Etude des carnivores sauvage- Massif des Vosges et du Jura alsacien

Publié le 19 Janvier 2018

DNA/paru dans les DNA  - GR. G. 04/01/2018

Au plus près des loups et des lynx

Fondé en 2015 et complètement indépendant des autorités, l’Observatoire des Carnivores Sauvages (OCS) collecte les données de présence de loups, lynx et chats sauvages sur le massif vosgien et le Jura alsacien. Formé à Geishouse autour du spécialiste des grands prédateurs Alain Laurent, il rassemble une trentaine de naturalistes de terrain qui quadrillent la montagne

Alain Laurent, spécialiste des grands prédateurs que sont le loup et le lynx, a fondé l’Observatoire des Carnivores Sauvages. Le réseau de naturalistes collecte les indices de présence des deux animaux sur les massifs des Vosges et du Jura. PHOTO DNA

Alain Laurent, spécialiste des grands prédateurs que sont le loup et le lynx, a fondé l’Observatoire des Carnivores Sauvages. Le réseau de naturalistes collecte les indices de présence des deux animaux sur les massifs des Vosges et du Jura. PHOTO DNA

Il a longtemps travaillé pour le centre national d’études et de recherche appliquée de l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS, administration d’État en charge de la gestion de la chasse et de la faune). Il y a animé le Réseau loup-lynx Franche-Comté/Alsace jusqu’à ce que l’État décide de ne pas renouveler son contrat.

« Organiser un véritable suivi »

Mais il n’était pas question pour ce naturaliste passionné d’abandonner le terrain et la cause de la faune sauvage : il a fondé en 2015 l’Observatoire des Carnivores Sauvages depuis Geishouse (vallée de la Thur) où il habite depuis 30 ans. « Le but était d’organiser un véritable suivi des espèces sur le terrain car on s’est rendu compte que le suivi effectué par l’État ne colle plus à la réalité en raison d’un manque de réactivité. Il s’agissait aussi de répondre à la demande de naturalistes de terrain, de mutualiser les moyens pour œuvrer à la connaissance et à la conservation du lynx, du loup, et du chat sauvage. »

Aujourd’hui, l’OCS travaille en réseau avec une trentaine de naturalistes formés à la collecte d’indices. « Chacun a de surcroît son propre réseau d’informateurs. Cela nous permet une présence la plus régulière possible sur le terrain à la recherche des données. »

Des données sur lesquelles l’OCS reste délibérément discrète. Le lynx, réintroduit à partir de 1983 dans les Vosges, sans l’accord de la Fédération de Chasse du Haut-Rhin, a été la cible d’actes de braconnages avérés et décimé sans qu’aucune enquête n’ait permis d’en identifier les auteurs. Quant au loup, les quotas de tirs fixés par l’État (40 loups en 2016-2017 au plan national) pour réduire la pression de l’animal sur les troupeaux d’ovins, ajouté aux actes de braconnage non détectés, compliquent son expansion, voire la pérennité de l’espèce sur certains secteurs. Pas question pour l’Observatoire de faciliter à son insu le travail des braconniers et des agents chargés de réguler l’espèce.

« Le loup, les autorités courent après pour les tirer sans faire de distinction et de sélection entre les individus. Ce n’est pas une réponse adéquate à apporter au monde de l’élevage », estime Alain Laurent, déplorant l’absence de vision des services de l’État qui « attendent les premières attaques » pour proposer des aides aux éleveurs, au lieu d’anticiper. Et « ignorent » assez largement l’état des lieux des populations en Suisse et Allemagne voisines.

« Le Jura Nord est la porte d’entrée du lynx dans les Vosges »

L’OCS documente le massif des Vosges et le Jura alsacien. Cela s’explique aisément : « Le Jura Nord, où la population connaît une dynamique importante, est la porte d’entrée du lynx en Alsace et dans les Vosges. Et les Vosges offrent des conditions favorables pour le retour des grands carnivores : les proies y sont présentes. Ces espèces ont leur place et un rôle à jouer dans l’écosystème. »

Deux corridors remontent du Jura vers les Vosges, l’un par le Jura alsacien, l’autre par Besançon et la vallée de l’Ognon (Haute-Saône). « On est sur le front de colonisation, il nous faut confirmer que les animaux passent par là. On sait que pour le loup italien la porte d’entrée est la Franche Comté nord mais l’Alsace est aussi sur le front de colonisation du loup d’Europe centrale. »

À l’autre extrémité, au nord de l’Alsace, l’Observatoire suit avec attention les lâchers de lynx effectués par les autorités allemandes dans le Palatinat. « Il y a toujours eu du lynx dans les Vosges du Nord », rappelle Alain Laurent, « même avant les lâchers ».

Des félins, « il y en a deux actuellement attestés dans les Hautes Vosges ». Quant au loup, « depuis le début de l’hiver on en suit trois sur le massif, trois adultes. Il n’y a pas de reproduction attestée en 2017. »

Mais la situation reste éminemment évolutive.

http://observatoire-carnivores-sauvages.fr 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale

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