Quelles forêts pour le futur ? : S’adapter à la rareté des ressources en eau (INRA chap 2/4)

Publié le 18 Août 2018

Système racinaire traçant d'un hêtre

Système racinaire traçant d'un hêtre

Système racinaire d'un Pin maritime

Système racinaire d'un Pin maritime

Projet Pilote 
Limiter au maximum les échecs de plantation, voilà un des objectifs du projet Pilote. Et le temps presse car les sécheresses successives commencent à peser lourdement sur le renouvellement des forêts. Pour preuve, 8 millions de jeunes arbres n’ont pas résisté à celle de l’été 2015. Pour survivre aux premières années, les jeunes arbres doivent développer le plus rapidement possible leur système racinaire. Mais ils se retrouvent fréquemment en compétition avec d’autres végétaux, comme la fougère, les ronces ou certaines graminées, qui luttent avec plus d’efficacité pour l’accès à l’eau. Pour donner les meilleures chances de survie aux plantations, les chercheurs testent, dans différentes forêts, de nouvelles méthodes de travail préparatoire, basées sur l’utilisation d’outils mécaniques capables d’intervenir localement, en minimisant l’impact sur l’environnement. Par exemple, en décompactant le sol jusqu’à 60 centimètres de profondeur, de manière à permettre aux plants d’installer plus facilement leur système racinaire. Ou en arrachant en profondeur les racines d’espèces concurrentes, pour retarder leur réapparition, comme alternative à l’utilisation d’herbicides. L’efficacité et l’impact des outils sont mesurés, et des propositions d’amélioration sont soumises aux constructeurs, qui les intègrent dans les versions suivantes. A la mise en œuvre, ces outils sont plus onéreux que les machines classiques. Mais leur plus grande efficacité les rend plus rentables sur le long terme, notamment dans certaines conditions fortement contraignantes pour les jeunes plants.


Biljou©, un joyau pour les forestiers 
Quelles conséquences vont avoir les sécheresses futures sur ma forêt, et que puis-je faire pour limiter les impacts ? Ces questions préoccupent au plus haut point les gestionnaires et propriétaires forestiers. Bonne nouvelle, grâce au modèle Biljou© développé par l’Inra en partenariat avec les forestiers et divers financeurs : ils peuvent désormais calculer l’intensité des sécheresses qui ont affecté leurs peuplements au cours des années précédentes, afin de déterminer précisément leur impact sur la productivité ou la santé des forêts. Mais surtout, l’outil de calcul mis à disposition est capable, en se basant sur différents scénarios climatiques, de quantifier l’intensité, la précocité et la sévérité des sécheresses futures, pour une région, un type de forêt (résineux, feuillus décidus (à feuillage caducs), couvert dense ou clair...) et une nature de sol précis. A ce titre, Biljou© représente un outil précieux d’aide à la réflexion puisqu’il permet au forestier d’appréhender la marge de manœuvre dont il dispose pour adapter sa production à l’évolution du climat.



 

Glands et feuilles de Chêne sessile (Quercus petrae)

Glands et feuilles de Chêne sessile (Quercus petrae)

Optimiser l’utilisation de l’eau ?
 Il y a des gènes pour ça Le chêne sessile et le chêne pédonculé représentent près d’un quart de la superficie forestière française et 11 % du bois récolté. Or, certaines populations montrent des signes inquiétants de dépérissement après chaque épisode de sécheresse extrême. Mais, ce qui interpelle, c’est qu’au sein d’une même population, les arbres ne réagissent pas tous de la même manière au stress hydrique. Certains dépérissent quand d’autres parviennent à optimiser l’utilisation de l’eau dont ils disposent, en limitant l’évaporation, sans stopper leur développement. Dans le cadre du projet H2Oak, les scientifiques cherchent à identifier les traits génétiques impliqués chez les chênes sessile et pédonculé dans l’efficience d’utilisation de l’eau (Water Use Efficiency ou WUE), c’est-à-dire le rapport entre la croissance en biomasse et les pertes d’eau par transpiration. Deux objectifs sont poursuivis. D’une part, caractériser la diversité de la réponse à une sécheresse édaphique au sein des deux espèces, et d’autre part observer, sur le long terme, l’impact de la sylviculture sur cette diversité. Et notamment mesurer à quel point les choix d’exploitation compromettent ou améliorent la résistance des populations à la sécheresse. 

Voir ci-dessous les liens vers les autres articles du rapport de l'INRA sur les forêts du futur.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Changement climatique

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P
Bonjour, <br /> OK pour votre article sur la forêt du futur !<br /> Par contre, en ce qui concerne les arbustes, une forêt sans sous-bois n'est pas vraiment une forêt, il y a donc des arbustes qui résistent à la sécheresse (on le voit ici - 13 - en ce moment !) ) comme l'arbousier, le chêne kermès, l'argelas (Ulex parviflorus), le ciste cotonneux, le prunellier épineux, le genêt, le buis***,etc.<br /> Qu'en pensez-vous ?<br /> Bien cordialement <br /> Pierre-Jean<br /> <br /> *** Je ne sais pas quelle variété de buis pousse dans les collines de mon village (04 - Luberon) mais ce que je vois c'est qu'il est coriace !
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A
Bonjour Pierre-Jean,<br /> <br /> merci de cet avis qui est très juste. Il ne correspond pas tout à fait à la sylviculture productiviste que certains font. Une forêt avec sous bois et arbres morts c'est quand même plus joli et naturel que des plantations forestières avec un seul type d'arbre.<br /> <br /> Je n'ai pas idée sur l'effet d'un sous bois sur la résistance au feu et le volume de bois produit. peut-être un forestier a ces réponses ?<br /> Avis à nos amis lecteurs.<br /> <br /> Le sous-bois de nos régions est très différent de celui du Lubéron : cornouiller sanguin, fusain d'Europe, chèvrefeuilles, viornes, prunus, aubépines, rosiers, sureau .<br /> <br /> Le buis est inexistant comme espèce naturelle et l'arbousier rare, présent sur certains sols sableux et ensoleillés.<br /> <br /> Bien cordialement<br /> <br /> Roland