Atomes confus
Publié le 27 Avril 2016
Un triste anniversaire que ce 26 avril pour nous rappeler que le nucléaire est de la haute technologie mais à haut risque.
Les incidents gravissimes comme Fukushima et Tchernobyl ont eu les mêmes effets que des bombes nucléaires mais en moins rapide.
L’électricité nucléaire, j’y étais longtemps favorable.
Ces énormes catastrophes, l’opacité continue des informations techniques, de sécurité et financières données par EDF et les politiques m’ont transformé en opposant à cette énergie.
Il faut l’abandonner au plus vite même si ce ne sera pas fait en quelques claquements de doigts. Trop de risques humains et financiers.
EDF nous ment sur la sécurité en minimisant les risques et les mesures à prendre. Edf ment sur les coûts liés au nucléaire, les coûts d’entretien et les coûts de démantèlement. La France vient de se faire rappeler à l’ordre par la Commission Européenne pour avoir minimisé ces coûts.
EDF reporte la facture aux générations futures. Pour les centrales, le matériel, EDF va amortir à dans ses bilans financiers à compter de 2016, le matériel sur 50 ans alors qu’aucune décision n’a encore été prise sur leur arrêt. Encore une manœuvre politique pour diminuer le coût de l’électricité.
Ces éléments bloquent la transition énergétique vers des énergies moins polluantes car le prix du KWH nucléaire reste très sous évalué. EDF grâce à son lobbying très puissant et organisé a réussi à faire voter des lois d’exception comme
- celle qui permet de ne pas déclarer comme accident de travail un cancer pour un travailleur s’il est déclaré 10 ans après avoir travaillé chez EDF, en particulier les intérimaires employés pour les travaux à risque
- les dérogations sur les matériaux irradiés qui peuvent être recyclés sur un niveau beaucoup plus élevé que voici quelques années
- ou encore tous les tests et travaux sur le site d’enfouissement de Bure dans la Meuse des déchets nucléaires, tout est en législation d’exception.
EDF a aussi très longtemps bloqué la possibilité de produire soi même son énergie, qui à présent est possible pour les grosses entreprises. Les éléments donnés dans les journaux ces derniers jours comme ceux donnés ci-dessous ne proviennent pas d’antinucléaires ni de journaux écologistes ! Ils vont dans le même sens.
A lire et à méditer.
Roland Gissinger
A lire et à consulter le site de la CRIIRAD , un site d’information diffusant de vraies enquêtes et posant des questions sur la sureté du nucléaire http://www.criirad.org/
La maintenance évaluée à 100 milliards
Pierre-Franck Chevret a de bonnes raisons d’être inquiet. Le tout-nucléaire français aborde le virage du vieillissement de ses installations alors que les deux géants EDF et Areva sont en pleine tourmente financière. Vendredi, l’État a dû s’engager à renflouer EDF en y injectant 3 milliards d’euros. Dès cette année, EDF va intégrer dans ses comptes l’amortissement de ses centrales sur 50 ans, sans même attendre l’accord du gendarme du nucléaire, qui donnera son feu vert à une prolongation au-delà de 40 ans réacteur par réacteur. Le premier concerné sera le réacteur n° 1 de la centrale du Tricastin (Drôme et Vaucluse) après 2019.
Extrait DNA 25/4/2016
Trente ans après, Tchernobyl marque toujours les sols français. L’effet écologique est déplorable. Qu’il serve alors à garder les esprits en alerte.
La pollution radioactive d’après-Tchernobyl ne doit pas être prise avec le recul comme un phénomène tellement énorme, si mal maîtrisé qu’il ne se reproduira pas. Tchernobyl est enterrée. L’aléa nucléaire persiste.
Fukushima aurait pu être un autre point de bascule. Là encore, la prudence qu’exige un tel risque a cédé devant les nécessités de production énergétique et la pression économique. La croissance veut des mégawatts.
Mais continuer à dépendre du nucléaire ne relève pas du seul choix des gouvernants. Trop facile ! L’hyper consommation est un grand allié de la fission. Il faut gaver d’électricité la société, donc chacun de nous.
Le nucléaire est technologiquement accessible, plus rassurant au plan géopolitique que le pétrole. Il a quand même de quoi inquiéter. Depuis l’alerte de Three Mile Island en 1979, les mœurs n’ont pas bougé. Le nucléaire demeure l’une des variables des discours électoraux.
En France, il peut être menacé avant les élections, conforté après. Où sont la logique et l’intérêt public ? Est-ce un sujet si comique qu’une ministre de l’Environnement puisse proposer d’installer une usine de voitures dans Fessenheim tout en gardant son portefeuille ?
Dire n’importe quoi, c’est grave. Ne rien dire du tout, ce n’est pas mieux. EDF et Areva ont tardé à avouer des défauts dans la cuve du super-réacteur à Flamanville, le plus cher projet jamais mené. Cuve quand même installée. On peut être convaincu du bien-fondé du nucléaire. Une question demeure : comment rester froid devant l’atome quand les mots et les calculs de ses garants disjonctent ?
L’éditorial de Didier Rose / DNA-24/04/2016