptel laitier alsacien et produisent 22,8 millions de litres de lait bio (principalement collectés par Lactalis). Les produits laitiers comptent même parmi les produits bio les plus consommés en France.

Certains territoires traditionnellement tournés vers l’élevage, comme l’Alsace Bossue, ont très tôt enclenché un mouvement de conversion au bio. « Aujourd’hui nous sommes 32 exploitants, mais on produit du lait bio depuis plus de 25 ans, confirme Véronique Klein, agricultrice bio à Ottwiller et vice-présidente de la Chambre d’Agriculture d’Alsace. Mais la progression phénoménale de ces dernières années, c’est du jamais vu. En 2019, nous dépasserons le milliard de litres de lait bio produit en France ! »

Autre terroir d’élevage, le Sundgau n’a pas nourri la même évolution que l’Alsace Bossue. « L’existence de débouchés est essentielle pour favoriser la conversion d’élevages laitiers, rappelle Julien Scharsch, président de l’OPABA (Organisation professionnelle de l’agriculture biologique en Alsace). En 2011, la collecte de lait bio s’était interrompue dans le Sundgau. Nous avions alors lancé une étude de faisabilité pour valoriser la filière et renforcer l’accompagnement des agriculteurs. À la suite de ce projet, le GIE Biolait a mis en place en 2015 une collecte de lait bio dans le Sud-Alsace. »

Cette collecte a été un véritable déclencheur, selon Véronique Klein. « Ça bouge : on est passé de deux ou trois éleveurs à une quinzaine en l’espace de trois ans. En 2015, le Sud-Alsace produisait 700 000 litres de lait bio, en 2017 ce chiffre passera à 2,2 millions de litres, puis 4,5 en 2019. »

Un coup de main face à la dégradation de la ressource en eau

Quant au groupement de producteurs Biolait, qui assure la collecte du lait bio dans toute la France, il fait état d’une progression du volume collecté de 40 % entre 2017 et 2018. « Nous n’avons pas de problème de demande, au contraire, nous étions longtemps en pénurie », témoigne Séverine Gabriac, administratrice de Biolait.

Pour l’Opaba, le développement de la filière lait bio, et donc des pâturages, est tout bénéfice pour le Sundgau, entre autres. « Ce territoire rencontre des problèmes de dégradation des captages d’eau potable par les pesticides agricoles. Or l’Europe exige un bon état des masses d’eau dans le Sundgau pour 2027, c’est demain. L’agriculture biologique étant reconnue comme une alternative pérenne pour protéger les ressources en eau, nous nous employons donc à prioriser le développement de l’agriculture biologique sur ces territoires », annonce Julien Schasch.

A noter une ombre au tableau, pour l’instant, la suppression progressive des aides à la conversion. Face à des agricultures bio largement soutenues outre-Rhin ou en Belgique, l’Opaba craint que cette suppression ne tasse la progression du bio et ne dope les produits étrangers, soutenus, donc plus concurrentiels.