"La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap" : 10 associations écologistes lancent un appel à Emmanuel Macron

Publié le 31 Août 2018

"La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap" : 10 associations écologistes lancent un appel à Emmanuel Macron

paru sur France info le 30/8/2018

La Fondation pour la Nature et l'Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, Les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, l'Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, l'Association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies et la Société nationale de protection de la nature réagissent, jeudi 30 août, à la démission du ministre d'Etat.

Un électrochoc. Mardi 28 août, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a annoncé sa démission. "Je ne veux plus me mentir, je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là et donc je prends la décision de quitter le gouvernement", a-t-il expliqué. Cette décision a fait réagir dix associations écologistes*, qui interpellent Emmanuel Macron, dans une tribune publiée sur franceinfo, sur la nécessité d'un "sursaut" de la politique environnementale de l'exécutif. Elles s'expriment ici librement.


La démission de Nicolas Hulot a surpris par sa soudaineté. Quinze mois durant, l'ancien ministre a buté sur les résistances institutionnelles et des arbitrages politiques trop souvent perdus. L'orientation politique du chef de l'Etat ne laissait que peu de place à une véritable transition écologique et solidaire. Malgré l'ambition affichée du ministre de l'Ecologie, la volonté d'Emmanuel Macron de ménager la chèvre écologique et le chou productiviste n'a pas contribué à créer la condition d'une politique écologique lisible et cohérente.

La superficialité de l'engagement écologique d'Emmanuel Macron implicitement révélée

De la non-interdiction du glyphosate aux multiples décisions favorables à la construction de nouvelles autoroutes, du non-choix en matière de transition énergétique à l'importation d'huile de palme, des ultimes cadeaux faits au lobby de la chasse en passant par le Ceta, la longue liste des petits arrangements et grands renoncements a rythmé l'année ministérielle de Nicolas Hulot. Or, ce dernier a toujours justifié sa présence au sein du gouvernement Philippe par sa volonté tenace de mettre enfin la France sur les rails de la transition écologique.

Nicolas Hulot a constaté, amèrement mais honnêtement, que notre pays a hoqueté, voire régressé, en matière environnementale.Les associations signataires

L'utilisation de pesticides continue à augmenter année après année, la biodiversité s'effondre, la part du rail continue sa chute vertigineuse, nos émissions de gaz à effet de serre ont, quant à elles, poursuivi leur sinistre ascension et la part du nucléaire civil demeure inchangée et celle du nucléaire militaire va augmenter de 50%.

Implicitement, le départ du désormais ancien ministre de l'Ecologie révèle la superficialité de l'engagement écologique d'Emmanuel Macron, optant pour une écologie des mots, privilégiant les discours aux actes, espérant que la simple présence de Nicolas Hulot justifierait une politique bien loin de la rupture maintes fois annoncée.

Le symptôme d'une immense incompréhension

Le départ précipité de Nicolas Hulot est l'occasion de requestionner la place du ministre de l'Ecologie dans le dispositif institutionnel. Placé au sommet de l'ordre protocolaire, le ministre de l'Ecologie est sommé de trouver des compromis entre acteurs aux intérêts profondément divergents. Grenelle et autres conférences environnementales n'y ont rien changé. Face au ministère de l'Agriculture, à ceux de l'Economie, de l'Industrie ou de la Défense, face aux lobbies agricoles, nucléaires, à celui du BTP, face à l'orientation libérale du gouvernement Philippe, la marge de manœuvre du ministre de l'Ecologie était étroite, voire inexistante. La notoriété médiatique est insuffisante face aux petits soldats du productivisme, prêts à tout pour préserver leurs acquis. Cette démission est l'occasion de rappeler que l'homme providentiel n'existe pas et qu'un ministre, fût-il déterminé, est et demeure un homme seul. Au regard des tensions que suscite la transition écologique, il est nécessaire de créer et entretenir une mobilisation citoyenne et populaire.

L'heure n'est pas à l'amertume. Au regard des crises écologiques et des menaces qui s'amoncellent, l'urgence commande de ne pas verser dans un défaitisme sans lendemain.Les associations signataires

Cette démission est le symptôme d'une immense incompréhension. La transition écologique n'est ni une promenade de santé ni un supplément d'âme pour politiciens sans imagination. Emmanuel Macron aurait tort de mésestimer le symbole que représente cette démission surprise. Faire "comme si" serait la pire des réponses à apporter à Nicolas Hulot. Les crises écologiques qui s'amoncellent n'ont que faire de nos illusions et beaux discours. Ces crises ne disparaîtront pas d'un coup de baguette verte.

L'action n'est plus une option, mais une nécessité

Face aux menaces climatiques, militaires et à l'effondrement des écosystèmes, l'action n'est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique.

Emmanuel Macron ne peut continuellement aspirer à la synthèse là où nous attendons des choix clairs, ambitieux et pleinement assumés.Les associations signataires

En matière écologique, nous ne pouvons plus soutenir l'agriculture biologique et "en même temps" le glyphosate, la sobriété énergétique et "en même temps" le nucléaire, une redynamisation des centres-villes et "en même temps" Europacity et l'artificialisation des terres agricoles, la nécessaire préservation de la biodiversité et "en même temps" la baisse du prix du permis de chasse, la mise en œuvre de la COP21 et "en même temps" la multiplication des projets autoroutiers, les fermes-usines et "en même temps" une agriculture paysanne, le libéralisme et "en même temps" l'écologie.

La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap tout en osant rompre avec la facilité des Trente glorieuses et "cinquante" gaspilleuses. Face aux conservatismes qui s'expriment à tous les niveaux de l'Etat, la démission de Nicolas Hulot appelle un sursaut. Nul doute qu'au lendemain d'une démission qui a tant fait parler, Emmanuel Macron devra faire sien l'aphorisme de Pierre Mendès-France, "gouverner, c'est choisir".

*Les signataires :

La Fondation pour la Nature et l'Homme

Agir pour l'environnement

France nature environnement

Générations futures

Les Amis de la Terre

Réseau sortir du nucléaire

Action des citoyens pour le désarmement nucléaire

Association pour la protection des animaux sauvages

Virage énergies

Société nationale de protection de la nature

Rédigé par ANAB

Publié dans #Changement climatique

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
"Les associations signataires" au milieu du texte : erreur de copier/coller ? Quelle est la source du texte ?<br /> Pour un article de suite à donner : vu que cette lettre ouverte cite le glyphosate et l'ancien ministre de l'écologie, voici le même terme avec le nouveau ministre de "l'écologie" -> https://www.marianne.net/politique/glyphosate-de-rugy-refait-l-histoire-de-sa-responsabilite
Répondre
A
Merci Vincent de tes remarques et de ce lien.<br /> <br /> la totalité du texte après les lignes en italique est un texte cosigné par les organisations désignées <br /> et non pas rédigé par France Info.<br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> Roland
C
Ce n'est pas un commentaire ,mais simplement un rappel.<br /> <br /> Un ministère de l'écologie dans un pays voué à la croissance est une aporie,une escroquerie intellectuelle et morale,pour ne pas parler "affaires".<br /> <br /> Un ministère de l'écologie ne peut rien faire dans un pays libéral fondé sur la libre circulation des biens,des capitaux et des personnes.C'est mission impossible.<br /> <br /> Au mieux on peut parler environnementalisme,c'est à dire aménagements ponctuels,mais rien de plus.<br /> Dans tous les cas une démission de ministres de l'écologie est dans ce sens un non évènement.
Répondre
R
Merci Christian de ton avis.<br /> <br /> Mon avis perso est qu'il manque une vision d'avenir et d'anticipation à tous ces sujets écologiques. Ils sont vraiment dans le très court terme et l'image.
K
oui, et puis ???<br /> aucune proposition de petition en ligne ???<br /> est-ce que ces 10 Associations trouveront une ligne commune a defendre, mettre en oeuvre ?<br /> resteront-elles au stade des beaux discours ??, ce que chacun peut faire.
Répondre
R
Bonjour Karin, <br /> tu en attends un peu plus et tu as raison. Difficile de te répondre.<br /> Je n'ai pas vu de pétition les derniers jours. Cet appel médiatique est un début.<br /> Toutes les associations et les citoyens ont à inventer des pistes et des projets car peu d'espoir de grande avancée dans le monde politique.<br /> A chacun de retrousser ses manches et de proposer.