Découverte géologique d'une petite merveille : le Altschlossfelsen - article 2/2
Publié le 3 Avril 2018
Une érosion accélérée par le froid
Nous abordons la deuxième tranche de l'histoire qui a laissé des traces dans ce secteur. L'érosion de la couverture sédimentaire qui a opéré pendant l'ère tertiaire en décapant les couches au niveau des reliefs, va prendre un tour nouveau au cours des glaciations quaternaires. L'absence de végétation, l'abondance des précipitations pluvieuses et neigeuses, le gel/dégel vont favoriser le creusement des vallées et le dégagement des lignes de crêtes. Le processus sera guidé par l'existence d'une intense fracturation dont témoignent les directions des reliefs actuels. Ce sont des failles qui décalent des compartiments kilométriques mais aussi tout un réseau de fissures ou diaclases au sein de la roche.
La paroi est fissurée.
Les fractures constituent des zones de fragilité par lesquelles l'érosion progresse soit en procédant au grain par grain, produisant des indentations (formes de dents ou de créneaux) dans les lits peu cimentés et l'accumulation de sable au pied de la paroi, soit en détachant des fragments de grès (blocs).
Le grès conglomératique est mieux cimenté et se montre moins fissuré dans le détail. Il résiste mieux et apparaît souvent en surplomb ménageant de vastes abris sous roche. S'il protège partiellement la couche inférieure, tôt ou tard, des effondrements de blocs provoquent son recul. Dans certains secteurs, le dégagement entier de compartiments entre deux fissures aboutit à la formation de ces tours caractéristiques du lieu
Ce document (photo de la zone de toundra en Alaska) illustre les effets de l'érosion périglaciaire. Des vallées entaillent profondément le relief, les eaux entrainent les produits d'érosion qui forment un vaste cône d'alluvions (Ces cônes d'alluvions existent sous forme de terrasses dans la plaine du Rhin, au débouché des vallées vosgiennes). A la jonction de deux entailles, subsiste une ligne de crête pouvant prendre l'aspect d'une lame étroite. Ce sont ces reliefs résiduels qui font le charme des crêtes des Vosges du Nord. A long terme, ce relief d'interfluve (relief entre deux vallées ou thalwegs) est destiné à disparaitre, mais entre-temps, l'érosion aura progressé vers le fond du domaine.
D'autres marques et figures se retrouvent à la surface des parois de grès: ce sont les boules et les alvéoles. Ces structures sont commentées sur le site « Géologie de la Lorraine »
http://www4.ac-nancy-metz.fr/base-geol/fiche.php?dossier=234
Texte et photos Etienne Feuchter (Anab)