L’Andrène de la bryone
Publié le 5 Juin 2016
Origine du nom : vient du grec anthrêné : frelon ( on avait peu de notion de systématique à l’époque !) et du latin florea , la fleur.
Classification : fait partie de l’ordre des Hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis…) insectes à 2 paires d’ailes membraneuses et aux pièces buccales de type broyeur-suceur. Ils seraient environ 130 000 espèces sur notre planète dont 8000 en France.
Ce sont des insectes à métamorphose complète comme les coléoptères et les papillons. Ils ont par conséquence des stades larvaires et un stade nymphal morphologiquement et biologiquement différents du stade adulte.Les adultes ( imago ) se distinguent donc par leurs pièces buccales broyeuses- lécheuses et leurs 2 paires d’ailes membraneuses, sans écailles.
A remarquer le cas des fourmis également classées parmi les hyménoptères. Dans cette famille, toutes les fourmis ailées sont des reines et des mâles qui s’accouplent la plupart du temps hors de la fourmilière. Une fois fécondée et à l’abri, la reine arrache ou coupe ses ailes devenues gênantes.
Parmi les pièces buccales des abeilles, les mandibules n’ont qu’une importance secondaire pour l’alimentation mais sont utilisées pour le ramassage du pollen, le nettoyage des pattes, le malaxage de la cire, la confection du nid. D’autres pièces buccales ( le labium et les maxilles ) forment un tube lécheur- suceur permettant l’alimentation mais de type liquide uniquement.
Du point de vue génétique, l’ hyménoptère femelle pond 2 types d’œufs : des œufs à 2n chromosomes issus de la fécondation de l’ovule par un spermatozoïde, qui donneront des femelles, des œufs à n chromosomes issus d’ovules non fécondés qui donneront des mâles.
C’est la femelle qui choisit si l’ovule sera fécondé ou non. C'est en déclenchant l'ouverture du couvercle de la spermathèque qu'elle permet l'arrivée de spermatozoïdes pour féconder un œuf. Si elle ne déclenche pas l'ouverture, l'oeuf non fécondé deviendra un mâle
Elles se caractérisent par une langue suceuse et des brosses sur les pattes postérieures pour la récolte du pollen. La plupart ont la particularité de ne se nourrir que d’une seule sorte de plantes (oligolectique) ou même d’une seule plante (monolectique) ce qui est le cas de cette Andrène de la bryone. Une majorité d'insectes butinent de nombreuses espèces de plantes de différentes familles. Ils sont dits polylectiques.
Dimensions: 11 à 14.5 mm pour la femelle, 9 à 12 pour le mâle
Durée de vie: mai à juin
Description: abeille velue, de couleur noire sur le dessus et à pilosité blanche sur la face ventrale. Particularité : les segments abdominaux, 1 et 2 sont en partie rouge et les 3 et 4 un peu moins.
Possède sur le fémur (trochanter) un pinceau de poils courbes pour ramasser les grains de pollen en plus de la brosse à pollen tout le long externe des pattes postérieures (scopa). Les poils sont abondants et couverts de pollen (voir détail photo)
Nourriture:
Particularité originale, l’abeille femelle ne visite que les fleurs mâles et femelles de la bryone dioïque et la bryone blanche méridionale. Cette bryone dioïque est de la famille des courgettes (cucurbitacées). Voir la photo de cette jolie fleur grimpante toute en finesse mais particulièrement vénéneuse.
Les andrènes sont des abeilles monolectiques ( !) car elles ne visitent qu’une seule sorte de fleur. A l’inverse l’abeille domestique et de nombreux insectes sont donc polylectiques. Essayez de placer ces mots dans une conversation pour briller en société, un peu difficile avouez…
Récolte de pollen
L’andrène femelle récolte le nectar et le pollen le matin avant d’autres concurrents, bourdons, abeille domestique.
Le mâle visite la bryone mais aussi d’autres fleurs comme la vipérine, les ronces…
Toute l’anatomie de cette andrène est conçue pour favoriser la récolte de pollen dont les grains gluants s’attachent aux poils. En visitant les fleurs femelles pour y lécher le nectar, elle va assurer la fécondation en laissant échapper de ses poils quelques grains de pollen.
Au retour à son nid, l’andrène fait une pelote avec le pollen et y ajoute du nectar. C’est sur cette pelote qu’elle va déposer un œuf.
Comment cette abeille est-elle devenue indépendante à ce point de la seule bryone ?
Ceux qui étudient le sujet pensent qu’il s’agit d’une coévolution. L’intérêt de cette spécialisation serait que la période de vie active de l’andrène étant très courte, elle optimise ainsi la récolte de pollen et nectar et donc la nourriture et la survie de ses descendants.
On ignore par contre comment elle repère aussi rapidement cette plante indispensable pour sa survie.
Cycle biologique et activité: une seule génération par an ce qui est peu fréquent
Reproduction: après son accouplement, la femelle creuse son nid dans le sol, nid composé de plusieurs cellules qu’elle remplit de pollen. Elle pond un œuf par cellule, la larve se nourrira de ce pain de pollen. En fin de période, la mère nourricière cesse ses activités et meurt.
A la même période, la larve grandit rapidement et tisse son cocon. Elle y restera quelque temps en diapause, immobile, se nymphosera et achèvera sa mue en insecte parfait
Habitat: construit des petites cellules de ponte au fond d’un puits d’une dizaine de cm dans les haies, prairies, endroits incultes
Prédateurs: chauve souris, oiseaux
Statut de protection : espèce non protégée
Texte : Martine Devondel et Roland Gissinger (ANAB)- Photos : Roland
Article de référence et à voir pour les photos et les explications très fournies sur l’andrène
http://www.svtauclairjj.fr/coevolution/bryone/andrena_patte.htm