La Scutellaire à casque, Scutellaire casquée, Grande toque (Scutellaria galericulata)

Publié le 5 Novembre 2023

La Scutellaire à casque, Scutellaire casquée, Grande toque (Scutellaria galericulata)

Répartion selon INPN de La Scutellaire à casque, Scutellaire casquée, Grande toque (Scutellaria galericulata)

Voici une plante discrète que vous pouvez trouver sur les berges des étangs et rivières. Elle est à admirer de près avec son allure étalée et ses fleurs violettes. Roland

Nom scientifique : Scutellaria galericulata L., 1753

Autres noms communs Tiercianaise, Lysimaque bleue

Origine du nom : il vient du latin « scutellum» » le bouclier en raison de la présence d’une lame relevée sur le calice à la manière d’un bouclier. Son nom d’espèce « galericulatus» vient du latin et signifie « casque » soit du fait de la forme de son bouclier ou alors de l'aspect arrondi de la partie supérieure de la corolle.

Nom commun dialecte / allemand DE : Ternianaire, Hlemkraut, Fiberkraut DE: Sumpf-Helmkraut, auch Gewöhnliches Helmkraut oder Kappenhelmkraut

Nom anglais : common skullcap, marsh skullcap or hooded skullcap,

Date de l’observation: le 17 septembre à Keskastel (Bas-Rhin)

Famille de plantes : les Lamiacées. Ce sont souvent des plantes très odorantes comme les lavandes, le Thym, le Basilic, , la Sarriette, la Sauge, les lamiers, les galeopsis.
Cette famille est homogène et comprend 6000 espèces de par le monde, réparties en 210 genres.
Caractéristiques communes : elles contiennent des huiles ou essences aromatiques dans des glandes réparties sur la surface des feuilles ou à la base de poils glanduleux.
Les feuilles sont opposées et réunies sur un point de la tige carrée en pseudo verticilles. Il en va de même pour les fleurs.

La fleur est de symétrie bilatérale (ou zygomorphe) avec 5 pétales soudés en une corolle à deux lèvres prolongées par un tube.
Elle comporte 4 étamines et quelquefois 2 supplémentaires. L’ovaire possède 4 ovules bien symétriques qui donneront un tétrakène.

Le genre Scutellaria, les scutellaires comprend , 360 à 460 espèces. Elles sont présentes dans le monde entier. Leurs caractères généraux sont : plantes de taille modeste, 5 cm à 100 cm, dressées, quelquefois rhizomateuses ou ligneuses comme des arbustes. Leurs fleurs sont typiques des lamiaceae, avec des corolles en deux parties et de différentes couleurs du blanc au jaune, rouge, bleu. Elles n’ont pas d’odeur comme de nombreuses autres lamiacées.
La lèvre supérieure est dressée plus ou moins comprimée et abrite 4 étamines, dont 2 plus grandes. Le calice présente une excroissance, en forme de corne ou bouclier bosse. Les fleurs sont groupées par paires sur un épi terminal et produisent des akènes.

Catégorie: plante vivace, pubescente

Hauteur: 15 à 50 cm

Tiges et racines: les tiges multiples sont couchées, étalées et quadrangulaires légèrement ailées et fixées sur des rhizomes épais, ramifiés qui plongent dans les vases.

Feuilles : elles sont grossièrement dentées, opposées, pubescentes et courtement pétiolées. De forme oblongues, lancéolées, elles sont tronquées à la base et mesurent 2 à 7 cm de long . Les nervures sont en relief sur le dessous des feuilles.

Floraison: de juin à octobre

Fleurs: fleurs de couleur bleu-violacé à rose. Les fleurs sont géminées, groupées par 2 à l’aisselle des feuilles supérieures jusqu’au sommet. Les bractées, ces petites feuilles plus ou moins modifiées à la base des fleurs, sont très petites. L’ensemble forme un long épi terminal unilatéral, les fleurs sont d’un seul côté.
La corolle de 10 à 20 mm possède deux lèvres. La lèvre supérieure est en forme de casque et recouvre les 4 étamines, 2 longues et 2 courtes.
La lèvre inférieure n’est pas divisée et présente une tache blanche et des stries de couleur. Les pétales sont soudés à la base et forment un tube droit de 9 mm, sans anneau de poils. L’ovaire se prolonge par un long style. La fleur est entourée à sa base d’un calice faiblement velu et glanduleux. Les 5 sépales sont soudés en un tube externe au tube de la corolle de 3 à 4 mm en 2 parties. Point très remarquable, la moitié supérieure présente un petit disque plat et creux, le petit bouclier caractéristique du genre Scutellaria.

Pollinisation : La plante produit du nectar à la base de la corolle. Elle attire des insectes hyménoptères : abeilles, bourdons. Seuls les abeilles pollinisent la fleur, les bourdons percent la corolle pour pomper ou plutôt voler le nectar sans rendre le service de pollinisation.
Cette plante est capable de s’autopolliniser.

Confusion : se distingue assez facilement des autres labiées par sa couleur et son habitat.
Sa cousine la Scutellaire mineure, que je n’ai pas encore vue, pousse dans les zones humides des montagnes, Vosges comprises.
Dans les Alpes pousse la Scutellaire des Alpes, violette et blanche aux grandes fleurs. (voir photos)

Fruits : les fruits sont des akènes verruqueux. Ils sont réunis par 4 (tétrakène) dans le fond du calice. Les akènes restent protégés par le calice. Ils seront dispersés par les animaux, les oiseaux et la pluie et peuvent rester viables un an.
La propagation de la scutellaire se fait aussi par les stolons souterrains. Elle installe ainsi de petites colonies.

Habitat: la Scutellaire à casque, est une espèce typique des bords des eaux : étangs, rivières, roselières, marais, fossés, aulnaies. Elle préfère les milieux plutôt non acides et pauvres en calcaire. Elle est présente jusqu’à 1200 m.

Protection : plante assez commune dans notre pays, moins dans le pourtour méditerranéen et en Corse où elle est protégée.

Utilisation alimentaire :
Pas d’usage trouvé.

Utilisation médicinale et toxicité :
Cette scutellaire était utilisée autrefois comme diurétique et anxiolytique léger sous forme de tisane, feuilles séchées à fumer, et en combinaison avec d’autres plantes. Elle servait aussi de fébrifuge et de vermifuge.
Son nom « Tiercianaise» signifie qu’elle était utilisée pour lutter contre une forme de paludisme dénommée la fièvre tierce ou fièvre des marais

Wikiphyto cite cette plante et indique qu’elle contient des diterpènes comme la jodrelline ( ?) et très spécifiques des scutégallines, terpènes baptisés du nom de cette plante ainsi que des phénols et des glucosides comme la Baicaline, un myorelaxant et de la scutellarine.
Le genre Scutellaria a contribué à faire découvrir plus de 300 composés bioactifs (1). Tous ne sont pas synthétisés par notre Scutellaire à casque mais cela donne une idée de la richesse potentille de ce genre.

Propriétés de la plante
 Anti-allergique : asthme bronchique, rhume des foins, rhinite allergiques

 Anti-oxydant, anti-radicalaire (phényléthanoïdes)

 Insecticide
 Mononucléose infectieuse

Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.

Une revue récente (1 de 2022) a été faite des différents composants naturels du genre Scutellaria par Shah. Il récapitule les effets potentiels et conclut.
« Il existe un potentiel avec des effets sur le système nerveux, une protection du foie, des effets antitumoraux, des effets sur le système immunitaire, des effets antibactériens et antiviraux et des propriétés antioxydantes. Ces propriétés thérapeutiques impliquent que le genre Scutellaria possède un large éventail d’applications dans le traitement du diabète, de la dépression et, surtout, du cancer. En raison de la présence de triterpénoïdes et de flavonoïdes, la plante sélectionnée pourrait être utilisée comme agent antibactérien, analgésique, anti-inflammatoire et antioxydant, selon nos résultats. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier les produits chimiques responsables des effets biologiques et pharmacologiques observés. ».
D’autres chercheurs (2) recherchent aussi les scutellaires les plus riches en flavonoïdes antioxydants. »

Texte et photos Roland Gissinger (Anab)

Sources bibliographiques voir index biodiversité

1/ Phytochemical Profiling and Bio-Potentiality of Genus Scutellaria: Biomedical Approach -Shah 2022.
2/ Chemical variability of common skullcap (Scutellaria galericulata L.) wild growing in the area of eastern Poland – Kosakowska -2016

Scutellaire des Alpes-* Scutellaria alpina - (Molines en Champsaur-Hautes Alpes)

Scutellaire des Alpes-* Scutellaria alpina - (Molines en Champsaur-Hautes Alpes)

Liste des lamiacées déjà traitées sur ce blog:

Nom taxon français	*Nom scientifique*
Brunelle commune, Herbe au charpentier	Prunella vulgaris
Bugle rampante, Consyre moyenne	Ajuga reptans
Épiaire des bois, Ortie à crapauds	Stachys sylvatica
Épiaire des marais, Ortie bourbière	Stachys palustris
Galéopsis tétrahit, Ortie royale, Galeopsis orné	Galeopsis tetrahit
La Sauge des bois, Germandrée, Germandrée Scorodoine	Teucrium scorodonia
Lamier argenté, Lamier jaune à feuilles argentées	Lamium galeobdolon subsp. Argentatum
Lamier blanc, Ortie blanche, Ortie morte	Lamium album
Lamier jaune, Lamier Galéobdolon	Lamium galeobdolon
Lamier maculé, Lamier à feuilles panachées	Lamium maculatum
Lamier pourpre, Ortie rouge	Lamium purpureum
Lierre terrestre, Gléchome Lierre terrestre	Glechoma hederacea
Lycope d'Europe, Chanvre d'eau	Lycopus europaeus
Menthe aquatique, Baume d'eau, Baume de rivière, Bonhomme de rivière, Menthe rouge, Riolet, Menthe à grenouille	Mentha aquatica
Origan commun	Origanum vulgare
Sariette commune, Grand Basilic, Calament clinopode	Clinopodium vulgare
Sauge des prés, Sauge commune	Salvia pratensis
Scutellaire à casque, Scutellaire casquée, Grande toque	Scutellaria galericulata
Sauge des bois, Germandrée, Germandrée Scorodoine	Teucrium scorodonia
Thym faux pouillot	Thymus pulegioides