Grand contournement de Strasbourg- Avis négatif du conseil national de la protection de la nature

Publié le 26 Janvier 2018

Fouilles archéologiques sur le tracé du GCO en octobre 2017

Fouilles archéologiques sur le tracé du GCO en octobre 2017

Après l'abandon de l'aéroport de Notre Dames des Landes, ceux qui croyaient un instant que l'ère des grands travaux inutiles est terminée se sont trompés.
Le gouvernement, pour le GCO (
Grand Contournement Ouest) de Strasbourg,
s'assoit sur l'avis du CNPN, instance nationale et de dernier recours pour tous les grands projets et leurs conséquences sur  la nature.
Roland



paru dans DNA S.W. 25/01/2018

Comme pressenti, le CNPN, conseil national de la protection de la nature, a à nouveau rendu un avis négatif à la demande d’autorisation du GCO sur son volet environnemental.

Le gouvernement avait d’ores et déjà annoncé qu’il autorisera la construction de l’A 355, mieux connu sous le nom de grand contournement ouest ( DNA d’hier). Il passera donc outre l’avis du CNPN qui a de nouveau refusé de valider les mesures prévues par le concessionnaire ARCOS afin de limiter et compenser les impacts du projet.

Le CNPN reconnaît que le dossier présenté par Vinci/Arcos et détaillé le 15 décembre dernier devant les experts de l’environnement présentait des avancées par rapport au précédent, « mais il n’en demeure pas moins que l’objectif à atteindre reste l’absence de perte de biodiversité, voire de tendre vers un gain ».

En l’état des propositions, cet objectif ne peut être atteint, a estimé le conseil national de la protection de la nature.

Les griefs portent essentiellement sur l’impact cumulé du projet et des aménagements fonciers prévus. Le CNPN relève par exemple que les travaux et réaménagement consécutifs « pourraient venir contrecarrer tout le travail effectué avec le monde agricole » dans le cadre de la sauvegarde du grand hamster. Que seul l’impact sur ledit rongeur a été étudié par le concessionnaire sans se soucier des autres espèces protégées (crapaud vert, oiseaux, poissons…).

Les engagements pris par Arcos seraient en outre bien trop flous, au point qu’ils comportent des « incohérences entre la volonté affichée de préserver certains milieux » (haies, fossés, zones humides…) et l’évolution attendue à la hausse des surfaces des parcelles cultivées.

« Risque de dégradation à long terme »

Pire, les effets de l’aménagement foncier, agricole et forestier proposé pour permettre la réalisation du GCO « font peser un risque fort de dégradation à long terme » du fait de la non-pérennité des mesures contractualisées seulement sur dix ans avec les agriculteurs. Où sont les garanties au terme des conventions ?

Si les mesures de réduction des impacts sont plus satisfaisantes que dans la première version de la demande d’autorisation environnementale, les mesures compensatoires sont jugées insuffisantes. Le génie écologique n’est pas à même de résorber totalement les impacts et « l’efficacité des travaux envisagés pour créer des zones humides équivalentes à celles détruite, reste par exemple très hypothétique », peut-on encore lire dans les conclusions du CNPN.

Alsace Nature dénonce une mascarade

Cet avis vient confirmer la position des associations environnementales. Elles s’indignent de la position de l’État qui a annoncé qu’il autorisera le projet malgré l’avis négatif du CNPN et sans attendre les résultats de l’enquête publique à venir. « À quoi servent les instances et les procédures si l’État lui-même s’assoit dessus dès que les conclusions de ces procédures contredisent ses projets ? » interroge Alsace Nature. « L’État prétend faire accepter à Vinci des mesures de compensations alors qu’il vient de disqualifier la seule instance indépendante capable de les évaluer. »

L’association fédérative de protection de l’environnement en Alsace appelle à un sursaut citoyen pour faire « cesser la mascarade des consultations publiques actuelles » et revenir aux procédures démocratiques. Elle a notamment dénoncé le passage sur le secteur de Kolbsheim, hier après-midi, d’Arcos « accompagné d’un huissier pour relever les identités des personnes présentes. Cette substitution aux pouvoirs de police n’augure rien de bon pour l’avenir. »

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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