La pollinisation des plantes par les insectes : chapître 4, les papillons

Publié le 11 Février 2018

Demi-deuil (Melanargia galathea)

Demi-deuil (Melanargia galathea)

La pollinisation des plantes par les insectes :  les coléoptères  épisode 1

Pollinisation des plantes par les insectes : les hyménoptères épisode2

Pollinisation des plantes par les insectes : les diptères  épisode 3

La pollinisation des plantes par les insectes :  les papillons épisode 4

La pollinisation des plantes par les animaux vertébrés ou zoogamie- épisode 5

Pollinisation par soi même= autopollinisation- épisode 6



Tout le monde sait qu’il faut des insectes pollinisateurs pour faire fructifier de nombreuses plantes.
Près de 130 000 espèces d’animaux pollinisent 260 000 espèces de plantes à fleurs.

Dans certains cas, remarquez bien que d’autres animaux que les insectes:
des chauve souris, oiseaux, batraciens, des rongeurs peuvent polliniser des plantes. Souvent il s’agit de plantes exotiques.

Par ailleurs, de très nombreuses plantes sont pollinisées par le seul effet du vent comme les céréales ou les conifères dont les sapins.

Nous retrouvons dans ce  quatrième chapitre sur les agents de la pollinisation,  la pollinisation par les papillons,   après avoir abordé dans les trois premiers  d’autres types d’insectes.
Papillons de jour et  papillons de nuit : leur nombre atteint plusieurs  milliers d’espèces rien qu’en Europe.

 

trompe du Vulcain (Vanessa atalante)

trompe du Vulcain (Vanessa atalante)

Nous avons vu que les plantes attirent pour leur fécondation des  insectes par des récompenses : le pollen et le nectar.
Les papillons ne digèrent en principe pas  les grains de  pollen. Ils possèdent des pièces buccales transformées en pompe aspirante à liquides (voi
r Alimentation chez les insectes ).
 C’est donc le nectar qui les intéresse.
Leur trompe déroulée peut atteindre une grande dimension et aller aspirer le nectar dans des recoins des fleurs  comme des tubes ou les fameux éperons des orchidées,  et autres ancolies.
Souvent, ces recoins ne peuvent pas être léchés par les abeilles.

Qu’est ce que le nectar ?
Le nectar est un liquide sucré par la plante riche en sucres simples comme le fructose, le glucose, le saccharose, en sels minéraux, arômes ….
Chaque plante produit un nectar de composition exclusive. Des espèces voisines de même genre peuvent avoir des nectars voisins mais ils seront rarement les mêmes.
L’analogie est complète avec les jus de fruits provenant des fruits de s plantes.
Leur composition est absolument unique et le résultat  de l'expression des gènes. L'analyse chimique  permet de distinguer les jus de fruits  et de retrouver  la plante d’origine sans les goûter. Il suffit  de visualiser  leur composition ou d'analyser les pourcentages relatifs et de les comparer à une banque de données.
Pour les nectars on pourrait faire de même mais les quantités disponibles sont infimes.





 

Aurore (Anthocharis cardamines) et un azuré
Aurore (Anthocharis cardamines) et un azuré

Aurore (Anthocharis cardamines) et un azuré

Pollinisation par les papillons de jour (psychophilie) :
ils sont attirés par la couleur rouge. Les photorécepteurs sont beaucoup plus nombreux que chez les abeilles en particulier  chez les familles des Nymphalidae (Le Vulcain, Tabac d’Espagne…) mais aussi  celle  des Noctuidae (petits papillons de nuit).

 

Pollinisation par les papillons de nuit(phalaenophilie) :
- certains grands  papillons d e nuit volent en faisant du sur place comme les hélicoptères. Les fleurs pollinisées seront grandes, voyantes, avec de grandes quantités de nectar et un parfum intense et des pétales en tube
-  d’autres plus petits peuvent visiter des fleurs plus petites  et ont des besoins moins importants en  nectar  


 

La pollinisation des plantes  par les insectes : chapître 4,   les papillons
Sphinx de la vigne (Deilephila eliator)

Sphinx de la vigne (Deilephila eliator)

Convergence des espèces :
Les plantes et les insectes évoluent ensemble vers des formes qui rendent la forme de la plante de plus en plus spécifique. Le nombre de fleurs d’espèces différentes visitées  par un seul insecte diminue. Ceci augmente les chances de fécondation de cette espèce. Moins de pollen se perd et la plante économise son énergie à produire du pollen riche en protéines au contraire du nectar pauvre en protéines.

Des papillons de forme voisine peuvent ainsi visiter et  polliniser les mêmes types de fleurs.
Les papillons n’ont pas comme objectif de féconder des fleurs. Leur intérêt est différent de celui des fleurs.
Ils peuvent en se spécialisant,  identifier parmi d'autres ces fleurs et donc  récolter plus rapidement le  nectar. Une fleur avec des sites de nectar, des nectaires, biens spécifiques et peu accessibles,  leur permet d’éviter une concurrence trop large avec d’autres  insectes.

Le  biologiste L.Van Valen  (1973)   affirme que la persistance d'une   espèce dans un environnement n'est possible que par un effort adaptatif permanent  qui les pousse à se   coadapter  réciproquement pour rester   à la même place  sur le plan adaptatif  . Cette théorie   dite «  Théorie de la reine   rouge  »établit que   «  l'évolution permanente d'une espèce est nécessaire pour maintenir son aptitude suite aux   évolutions des espèces avec lesquelles elle coévolue  ».   Par ailleurs, la sélection réciproque entre espèces  agit comme un moteur évolutif et un engin de diversification  En   effet, les interactions, notamment   mutualistes, amènent certaines espèces à une perpétuelle évolution qui façonne   leurs traits, leur physiologie et leur morphologie. évolution qui façonne  leurs traits, leur physiologie et leur morphologie.

 

étoile de Madagascar (Angraecum sesquipedale) (photo smithsoniangardens.wordpress.com/tag/angraecum/)
étoile de Madagascar (Angraecum sesquipedale) (photo smithsoniangardens.wordpress.com/tag/angraecum/)

étoile de Madagascar (Angraecum sesquipedale) (photo smithsoniangardens.wordpress.com/tag/angraecum/)

L’étoile de Madagascar (Angraecum sesquipedale) est une orchidée originaire de l’Île dont elle porte le nom. Elle présente un éperon de 25 à 30 cm de long dont le fond est rempli de nectar. En découvrant cette orchidée, Alfred Russel Wallace prédit en 1862 qu’il devrait exister un papillon avec une trompe suffisamment longue pour se nourrir du nectar de cette orchidée et par la même occasion la polliniser. Mais aucun papillon de ce type n’était connu à l’époque. Ce n’est que 41 ans plus tard que Lionel Walter Rothschild et Karl Jordan ont décrit ce papillon de l’espèce Xanthopan morgani avec une trompe suffisamment longue auquel ils ont même attribué le nom de sous-espèce predictae en hommage à la prédiction de Wallace. Depuis une autre orchidée  (Angraecum eburneum variété longicalcar) avec un éperon de 40 cm de long a été découverte et on ignore encore si un papillon avec une trompe aussi longue existe.

La symétrie des fleurs joue également un rôle dans l’attraction des insectes. Les fleurs à symétrie radiale sur lesquelles les insectes peuvent se poser dans différentes positions attirent souvent plus d’insectes différents que les fleurs à symétrie bilatérale



Efficacité de la pollinisation par les papillons :
Les papillons à l’inverse des abeilles et bourdons,  sont peu velus. Ils  transportent un nombre de grains de pollen peu élevé.
Mais, au final, il existe peu  de données scientifiques sur ce sujet.


Roland Gissinger (Anab)  Texte, Photos (sauf mention) , Bibliographie


 

sources:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_pollinisation
https://www.jardinsdefrance.org/pollinisation-insectes-vertebres/
http://www.sordalab.com/documents/PLAQCPA.pdf
http://vigienature.mnhn.fr/ecole/la-pollinisation-etape-1

Rédigé par ANAB

Publié dans #découverte nature

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H
La pollinisation des plantes par les papillons et les jus de fruits, j' imagine tu as bien pensé ton ancien lieu de travail , Roland.<br /> Article très clair et compréhensible, oui l' évolution du vivant est fascinant et la nature sait très bien que l' évolution ne doit pas toujours accelérer les choses comme c'est le cas des lichens de Gilles.
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R
Merci Hans de tes remarques.<br /> <br /> <br /> Oui, les nectars, les jus de fruits, les arômes, les molécules complexes comme les flavonoïdes sont l'expression du patrimoine génétique des plantes et donc uniques pour chacune.
R
merci de ton commentaire Christian.<br /> <br /> Le monde vivant est rempli d'exemples incroyables d'écologie et de vies imbriquées par cette force incroyable qu'est l'évolution.
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W
L'article et les rapports qu'il décrits sont en soit plus que déconcertants :c'est tout une systémique,voire une cybernétique du vivant qui est implicitement évoquée.L'homéostasie des milieux,on est ici en pleine écologie,j'ajoute la seule vraie!<br /> Merci aussi de rappeler la figure de Wallace qui mériterait de figurer à la même place pour la formulation de la théorie de l'évolution ,que Darwin.
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