Jardin : vos feuilles mortes valent de l'or

Publié le 29 Octobre 2018

Jardin : vos feuilles mortes valent de l'or

Il existe de nombreux avis sur le ramassage et l'utilité des feuilles mortes. Cet article du Figaro est un bon résumé et compromis des points de vue sur ce sujet.

Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.


Pour beaucoup, c'est la corvée de l'année! Le ramassage des feuilles mortes qui, à la faveur des températures clémentes d'octobre, commence tout juste à battre son plein, n'est pas une sinécure, en particulier pour ceux dont le jardin est à la fois vaste et planté de grands arbres. Il y a bien sûr l'option -radicale- qui consiste à s'équiper d'une machine à moteur électrique ou thermique, capable tout à la fois de souffler les feuilles pour les regrouper en tas, puis de les aspirer et de les broyer afin qu'elles prennent le moins de place possible. On en trouve à tout les prix, surtout en ce moment! Mais, sauf à avoir une grande surface, est-il bien judicieux d'investir dans un engin qui ne servira en tout et pour tout que quelques jours dans l'année?

Du coup, c'est bien souvent à la force des bras que l'on se résout, bon gré mal gré, à râteler l'herbe ou le gravier puis à faire d'incessants allers-retours avec la brouette vers le point de stockage temporaire ou définitif de la «récolte» du jour. Car il faudra tôt ou tard remettre l'ouvrage sur le métier: les arbres ayant la fâcheuse habitude de ne pas se déplumer d'un seul coup, il faut s'y reprendre en général à deux fois pour faire place nette! Et n'imaginez pas faire l'impasse sur cette tâche, ô combien ingrate, sous prétexte de «laisser faire la nature». Votre pelouse, étouffée sous un épais tapis de feuilles qui la priverait de lumière, ne s'en remettrait pas. Sans parler de votre sécurité avec les risques de glissade, les jours de pluie, sur les dallages de la cour ou des allées...

Manne tombée du ciel

Vous vous consolerez de ces samedis ou de ces dimanches «sacrifiés», en songeant au magnifique terreau, idéal pour amender le sol de vos massifs ou de votre potager, que vous allez pouvoir confectionner à peu de frais avec cette véritable manne tombée du ciel. À 10 euros en moyenne le sac de 50 l vendu en jardinerie, cela donne à réflechir... Ne commettez donc pas l'erreur de vous débarrasser de ces précieux «déchets» verts (c'est valable aussi pour les tontes de gazon) en les mettant dans des sacs en papier recyclé que vous déposerez ensuite sur le trottoir en attendant qu'un camion-poubelle n'aille les livrer à un fabricant... de terreau. Lequel bénéficie de ce surcroît de travail que vous vous infligez à titre gracieux. Enfin, n'oubliez pas que votre municipalité vous fait payer le passage des éboueurs par le truchement de la taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères dont le montant est proportionnel aux volumes de déchets collectés à l'echelle communale. Que d'économies en perspectives pour les finances locales, si tous les jardiniers recyclaient gazons et feuilles mortes!

Le compostage des feuilles mortes permet d'obtenir un terreau de qualité. Crédit photo: Stephen Cochran sous licence Creative Commons.

Stimuler les micro-organismes

Le plus simple et le plus profitable pour vous consiste donc à entasser vos feuilles mortes dans un coin de votre jardin et d'attendre sagement (deux à trois ans en moyenne) qu'elles se décomposent, en aérant et en humidifiant le tas de temps en temps pour stimuler les micro-organismes qui, eux, travaillent gratuitement pour vous. Vous pouvez également les incorporer en couches successives dans votre compost de déchets de cuisine qu'elles contribueront à enrichir. Il y a cependant quelques exceptions: jetez ou brûlez les feuilles d'arbres fruitiers et de rosiers si elles sont parasitées (cloque du pêcher, tavelure…), afin d'enrayer la propagation des maladies. Même chose avec les marronniers attaqués par la redoutable mineuse Cameraria ohridella. Les chrysalides de ce minuscule papillon, arrivé des Balkans dans les années 1980, hivernent en effet dans les feuilles mortes avant d'éclore au printemps. La destruction de ces dernières est donc un puissant moyen de lutte biologique contre ce redoutable envahisseur.

Une excellente «moumoute»

Feuilles de marronnier parasitées par la chenille du papillon Cameraria ohridella

Les feuilles mortes peuvent également servir à pailler les parcelles du potager que vous venez de bêcher à un moment où il est trop tard pour semer un engrais vert type trèfle incarnat ou phacélie. En plus de protéger le sol contre le tassement provoqué par la pluie, une couche de feuilles d'une quinzaine de centimètres fera une excellente «moumoute» pour les vers de terre et les micro-organismes qui vont accélerer sa décomposition et enrichir ainsi la teneur en humus du sol. Enfin, en bloquant la lumière qui arrive en surface, cette couverture végétale empêche la germination des mauvaises herbes lors des périodes de redoux. Vous veillerez simplement, quand le soleil de mars commencera à grimper sur l'horizon, à ôter le reliquat de feuilles, s'il est encore épais, afin de faciliter le réchauffement du sol.

Protection thermique

Une bonne couche de feuilles aidera également les plantes vivaces frileuses à mieux supporter les rigueurs de l'hiver. C'est le cas des agapanthes, des hydrangéas ou des dahlias, si vous choisissez de laisser les tubercules de ces derniers en terre. Les bananiers cultivés dans les jardins du sud de la France pour leur aspect décoratif apprécient également de garder leur pied bien au chaud. Même chose pour les jeunes arbres, les haies récemment plantées ou encore les jeunes rosiers si vous habitez une région particulièrement gélive. Enfin, les légumes qui passent l'hiver dehors comme les poireaux ou les épinards ne dédaigneront pas non plus une bonne proctection thermique.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Déchets

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Commenter cet article
A
Avant de mettre ses feuilles mortes au compost, il est bon de les ramasser avec "la tondeuse à gazon" quoiqu'en dise Mr Mennessier !<br /> <br /> Mieux encore est d'en profiter pour donner un petit coup aux pelouses et de mélanger les deux ... 1/3 de vert et 2/3 de brun, c'est l'équilibre souhaité par les bactéries pour lancer les bonnes fermentations au compost.<br /> <br /> L'auteur du Figaro parle de 2 à 3 ans pour faire ainsi son compost !<br /> Non ! c'est 6 mois si on remue le tas chaque mois pour apporter l'oxygène nécessaire au travail des bactéries ... 1 an, si on n'y touche pas.
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A
Merci Aygues31, de ces précisions et informations, tu es un vrai spécialiste du compost<br /> <br /> Roland
J
Bonjour,<br /> J’ai beaucoup plus de vers de terre dans le compost contenant feuilles et déchets de cuisine que dans celui uniquement composé de feuilles. Peut être est-ce une explication ?
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A
Merci beaucoup Aygues31 de ces précisions car beaucoup d'entre nous comme moi n'y connaissent pas grand chose et là on en sait un peu plus<br /> <br /> Roland
A
Sont-ce des vers "de terre" ... non, je ne crois pas !<br /> Il est normal de ne pas trouver de lombrics (vers de terre) dans le compost. Ce n'est pas leur habitat.<br /> <br /> Les vers qui se développent dans nos composts sont du genre "Eisinia" qui font, au plus, 10 cm de longueur.<br /> - Eisenia fetida de couleur rouge violacée avec des anneaux jaunes.<br /> - Eisenia andrei, petit, rouge foncé presque noir.<br /> - Eisenia hortensis rose avec des anneaux de couleur crème.
B
Bonjour !<br /> <br /> L'avenue qui jouxte ma villa est bordée d'immenses platanes qui ne sont jamais entretenus...je suis envahi de feuilles mortes peu biodégradables si ce n'est à long terme. L'année passée, et ça recommence cette année, j'ai ramassé 74 sacs plastique de 100 litres de feuilles que j'ai amené à la déchetterie . Par contre les feuilles mortes de mes arbres et arbustes sont mises dans mon compost (tilleul, acacia, lilas,etc).. J'en récolte un bon humus léger que je mélange à la terre. J'y rencontre parfois des larves de cétoines, voire d'hannetons. Jamais de vers de terre....- ? -<br /> Bonne journée.<br /> Cordialement <br /> PJ
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A
Bonjour Pierre-Jean,<br /> <br /> Je ne connais pas assez ces petits écosystèmes pour te répondre de manière précise.<br /> <br /> Les platanes, leurs feuilles sont réputées peu biodégradables.<br /> Pour éviter ce travail, as-tu essayé de broyer ces feuilles, faire et observer l'évolution de ce broyat sur plusieurs années pour vérifier s'il se transforme en compost?<br /> <br /> Peut-être manque-t-il un élément nutritionnel comme l'azote? Certains ajoutent au compost des orties ou d'autres plantes riches en azote.<br /> <br /> Bon courage si tu n'as pas d'autre solution<br /> Roland<br /> <br />