Le Vautour fauve (Gyps fulvus)
Publié le 21 Janvier 2024
Roland
Nom scientifique : Gyps fulvus (Hablizl, 1783)
Origine du nom : vient du grec « gups » , le vautour et du latin « fulvus » « jaunâtre, fauve ».
Ancien nom : Griffon qui reste en partie le nom anglais.
Nom allemand : Gänsegeier
Nom anglais : Eurasian griffon vulture
Observation: Vallée de l’Ossau dans le Béarn (Pyrénées Atlantiques).
Famille : celle des Accipitridés qui sont des oiseaux de taille très variable. Elle varie de 20 à 150 cm en longueur et jusqu’à plus de 2 mètres d’envergure. Elle comprend 234 espèces de rapaces, oiseaux carnivores ou piscivores, munis de serres puissantes, d’une excellente vue et d’un bec crochu. Ils ont colonisé toutes les régions du monde.
Les oiseaux les plus connus de cette famille de rapaces sont les milans, les bondrées, gypaètes, vautours, buses, éperviers, les énormes harpies (photos) et les aigles. A noter que les faucons ne font pas partie de cette famille mais de celle des falconidés.
Dimensions et poids :
La taille des mâles est d’environ 95 à 110 cm, 2.35 à 2.70 m d’envergure. Leur poids est de 6 à 11 kg avec une moyenne de 9 kg.
Aucune différence de taille et de poids entre mâles et femelles n'est visible.
Longévité : elle est de 20 à 40 ans, et avec une moyenne de 30.
Description : c’est un très grand rapace. Il se remarque par son cou déplumé mais pas nu. Le fin duvet du cou permet une meilleure élimination des souillures quand il cure une carcasse. Désolé pour les personnes sensibles, mais le Vautour fauve étant un charognard, il est difficile de garder un langage gentillet.
Ce cou sert aussi de thermorégulateur efficace quand il est exposé au soleil et à la chaleur.
Les yeux sont noirs pour les jeunes, ocres pour les adultes. La couleur générale du corps est fauve avec des ailes bicolores. Les grandes taches en bout d’ailes, varient du brun-noir au gris et fauve. Les extrémités des ailes sont digitées et caractéristiques du grand planeur qu’il est. La queue est courte et se termine en coin.
Il n’existe aucune différence de morphologie entre mâles et femelles. Le Vautour fauve possède des serres noires. Elles ne forment pas une pince comme dans le cas des rapaces chasseurs. Le Vautour n’a pas besoin de saisir des proies puisqu’il ne se nourrit que d’animaux morts.
Chant : son cri typique à notes brèves est un kak kak ou des sifflements
Vol et chasse : il chasse dans un rayon de 50 autour de son nid et jusqu'à 150 km si les conditions de vol sont bonnes. Son vol est lent car il utilise au maximum les courants ascendants comme un planeur. Pour démontrer l’efficacité énergétique de son vol les chercheurs ont calculé qu’en vol il ne consommait que 1.4 fois sa dépense énergétique de base. A comparer au passereau, qui en vol, consomme 10 fois plus d’énergie qu’au repos par son battement d’ailes énergivore.
.
Habitat: le Vautour fauve est présent dans les montagnes et pays ou existent des reliefs marqués par des falaises et rochers de 0 à 3000 mètres.
Ce Vautour était présent autrefois dans les Vosges et les Ardennes. Le changement des pratiques agricoles et sans doute une chasse injuste liée à son mode de vie ont drastiquement réduit ses populations. Il a failli disparaitre dans notre pays et même dans l’Europe entière. A présent, grâce à une importante population relictuelle en Espagne et à plusieurs décennies de protection et de réintroduction d’oiseaux (de 1981 à 2008) ses effectifs ont nettement augmenté. Cette action a été menée par des associations, en particulier la LPO. La population de vautours fauves est passée de quelques milliers de couples espagnols en 1980 à 13 000 couples en 2008 en Espagne-France.
Il est présent dans toute la zone méditerranéenne jusqu’en Arabie. L’aire de répartition irait jusqu’au milieu de l’Asie.
Nourriture : son régime est strictement charognard : c’est un nécrophage. Comme les cadavres d’animaux sauvages sont de moins en moins nombreux, il se nourrit à présent presque exclusivement des cadavres d’animaux domestiques. Il s’agit de tous les animaux morts de maladie ou d’accident : moutons, chèvres...vaches et chevaux. Ces carcasses sont disposés par les éleveurs sur une aire réservée, souvent un promontoire rocheux qui reste accessible aux camions et tracteurs de transport. Le Vautour les repère grâce à son excellente vue. Ces carcasses attirent également les animaux semi charognards comme les corvidés, les renards etc. Les observateurs restent toujours surpris de l’arrivée massive de vautours des cadavres. Les vautours observent aussi le comportement de leurs congénères grâce à leur vue perçante.
Ils se nourrissent exclusivement des chairs molles, viscères et muscles.
Partage :
Le vautour (alpha) au sommet de la hiérarchie dans le groupe arrive d’un pas de seigneur sur la carcasse. C’est lui qui va découper le flanc de l‘animal, chercher les meilleurs morceaux. Ce n’est qu’au moment où il entre sa tête dans le cadavre que les autres vautours viendront se repaître. Leur appétit est si féroce que certains n’arriveront plus à décoller et devront régurgiter une partie de leur repas. Après les vautours, d’autres charognards termineront leur « travail d’équarisseurs ». Ils assurent un gain économique aux éleveurs. Ils leurs évitent les coûts de traitement et transport des animaux morts et diminuent la propagation de maladies.
Reproduction : Le couple se forme à la fin de l’année, de novembre à janvier. Le mâle séduit la femelle en l’accompagnant en vol et en imitant les mouvements de son vol. Ces vautours sont très sociaux et certaines colonies peuvent atteindre une centaine de couples. Le territoire se limitera aux abords immédiats du nid.
Le Vautour fauve construit son nid sur une falaise, dans une grotte ou sur une vire rocheuse si possible abritée par un surplomb et très rarement dans un arbre. Ce nid mesure jusqu’à 1 m de diamètre, et 20 cm de haut. Il est fait de branches mortes. Le centre est rendu plus confortable par des plumes et de fines brindilles.
La femelle pond un seul œuf de couleur blanche sans taches et d’un poids de 300 grammes. Elle le couve pendant 52 jours environ. Les deux partenaires apportent de la nourriture à leur jeune. Les petits de Vautour fauve sont couverts d’un plumage blanc et laineux comme des jouets en peluche.
Les jeunes peuvent voler après 4 mois et pèsent alors déjà 8 kg. Ils seront autonomes après deux mois supplémentaires. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers trois ans.
Migration : les vautours fauves des Alpes séjournent chez nous de mai à octobre. Les jeunes immatures explorent les régions du Nord, Jura, Vosges Ardennes et même Scandinavie.
Les observateurs ont noté un afflux de groupes de ces vautours en Suisse et Allemagne. Depuis 2005 des groupes jusqu’à 40 oiseaux sont arrivés en Suisse alors que ce phénomène n’avait jamais été observé les 100 ans précédents.
Les individus d’Europe occidentale migrent à partir de la mi-octobre vers les zones plus chaudes, subtropicales, Sénégal, Mali, Niger Ethiopie
Le point de passage pour de nombreux vautours est le détroit de Gibraltar. Les vautours espagnols, quant à eux, restent là où ils sont nés à plus de 70% étant donné les bonnes conditions climatiques. Les vautours de Bulgarie et Grèce migreront vers le sud en passant à l’Est.
Confusion possible : non, quand on sait que son cou presque dégarni et son aspect bicolore. Le Vautour moine, Aegypius monachus est très rare, localisé dans les Grands Causses et le Verdon. Il est d’un brun uniforme, son cou est garni de plumes et il niche dans les arbres.
Protection et prédateurs :
Cet oiseau a failli disparaitre en raison de sa mauvaise réputation, et de la chasse pour ses plumes. Il a été victime secondaire des empoisonnements de carnivores renards, chiens errants...
Mortalité actuelle du Vautour fauve selon le rapport Vigilance poison (2) qui a analysé en détail les causes de mort de 186 vautours en 2019 :
l’empoisonnement direct ou indirect représente avec le tir au fusil, le principal danger pour ce vautour, soit pour ces 2 causes directes, 35 % des causes de la mort des vautours. fauves. Le plomb, en plus du tir direct, est une cause fréquente de saturnisme chez les vautours.
Les autres causes de décès sont les collisions avec des véhicules ou éoliennes (25 %).
Les accidents, noyade, barbelés ne représentent que 20 % et les 20% restants sont des morts « naturelles ».
Les vautours ont été accusés de s’attaquer au bétail. Il a été démontré que c’est faux. Dans les Pyrénées le nombre d’attaques déclaré a été de 6 pour 300 couples entre 1993 et 1996, de 256 en 2007 avec 560 couples et bizarrement de 52 en 2012 pour 830 couples. Il n’existe pas de lien avéré entre le nombre d’attaques déclarées et le nombre de vautours. Le nombre de plaintes a plutôt évolué en fonction des infox (fake news) et des articles à sensations parus dans la presse locale ou ailleurs.
Cet oiseau comme les autres rapaces, est classé en protection complète de par la loi dans toute l’Europe (Convention de Berne) et au niveau mondial par la Convention de Washington. Rappelons qu’il est interdit de le tuer, de le capturer, de perturber son milieu et de détruire ou transporter ses œufs
La population actuelle en France s’est reconstituée en partie. Elle est estimée à 900 couples dans le Massif Central, 800 dans les Alpes et 1200 dans les Pyrénées. La mortalité pourrait diminuer de moitié par une vraie interdiction des pesticides et poisons, par le passage des chasseurs aux munitions sans plomb ce qu’ils refusent de faire pour le moment et une meilleure surveillance des chasseurs délinquants.
Article superbement illustré par notre collègue de l’Anab Guy Schneller
Texte Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres, relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
1/ Bel article très complet sur Wikipedia
2/ 25 ème rencontres Vautours 2019
3/N° 91 de La Hulotte.