Bilan des actions menées dans le cadre du Plan régional d’actions en 2014
Le travail effectué par la LPO Alsace en 2014 s’inscrit dans la continuité des actions proposées dans le Plan régional d’actions (PRA) en faveur du Milan royal en Alsace rédigé en 2012 (Heuacker V. & Didier S., 2012), des actions ayant déjà été mises en œuvre depuis 2007.
Le PRA Milan royal est fondé sur trois axes principaux : connaissance, conservation et sensibilisation. Etabli sur une durée de cinq ans, il vise à : - Organiser un suivi cohérent des populations ;
- Mettre en oeuvre des actions coordonnées favorables à la restauration de l’espèce ou de ses habitats ;
- Informer les acteurs concernés et le public ;
- Faciliter l’intégration de la protection de l’espèce dans les activités humaines et dans les politiques publiques
Ce plan régional a été validé en CSRPN en 2012 et présenté lors d’un comité de pilotage régional le 10 janvier 2014.
Le Milan royal en Europe, en France et en Alsace
Avec une envergure pouvant aller jusqu’à 165 cm, le Milan royal est la plus grande des onze espèces de rapaces diurnes nicheurs d’Alsace. Il est aisément reconnaissable à sa longue queue rousse triangulaire et échancrée, sa tête claire, et les deux tâches blanches situées sur les faces inférieures de ses ailes.
Milan royal Milvus milvus adulte en vol. (Photo : R. Riols)
Nom scientifique : Milvus milvus (Linnaeus, 1758)
Considéré comme l’un des plus beaux rapaces diurnes du Paléarctique occidental, le Milan royal est une espèce dont l’aire de répartition est quasiment restreinte à l’Europe. Cette espèce a subi un déclin drastique dans la plupart de son aire de répartition au cours des XIXème et XXème siècles, en partie à cause des persécutions humaines et des modifications des pratiques agricoles.
Quatre pays hébergent plus de 90% de la population mondiale : l’Allemagne, la France, la Suisse et l’Espagne. La France abrite un effectif de 3000-3900 couples territoriaux sur les 19000-25000 mondiaux. Sa répartition est hétérogène et dessine une bande reliant le Nord-Est au Sud-Ouest de la France.
En légère augmentation de 1970 à la fin des années 1980 suite à la protection légale des rapaces, la population française était estimée à 2300-2900 couples entre 1979 et 1982. Les populations du Nord-Est étaient alors prédominantes avec près de 85% de l’effectif national concentré dans quatre régions : Lorraine, Champagne-Ardenne, Alsace et Franche-Comté. Ces populations ont connu un déclin important lors des 10-15 dernières années: 80% de diminution en Lorraine, 80% en Champagne-Ardenne, 50% en Alsace.
Distribution et abondance du Milan royal en France (Carte extraite de Rapaces nicheurs de France).
Son régime alimentaire est l’un des plus variés de tous les rapaces européens : généraliste et charognard opportuniste, il est également capable de prédation et de kleptoparasitisme, bien que ce ne soit pas un oiseau agressif ni puissant. Son alimentation dépend non seulement des conditions locales mais aussi de la période de l’année. La proportion de mammifères est très importante dans son alimentation dans la plupart des études menées. Il semble que les Milans royaux ne défendent pas un territoire de chasse exclusif vis-à-vis de leurs congénères. Seul son proche parent, le Milan noir, possède une alimentation aussi variée, bien que ce dernier consomme beaucoup moins de proies terrestres que le Milan royal.
Son comportement migratoire est très variable, c’est pourquoi il est qualifié de migrateur partiel. De façon générale, les populations les plus nordiques vont passer l’hiver dans la région méditerranéenne, notamment en Espagne où les effectifs peuvent alors être considérables : selon une estimation, jusqu’à 70 000 oiseaux y ont passé l’hiver 1993-1994. Par ailleurs, il a été constaté depuis les années 1950 qu’une partie des populations de certains pays avait tendance à passer l’hiver sur ses sites de reproduction ou à proximité. Ceci est notamment le cas pour certains individus nichant en Allemagne, en Suède, en Suisse et en France (Massif central, Pyrénées), et au Royaume-Uni.
La saison de reproduction, qui va de la période de parade jusqu’à l’indépendance des jeunes, débute pour le Milan royal vers la mi-février. Les parades nuptiales sont suivies par la construction du nid, constitué de branches, de brindilles et d’éléments très divers : papier, tissu, plastique, foin. Le nid doit être facile d’accès, c’est pourquoi il se trouve fréquemment à moins de 100 m de la lisière, dans des zones à flanc de coteau.
Le Milan royal est une espèce généraliste capable d’évoluer dans une grande gamme de paysages avec comme impératifs de base la présence de milieux forestiers de petite taille qui lui permettent de nicher, d’hiverner, d’abriter des proies, et des milieux ouverts pour s’alimenter. Bien que les besoins du Milan royal soient satisfaits par un grand nombre d’habitats et de conditions climatiques à travers l’Europe, il conserve certaines préférences et évite les milieux trop arides ou trop humides. Peu farouche, il est souvent présent à proximité des villages et des fermes qui sont une source potentielle de nourriture. Les Milans royaux sont régulièrement associés aux terres arables et aux pâtures. C’est une espèce typique des zones agricoles ouvertes associant l’élevage extensif et la polyculture. Il peut être présent en plaine mais il préfère les étages collinéen et montagnard dont la topographie ondulante lui permet d’utiliser les masses d’air pour le vol.
Le Milan royal est souvent confondu avec le Milan noir, rapace diurne le plus abondant au niveau mondial (il existe de nombreuses sous-espèces). Ce dernier est nettement plus sombre, plus trapu et pratique davantage le vol battu tandis que le Milan royal est un planeur par excellence. Le Milan noir est étroitement lié aux zones d’eau douce, est plus abondant dans les basses terres et se reproduit avec succès dans les zones très chaudes. Ce dernier n’est pas menacé en Alsace, contrairement au Milan royal.
Milan noir (Photo : P. Matzke)
Suite à la proposition de la LPO en 1999, Le Milan royal fait l’objet d’un plan national de restauration depuis 2002. Ce plan a pour objectif général de stopper le déclin des effectifs français et de restaurer les populations. Il inclut la mise en place de mesures favorables à la population nicheuse et hivernante ainsi que la création d’un réseau national et européen de connaissance et de conservation.