La Chrysomèle bleuâtre (Chrysolina coerulans).

Publié le 7 Février 2024

La Chrysomèle bleuâtre  (Chrysolina coerulans).
La Chrysomèle bleuâtre  (Chrysolina coerulans).
La Chrysomèle bleuâtre  (Chrysolina coerulans).

La Chrysomèle bleuâtre (Chrysolina coerulans).

La Chrysomèle bleuâtre  (Chrysolina coerulans).


Cette chrysomèle est toxique pour la plupart des prédateurs. Sa carapace voyante doit dissuader ses prédateurs éventuels.
Les substances toxiques sécrétées par les chrysomèles sont un excellent moyen de retrouver leurs liens de parenté.
Martine et Roland



Nom scientifique : Chrysolina coerulans (L.G. Scriba, 1791)

Etymologie : «Chrysolina» vient de « chrysos » , « doré ».
Son nom d’espèce « coerulans», est lié à sa couleur bleue .

Nom allemand : Himmelblaue Blattkäfer.

Nom anglais: blue mint beetle or blue mint leaf beetle .

Classification : elle fait partie de l’ordre des Coléoptères, l’un des plus riches sur Terre : 400 000 espèces décrites sur 1. 500. 000 probables !!
Les coléoptères sont, rappelez-vous, des insectes à métamorphose complète qui possèdent deux paires d’ailes, l’une coriace, non nervurée et l’autre  membraneuse. Ils sont partout et ont colonisé tous les milieux sauf la mer.

La Chrysomèle bleuâtre  appartient à la famille des Chrysomelidae qui compte 37. 000 espèces dans le Monde.
Ce sont des coléoptères phytophages (mangeurs de plantes ) sur un mode souvent exclusif (un seul genre ou famille par exemple).
Dans ce cas, ils sont dits monophages et souvent bien exposés à la vue des prédateurs.
Les Chrysomèles disposent d’un arsenal chimique toxique en cas d’attaque ou d’ingestion.
Elles ont en plus développé comme autodéfenses naturelles des carapaces aux motifs et couleurs très voyantes souvent métalliques.
Le prédateur est ainsi averti ou réaverti, avant une attaque, par ces couleurs dites aposématiques  que les Chrysomèles sont toxiques.
Les  Chrysomelidae se distinguent par leur forme globuleuse, leurs élytres glabres, leurs yeux bien développés. Leurs antennes insérées en avant des yeux, ne dépassent pas la moitié de la longueur du corps et sont légèrement épaissies à leur extrémité.

Date de l’observation: le  10 mai à Vibersviller (57).
 
Dimensions : 6 à 9  mm de long pour 3 à 4 mm de large.

Description et biologie :
Sa forme est trapue, son abdomen oblong. Brillant. Sa couleur générale  est bleu-violet à bleu-vert, la tête et le pronotum souvent plus foncés que les élytres. La ponctuation élytrale et pronotale peu dense est fine et confusément alignées sur les élytres, les interstries sont peu distinctes.
Les bords du  pronotum (dos du premier segment thoracique) sont presque parallèles.
Les antennes sont constituées de 11 segments articulés  comme toutes les chrysomèles.
Les pattes sont longues, terminées par des tarses à 4 articles.
Elles lui permettent de se déplacer avec agilité et vitesse.

Comportement : Adulte, il vole pour chercher un conjoint ou échapper à un danger.
 Comme de nombreux coléoptères, pour dissuader une attaque, il tombe « raide mort » !

Nourriture : exclusivement  phytophage, cette Chrysomèle bleuâtre  est  monomaniaque et s’attaque aux menthes et tanaisies.
Les larves et adultes consomment  les feuilles les marquant de microperforations typiques.

Répartion  selon INPN de la Chrysomèle bleuâtre  (Chrysolina coerulans).

Répartion selon INPN de la Chrysomèle bleuâtre (Chrysolina coerulans).

 la Chrysomèle polie Chrysolina polita

la Chrysomèle polie Chrysolina polita

Pourquoi la chrysomèle secrète-t- elle des poisons : si vous n’avez pas peur des noms chimiques nous vous recommandons la lecture de l’article de Pasteels cité en fin d‘article(1). Il explique dans cet article comment grâce aux substances toxiques, on peut reconstituer la généalogie des chrysomélidés. C’est une aide à la détermination de ces insectes très nombreux et d’aspect souvent très proche.
La faculté de secréter certains toxiques doit donner au prédateur qui l’avale un souvenir tel qu’il n’est pas prés de s’attaquer à nouveau à l’espèce. C’est propre à cette famille de coléoptères.
Il a été démontré que les différentes espèces proviennent d’un seul ancêtre commun. Leurs descendants ont vu leur régime alimentaire restreint à d’autres plantes tout en conservant les facultés d’émettre une substance toxique. La structure de la ou des substances a évolué au fur et à mesure de l’apparition de nouvelles espèces.
Les larves secrètent des toxiques pour repousser des prédateurs de petite taille comme les fourmis. Les substances sont volatiles et un nuage, un aérosol de ces substances se crée autour d’elles. Il est détecté par les antennes des fourmis. Les fourmis vont alors se détourner pour aller vers des proies moins indigestes. Cette faculté est prouvée par exemple quand une larve de chrysomèle dispose  d’une substance repoussante comme de la salicine. Elle le transforme en un dérivé volatil, l’aldéhyde salicinique.
L’adulte de la chrysomèle va secréter d’autres substances comme les cardénolides ( glycosides cardiaques). Ils sont spécifiques et destinés à repousser des prédateurs plus importants comme les oiseaux.
Les chercheurs expliquent que la faculté de secréter des substances toxiques proches mais toutes différentes serait un moyen de survie.
Les chrysomèles   dissuadent les prédateurs par cette grande diversité de toxiques.
Comme la substance est propre à chaque chrysomèle, même  très voisine, le prédateur  ne peut pas adapter sa digestion à toutes les substances émises.
Il existerait un lien entre les toxiques et la plante caractéristique de l’espèce de chrysomèle
.

Reproduction : cette période se situe de mai à août.
La femelle pond une centaine d’œufs au printemps sur des plants de menthe. Les larves  issus des œufs vont se nourrir pendant quelques semaines de la plante hôte. Elles se transforment par plusieurs mues successives. En fin de cycle, elles se laisser tomber au sol pour se nymphoser et émerger ensuite en adultes (imago).
Les  insectes hivernent à l’état adulte sous la terre, sous les feuilles ou dans les tiges.

Confusion :
il existe plusieurs espèces visuellement proches. La distinction se fera le plus facilement avec l’identification des plantes hôtes puisque ces Chrysolina sont monophages. A simple  titre d’illustration une autre Chrysoline, la Chrysomèle polie Chrysolina polita présente également dans des biotopes humides, sur les menthes, le Lycope d’Europe,  mais aussi les asperges et la Mélisse

Habitat : les adultes sont observables dans les milieux humides, les prairies, les milieux forestiers  dans toute l’Europe continentale et jusqu’en Chine centrale.

La Chrysomèle bleuâtre  a été trouvée pour la première fois au Royaume-Uni, dans le Kent seulement en 2011  par le département d’entomologie de la RHS , Royal Horticultural Society.

Protection
Pas de protection spéciale  ou légale pour ce coléoptère.

Horticulture :
L’infestation des plants de menthe par cette Chrysomèle bleuâtre est diagnostiquée par l’apparition de petits orifices  sur les feuilles.
Il est conseillé d’ éviter les pesticides car la menthe est souvent consommée en infusion ou en aromatisants de cuisine.

Ennemis et prédateurs : Guêpes, polistes, carabes ou les oiseaux s’y risquent.
Les larves peuvent être victimes d’endoparasitisme par les mouches tachinaires.


Photos, Roland Gissinger, identification des insectes  : Martine Devondel
Texte (Anab)  Martine et Roland



Bibliographie

Livres jolis et très  instructifs:
Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise.
Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise.
Les Chrysomelidae de France, Jaap Winkelman et Marc Debreuil, édition Rutilans.
Les Coléoptères phytophages d’Europe, Chrysomelidae , Gaëten du Chatenet, édition NAP.


1/Défense chimique chez les Chrysomèles : considérations taxonomiques et écologiques  Pasteels 1985
2/ Clé des chrysomelinae de France Winkellmann Debreuil 97 pages
3/ Biochemical strategy of sequestration of pyrrolizidine alkaloids by adults and larvae of chrysomelid leaf beetles Hartmann 1999

Nous intégrons ici la réponse et explication pédagogique de Martine sur la résolution du quiz de la semaine dernière sur la 3 ème photo de cette insecte.

La moitié du quiz a été résolue car beaucoup ont reconnu dans ce coléoptère une chrysomèle.
Effectivement elle remplit les critères pour être admise dans la famille des ChrysomeliDae :
1/ Antenne filiforme en chapelet, sans massue ( caractéristique des Scarabeidae )
2/ 4 articles aux tarses ( segment terminal de la patte ), très visibles sur la photo.

Elle fait partie également de la sous - famille des ChrysomeliNae:
1. Antennes écartées à leur base.
2. Base du pronotum égale à la largeur de la base des élytres .

Elle fait aussi partie du genre Chrysolina/ Oreina :
1. Pronotum régulièrement convexe, sans bourrelet.
2. Marge du pronotum plus fortement ponctuée.
Je ne prends que les critères visibles sur la photo.

Le quiz est une Chrysolina de couleur fondamentale bleu - violet, avec une ponctuation élytrale et pronotale peu dense et confusément étendue : il s'agit de Chrysolina coerulans , la Chrysomèle bleuâtre, qui fréquente les lieux humides sur diverses menthes.

Il ne s'agit pas de Chrysolina herbacea ( Oreina menthastri ) C.h ( O.m ), la Chrysomèle de la menthe dont la couleur foncière est verte avec des reflets bleuâtres ou dorés.
Si vous mettez les 2 chrysomèles côte à côte, il apparaitra très clairement que Chrysolina herbacea a une ponctuation élytrale plus dense, moyenne à forte, avec des stries régulièrement alignées et des interstries différenciées, ce que ne présente pas Chrysolina coerulans.

A.a : dans ses recherches ,Toll a pensé aussi, je pense, à Agelastica alni, la Chrysomèle de l'aulne.
Si tu mets, Toll les 2 photos côte à côte, tu remarqueras qu'Agelastica alni a les antennes insérées très près l'une de l'autre.
Elle ne fait donc pas partie de la sous famille des Chrysomelinae mais bien de celle des Galerucinae.
Il s'agit de la Galeruque de l'aulne.Elle présente aussi des antennes et des pattes noires, ce que ne présente pas Chrysolina coerulans
Je ne parle que des crières visibles sur la photo.
Oui , le diable se cache parfois dans les détails !

T.t ( Crache-sang ) , cette chrysomèle de couleur noire virant parfois au bleu , pataude à la démarche lourde préfère les terrains dénudés mais sera reconnaissable sur une photo par ses tarses très élargis.



 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Insectes de chez nous

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J
Oui, très intéressantes ces précisions sur les défenses chimiques et les moyens d’identification, bravo !
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(
Merci Jpl
B
Bravo pour cet article très complet et pour la leçon d'identification !
Répondre
A
Merci Bern@rd<br /> (Martine et) Roland
T
Une véritable arme chimique!<br /> Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article très instructif et pour l'explication pédagogique sur la résolution du quiz du 1er février!
Répondre
A
Merci Toll et merci pour Martine qui s'efforce à nous apprendre des rudiments d'entomologie<br /> <br /> Roland