Succès du Collectif Renard : la préfecture de l'Aube ne renouvelle pas l'autorisation des tirs de nuits

Publié le 21 Avril 2018

Succès du Collectif Renard : la préfecture de l'Aube ne renouvelle pas l'autorisation des tirs de nuits

Les avis défavorables ont pesé dans la décision du préfet. Voyez le détail des arguments retenus.


PREFET DE L'AUBE
Direction Départementale des Territoires Service Eau et Biodiversité 


Projet d’arrêté portant autorisation de destruction à tir et de nuit des renards  par les lieutenants de louveterie en 2018

 
SYNTHESE DES OBSERVATIONS DU PUBLIC établie au titre de l’article L 120-1 du code de l’environnement dans le cadre de la mise en œuvre du principe de participation du public défini à l’article 7 de la charte de l’environnement

 
1 –  RESULTATS DE LA CONSULTATION DU PUBLIC 1-1  Déroulement de la procédure Date de publication de la note de présentation et du projet d’arrêté préfectoral : 11 janvier 2018 Durée minimale de la consultation : 21 jours Date limite de remise des avis : 31 janvier 2018 1-2 -  Bilan de la consultation 1 avis a été reçu par courrier et 351 avis ont été reçus par messagerie électronique dont 9 hors délais. Les 343 avis reçus dans les délais se répartissent en 11 avis favorables dont 10 argumentés, et 332 avis défavorables dont 216 argumentés. 


2 –  ARGUMENTS DES AVIS FAVORABLES - Le renard a un impact par prédation sur la faune sauvage et sur des animaux domestiques. Son impact sur le petit gibier a notamment été signalé au niveau du Groupement d’Intérêt Cynégétique de la plaine de Troyes, 
-
 L
e renard n’a plus de prédateurs dans le département de l’Aube, - Le renard roux peut véhiculer certaines maladies comme la gale sarcoptique et l’échinococcose alvéolaire, maladies transmissibles à l'homme, - Les risques de collisions sur les routes sont non négligeables,
 - Le renard est l’un des plus importants prédateurs du chat sauvage qui est une espèce inscrite à l’annexe II de la convention de Berne, 
- Le renard ne peut pas être considéré comme le principal prédateur des micromammifères, il est un auxiliaire agricole secondaire (la buse, la belette et l'hermine restent les principaux prédateurs), 
- Il n’y a pas de risque d'erreurs de tirs ni de confusion entre espèces avec le tir de nuit, qui permet une régulation du renard sans dérangement de la faune non visée,
 - Le nombre limité de lieutenants de louveterie dans le département et leur grand professionnalisme sont des garanties à la bonne conduite de ces actions,
 
1 / 2 - Le financement des tirs n’impacte pas le budget de l’État (prise en charge par les louvetiers),


 3 –  ARGUMENTS DES AVIS DEFAVORABLES - L’arrêté pris dans l’Aube en 2017 fait l’objet d’un recours contentieux au tribunal administratif, à défaut de confirmation de la légalité de cet arrêté, les autorisations de destruction ne devraient pas être renouvelées, 
- Le 10 janvier 2018, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé illégal un arrêté autorisant le tir de nuit des renards en Moselle en 2016, 
- L’utilité du renard est reconnue via ses fonctions de prédation sur les micromammifères. De nombreuses publications préconisent de favoriser les prédateurs pour lutter efficacement contre les campagnols. L’utilisation  d'un  rodenticide puissant (bromadiolone) pour la destruction des campagnols entraîne des dommages collatéraux qui ne peuvent plus être ignorés.
 - E n plus d’être responsables de dégâts sur certaines exploitations agricoles, les rongeurs sont des réservoirs pour différentes bactéries du genre Borrelia, responsable de la maladie de Lyme (Hovmark et al. 1988 ; De Boer et al. 1993 ; Euzéby et Euzéby 2000) , de certains parasites responsables de l’Échinococcose alvéolaire  (Losson 2000 ; Moutou et Artois 2001 ; Losson et Hanosset 2004 ; Boué et al. 2010) , ou encore d'autres maladies directement transmissibles à l'homme comme la Fièvre Hémorragique à Syndrome Rénal  (Delattre et al. 1998 ; Moutou & Artois 2001) .  Deux études récentes ( Levi et al 2012 ; Hofmeester et al 2017 ) révèlent des "effets en cascade" qui peuvent se manifester lors de la diminution de la pression de prédation sur des rongeurs qui s’avèrent être des réservoirs reconnus du pathogène responsable de la maladie de Lyme, 
- Concernant l’échinococcose alvéolaire, plusieurs publications alertent sur les effets contre- productifs d'une trop forte régulation et les dangers potentiels pour la santé humaine induits (CSRPN Grand Est 2016 ;  Comte et al 2014 ; Comte et al 2017 ). Par ailleurs, l’étude menée sur Nancy ( Comte et al ) précise que les tirs de nuits sont inefficaces pour réduire la population vulpine. L'OMS et le Ministère de l’Écologie ( Guide pratique du classement des espèces en tant que « nuisible » 2014)  déconseillent également l'abattage des renards pour lutter contre ce parasite,

 - La gale contribue à réguler naturellement les populations vulpines et selon le réseau SAGIR : « Le parasite n'infeste pas l'homme mais il peut y avoir une réaction allergique (qui régresse rapidement) lors d'un contact avec un animal très infesté . » Il n'y a donc pas de risque sanitaire pour l'homme par rapport à cette maladie, et ce motif ne peut donc pas être invoqué pour justifier des modalités supplémentaires de destruction des renards roux, 
- Les tirs de nuit ne sont pas nécessaires pour suivre l'évolution de l'échinococcose. Au Luxembourg ce suivi se fait uniquement à partir de renards victimes de collisions routières,
 - Une baisse de l'activité de piégeage n'est pas forcement de nature à faire augmenter les populations de renards, - L'espèce s'autorégule en fonction de la disponibilité alimentaire. Dans une étude réalisée dans l’ouest de l’Allemagne, les auteurs ont analysé l’impact de la prédation du renard sur le lapin de garenne, la perdrix grise et le lièvre d’Europe en travaillant sur des données acquises durant 41 ans (Knauer et al ., 2010). Les auteurs concluent que l’amélioration des habitats serait bien plus efficace que la régulation des populations de renards pour restaurer les populations de lièvres, lapins et perdrix, 
- La note de présentation ne s’appuie sur aucune étude, aucun chiffre relatif à l’évaluation des densités d’espèces (renard, lièvre, perdrix, faisan,...) n’est fourni pour le département de l’Aube 
 

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale

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R
Merci Philos.<br /> <br /> Il semble que d'autres départements vont prendre la même décision
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P
Ah, comme je suis content de cette décision, je n'ai pas été au courant de la consultation publique, mais bon c'est une très bonne chose que cette décision. Pourvu que cela dure.
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