La Véronique à feuilles de serpolet
Publié le 26 Mai 2021
Voici une véronique facile à reconnaitre parmi toutes les nombreuses véroniques de notre flore locale. Sa gorge blanche veinée de bleue est unique.
Roland
Nom scientifique : Veronica serpyllifolia L., 1753
Origine du nom: vient de « Veronica » car cette plante est dédiée à Sainte Véronique (la fleur évoque un visage) et du latin « serpyllifolia », qui signifie « feuille de serpolet » en lien avec la ressemblance des feuilles de cette véronique avec le thym serpolet.
Les noms communs français, allemand et anglais reprennent cette particularité.
Nom commun allemand/ dialecte : Thymian--Ehrenpreis
Nom anglais : Thyme-leaved Speedwell
Date de l’observation: 7 mai à Altwiller (67)
Famille de plantes : celle des Plantaginacées, celle des plantains mais aussi des digitales, des véroniques et des gueules de loup de jardin. A noter que dans bon de nombre de flores les véroniques figurent encore dans la famille des scrofulariacées. Ce changement provient des progrès en génétique et des analyses ADN. Les plantes sont regroupées au sein des familles en raison de leur ordre de filiation et proximité génétique et non plus en raison de leur ressemblance quelque fois accidentelle.
Attention, il existe plus de 20 types de véroniques dans notre région, les confusions entre les espèces sont légions.
Autrefois cette famille ne comportait que 3 genres. Elle comprend à présent plus de 200 genres divisés en 2000 espèces de par le monde. La majorité d’entre elles sont des herbes et plantes aquatiques et se situent dans les zones tempérées.
La famille n’est pas homogène si bien qu’il est difficile de donner des critères « familiaux ».
La plupart des genres ont une fleur de symétrie verticale, souvent d’ordre 4 (4 pétales, 4 sépales), d’autres ont des symétries d’ordre 5 à 8.
Elles possèdent deux grandes étamines et 2 petites ou seulement 2 étamines comme les véroniques. Le fruit est une capsule qui se divise selon des cloisons.
Description: petite plante, vivace, non velue. La racine peut atteindre 20cm.
Hauteur: 5 à 25 cm
Tiges: tige rampante finement pubescente qui émet des stolons grêles,.
Feuilles: les inférieures sont alternes, entières, faiblement dentées, ovales, Elles sont glabres et possèdent un très court pétiole (sessile ou subsessile) et mesurent de 5 à 25 mm de long.
Les feuilles du haut à l’aisselle des fleurs sont dénommées bractées et sont plus petites et sessiles.
Floraison: avril à octobre
Couleur des fleurs: plante avec de petites corolles (5 à 6 mm) blanches parcourues de veines bleu-foncé. La fleur de symétrie bilatérale, a une forme typique avec un gros pétale supérieur, deux latéraux égaux et plus petits et le dernier plus étroit que le pétale supérieur.
Les fleurs sont groupées en racèmes (fleurs sur un axe). La fleur a deux étamines et un ovaire à deux carpelles multi-ovulés.
Le calice possède 4 sépales oblongs.
La pollinisation des fleurs est faite en majorité par les diptères (zoogamie par desmouches) mais cette plante peut s’autopolliniser.
Fruits : après fécondation par le grain de pollen, la plante va former un fruit très typique, une capsule en forme de cœur, soit deux lobes accolés contenant de nombreuses graines avec une échancrure au milieu. Le pédicelle du fruit est non glanduleux. Le style est assez long et persiste après la fécondation (=accrescent). Sa taille dépasse largement le sommet des lobes de la capsule glabrescente qui mesure 4mm de haut pour 5 à 6 mm de large. (voir photo). Cette capsule va libérer les graines avec l’eau de pluie et les projeter à distance. Elles vont coloniser les environs, entrainées par la pluie en raison de leur très petite taille, moins de 1 mm, et poids 0.1 mg.
Habitat : c’est une véronique qui préfère les endroits humides, comme les prairies, pâturages, bords des chemins, friches, coupes et chemins forestiers.
Confusion : certaines véroniques se ressemblent beaucoup. A moins de bien les connaitre une flore précise est recommandée. Il existe en montagne une sous-espèce, de l’espèce type présentée ici, la Veronica serpyllifolia subsp humifusa. Elle a la particularité d’avoir des fleurs à gorge bleue et non blanche et un peu plus grandes (6 à 8 mm)
Protection : Plante commune, non protégée
Utilité alimentaire:
Feuilles utilisées pour faire du thé
Utilisation médicinale :
Astringente, amère, et stomachique = facilite la digestion
Elle possède des propriétés cicatrisantes mais la présence d’un hétéroside, rend son utilisation délicate.
Celui-ci, l’aucuboside, est un principe actif secrété par certaines plantes. Il a des propriétés anti-inflammatoires, antiallergiques, antimicrobiennes, antivirales. Il perd ses propriétés s’il est chauffé
Croyances et mythes :
Avec ses deux étamines la fleur de Véronique simulerait un visage et ses deux yeux. Voici très longtemps, on y voyait l’empreinte du visage du Christ sur le voile de sainte Véronique.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) – Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Autres véroniques déjà présentées :
La Véronique des champs, Veronica arvensis
La Véronique petit-chêne Veronica chamaedrys
La Véronique de Perse, Veronica persica
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Pour tout savoir sur les véroniques, lisez l’article très intéressant de notre collègue Gilles paru sur Telabotanica