Préserver les systèmes pastoraux pour un avenir durable en montagne

Publié le 15 Mars 2024

paru sur INRAE le 8/2/2024

Clap de fin pour le projet européen LIFE PASTORALP, coordonné par l’université de Florence en Italie, avec la participation d’INRAE et du CNRS en France. Durant près de 6 ans, les scientifiques ont travaillé étroitement avec les agriculteurs, éleveurs et acteurs locaux des parcs nationaux du Gran Paradiso en Italie et des Écrins en France, pour construire des solutions et recommandations visant à préserver les activités pastorales en montagne face au changement climatique. De LIFE PASTORALP sont ressortis un outil de cartographie en ligne pour suivre l’évolution des alpages ainsi qu’une série de recommandations de gestion et de politiques publiques pour assurer l’avenir du pastoralisme dans ces régions montagneuses.

Préserver les systèmes pastoraux pour un avenir durable en montagne

e pastoralisme de montagne, en tant que modèle agricole traditionnel, tire profit d’une exploitation judicieuse des ressources naturelles en menant les animaux en pâturage dans les alpages à une altitude dépassant 2 000 m, du printemps à l’automne. Ce modèle revêt une importance cruciale dans la préservation de la biodiversité, la conservation des paysages naturels et la protection des écosystèmes montagnards. Il joue également un rôle prépondérant dans le maintien des traditions ancestrales, le renforcement des liens communautaires et la contribution à l’identité culturelle des populations locales. Cependant, les systèmes pastoraux font face à des défis croissants, exacerbés par le changement climatique et des pressions économiques et socioculturelles, telles que la baisse de population dans les zones rurales. Pour préserver ces systèmes, une collaboration entre agronomes, écologues, sociologues et économistes, ainsi que les gouvernements et les communautés locales (éleveurs, bergers, administrateurs, gestionnaires du territoire) a été initiée. Cette collaboration vise à mettre en place des politiques et des mesures de soutien, assurant ainsi la survie à long terme des systèmes pastoraux. L’étude s’est spécifiquement concentrée sur les domaines de deux parcs nationaux, les Écrins en France et le Gran Paradiso en Italie.

La science participative au service de l’adaptation des alpages

Le projet met en lumière l’importance d’une méthodologie combinant des observations climatiques et agronomiques sur le terrain, de la modélisation de l’impact climatique et des adaptations de la gestion sur les alpages, et des approches participatives et analyses socioéconomiques, pour parvenir à une transformation durable des systèmes pastoraux. Les entretiens avec divers acteurs locaux ont permis de mieux appréhender leurs besoins et attentes, facilitant ainsi la co-construction de solutions adaptées pour assurer l’avenir des activités pastorales. À titre d’exemple, les échanges ont mis en évidence la préoccupation majeure des acteurs concernant les changements socioéconomiques qui influent directement sur leur activité, tels que l’évolution du cadre de la PAC européenne ou la baisse démographique des régions, posant un défi crucial en matière de transmission des savoirs. L’adaptation à ce contexte en mutation passe souvent par la diversification des activités, en se tournant notamment vers le tourisme de montagne.

Une plateforme interactive pour guider les acteurs

Bien que souvent perçu comme un défi lointain, le changement climatique se manifeste déjà par des variations marquées entre les années, oscillant entre des périodes de grande productivité et des phases de sècheresse intense. Ces disparités posent des défis significatifs dans la planification des activités de pâturage. De plus, une observation clé souligne également que le stress hydrique estival et le réchauffement réduisent la capacité des pâturages à stocker le carbone. Face à ce constat dans ces régions, la mise au pâturage des animaux plus tôt dans l’année émerge comme une stratégie pouvant atténuer la vulnérabilité face aux aléas climatiques. Dans le but d’assister les éleveurs et les acteurs locaux dans la gestion des pâturages, le projet a élaboré une plateforme actualisée et interactive, accessible à tous. Cette dernière intègre les principales pratiques pastorales de montagne et permet d’analyser leurs effets sur la vulnérabilité et la biodiversité. La plateforme offre également l’accès en temps réel à des données provenant de caméras et de capteurs positionnés dans les deux zones d'étude. Ces informations couvrent la température et l'humidité de l'air, ainsi que les caractéristiques saisonnières et la productivité des alpages. Des cartes interactives (https://www.pastoralp.eu/tools/#piattaforma_en_webgis), disponibles pour tous en ligne, permettent de visualiser l’état actuel des alpages et leur évolution en temps réel (https://www.pastoralp.eu/outils/#piattaforma_monitoraggio_fr). Ces cartes s'appuient sur des mesures de terrain et des images satellitaires pour fournir une perspective complète.

 

Outil de cartographie de PastorAlp.

 

L’implication des acteurs locaux dans le projet facilite l’adoption de différentes mesures d’adaptation. Des recommandations disponibles en ligne (https://www.pastoralp.eu/outils/#platform_fr_recommandations) ont été élaborées à destination des responsables et décideurs. Celles-ci mettent l'accent sur la gestion des alpages, des ressources en eau, la protection de la biodiversité, la multifonctionnalité des territoires, la cohabitation harmonieuse entre pastoralisme et tourisme, ainsi que sur la coopération et la formation.

La plateforme en ligne dynamique permet de promouvoir l’adoption et la diffusion des stratégies d’adaptation aux changements des conditions climatiques et socioéconomiques. De plus, celles-ci peuvent être facilement appliquées dans d'autres contextes alpins et de montagne en reproduisant les méthodes, résultats et approches du projet PASTORALP.

PASTORALP en chiffres :

  • 2017-2023
  • 2 314 400 € de budget
  • 8 partenaires : université de Florence, INRAE, CNRS, parc national des Écrins, parc national du Gran Paradiso, Agence régionale de protection de l’environnement de la vallée d’Aoste, Institut agricole régional d’Italie
  • 2 sites pilotes : parc national des Écrins (1 788 km²) et Parc national du Gran Paradiso (710 km²)
  • Plus de100 participants au projet (éleveurs, bergers…)
  • 1 outils de cartographie en ligne et de suivi en temps réel de l’état des alpages des 2 parcs
  • 1 livret interactif de 40 mesures d’adaptation selon différents aléas climatiques
  • 19 recommandations à destination des décideurs politiques

Rédigé par ANAB

Publié dans #Actu-conf-films-expo

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