Les versants de la vallée de la Sarre (2/3) : terrasses alluviales
Publié le 13 Octobre 2018
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Alluvions de la Sarre (3/3) : Histoire de la formation de la vallée de la Sarre |
Sur l'ensemble du cours de la Sarre, des dépôts d'alluvions ont été reconnus à
différentes altitudes au-dessus du lit actuel. On les désigne sous le nom de terrasses
alluviales.
A) Les versants en rive droite du secteur de la Honau déclinent le temps à l'horizontale.
A gauche : affleurement temporel visible lors du creusement d'une tranchée près du croisement rue de Keskastel /rue de l'Ecole, à Herbitzheim (1m x 1m environ). Deux séries rocheuses sont en contact à mi-hauteur du cliché. A la base, un banc dolomitique gris (Keuper inférieur) dont le sommet a été érodé selon une surface irrégulière puis recouvert par le dépôt de sables argileux mêlés à des graviers (Quaternaire). Certains galets ont un diamètre de 5 cm. La base de cette terrasse alluviale située ici à 240 m de la Sarre actuelle, affleure à 221 m (S2).
A droite, affleurement permanent dans le talus d'un chemin forestier. Dans le bois de Lorraine (Forêt domaniale de Sarre-Union) plusieurs terrasses de la Sarre existent sous forme de lentilles superficielles de sables et graviers souvent colonisées par une végétation silicicole comprenant la fougère aigle, le genêt à balais, la fausse-bruyère. La terrasse (cliché) située à 3,5 km de la Sarre actuelle (210 m) se trouve à 252 m d'altitude. (S5). Cette répartition suppose une divagation de la Sarre au cours des âges. Cette migration se serait accomplie de l'est vers l'ouest.
Un affleurement exceptionnel témoigne des climats du passé
Coupe dans le flanc d'un bassin en cours d'aménagement (intersection D38 /A4). Hauteur approximative 5m
Coupe dans le flanc d'un bassin en cours d'aménagement (intersection D38 /A4). Hauteur approximative 5m. Cet ouvrage est destiné à être étanchéifié de sorte que l'affleurement ne sera plus visible. Le flanc a été raboté selon un plan oblique et doté de deux paliers. Le fond du bassin est creusé dans les marnes bariolées de couleur beige (existence d'un lit continu ocre non visible à cette échelle, qui souligne la stratification originelle). Ces marnes du Keuper présentent au contact du niveau suivant de sables rouge-orangé une limite plus ou moins contournée (abstraction faite de glissements de matériel friable depuis les niveaux supérieurs).
Vient ensuite un niveau d'argiles gris-bleu qui présente également en surface des alvéoles (1 mètre environ) espacés et remplis de sables du complexe sablonneux sus-jacent. Ce dernier d'abord rouge-orangé devient plus limoneux vers le sommet. A l'affleurement, il montre un sol lessivé avec horizon décoloré situé sous la couche riche en humus. Des fines passées de galets sont visibles par endroits dans les niveaux sableux.
Cette coupe de terrain présente de grandes similitudes avec un autre affleurement temporaire devenu inaccessible (terrassement de la nouvelle salle de sport à Herbitzheim). Ces figures en alvéoles sont interprétées comme étant le résultat de phénomènes de cryoturbation au sein de dépôts d'alluvions. En période froide (glaciation), les alternances de gel-dégel occasionnent des mouvements de matière au sein des couches superficielles à l'origine de fentes de glace en coin, de sols striés ou de sols polygonaux.
Coupe du flanc opposé au précédent. On retrouve le niveau d'argiles grises au centre avec une épaisseur réduite et aux contours ondulés. Il est encadré par des sédiments sablo-argileux roux qui offrent des figures très complexes, témoins de mouvements de matière. Les sédiments de cette terrasse basse (S0-1), -le site se situe juste au-dessus du lit majeur inondable- ont donc connu les rigueurs climatiques d'une zone périglaciaire.
B) Les versants des secteurs à méandres encaissés : l'histoire devient verticale
En amont de Sarre-Union et à l'aval de Herbitzheim, le fond de vallée est plus étroit (100 à 400 m de large). La rivière s'est encaissée tout en décrivant des méandres. Dans les flancs convexes des méandres se nichent des lambeaux de terrasses.
Vue partielle sur une tranchée (hauteur env 1,5m). L'affleurement se situe sur le Rebberg (Remelfing) à l'altitude 245 m soit à 48 m au-dessus du lit de la Sarre actuelle distante de 600 m et dont on voit l'entaille de la vallée à l'arrière-plan. Dans la partie inférieure gauche des blocs de marnes dolomitiques sont visibles dans le flanc du fossé, ils sont surmontés d'un ensemble de strates beiges et ocres. Cette série inclinée appartient aux Argiles bariolées de la Lettenkohle (Keuper inférieur). Elle est coiffée vers la droite par une lentille sableuse où les galets abondent. Il s'agit d'un lambeau de terrasse alluviale perchée
Détail de la sédimentation de cette terrasse. Une surface érosive plus ou moins régulière (fond de rivière) sépare les marnes beiges (bas) des alluvions anciennes qui les surmontent. La sédimentation démarre avec un lit de gravier aux galets mal triés. D'autres lits alternent avec des passées plus sableuses typiques d'un dépôt de chenaux en tresses. Le reste de la terrasse a été érodé depuis.
Au total, une dizaine de terrasses a été reconnue sur le cours de la Sarre. Ces paliers partiellement préservés témoignent de l'encaissement par étapes de la vallée au cours des âges.
Diagramme simplifié de la répartition en altitude et en âge des principales terrasses du cours supérieur (source voir bibliographie).
Les noms des différentes périodes glaciaires figurent en couleurs. Pour les terrasses les plus anciennes, les données sont rares sur cette portion du cours d'eau.
Texte, photos et bibliographie Etienne Feuchter (Anab)
Bibliographie à paraitre dans chapitre 3/3