La Hoplie bleue
Publié le 8 Août 2018
Si vous habitez l’est du pays, vous ne l’avez jamais vue auprès de chez vous. Si vous habitez la moitié sud de la France ou
si vous y avez voyagé, vous avez peut être rencontrée cette Hoplie.
Avouez que son aspect « déménage ». Cette couleur bleue turquoise métallique ne se trouve pas souvent dans la nature.
Il existe des insectes bleus métalliques mais de couleur très foncée comme les bousiers, les libellules de type de caleoptéryx.
Roland
Nom scientifique : Hoplia coerulea (Drury, 1773)
Famille et classement : c’est un coléoptère de la famille des scarabaeidae, proche du hanneton
Date de l’observation: le 13 juillet à Retournac (Haute Loire)
Dimensions : 8 à 12 mm de long pour 4à 6 mm de large
Description et biologie :
Cet insecte est remarquable car le mâle par sa couleur bleue décrite en introduction, est celle « d’une turquoise voilée par des fines poussières d’argent ». Pour cet aspect il a été monté à une époque en monture sur des bijoux !
La femelle possède également ce que l’on appelle des microtuiles ou squamules de chitine (matière du squelette des insectes) .
Ce sont des piles de 22 microtuiles de 3.5 µm d’épaisseur qui provoquent cette irisation. Elles sont disposées comme des cristaux et parfaitement alignées avec un espace régulier de dimension fixe. La lumière réfléchie donne cette couleur bleue. Vous pouvez voir des photos de ces microstructures-tuiles.
La référence du travail des physiciens belges du 1Laboratoire de Physique du Solide de Namur qui ont fait ces photos par microscopie électronique à balayage, MEB / SEM est donnée à la fin de l’article. Ce n’est pas facile à tout comprendre. En tout cas moi je n’ai pas tout saisi…
Ces tuiles sont en quantités faibles et non régulières chez les femelles. Elles ne provoquent plus qu’une faible irisation et au final une couleur brunâtre, nettement moins flashy que chez le mâle. Ceci explique que les femelles très discrètes sont difficiles à trouver et en plus elles sont plutôt au sol que dans les herbes.
Le mâle Hoplie pour se reproduire se place au sommet des herbes. Il soulève alors ses pattes pour dégager ses glandes émettrices de phérormones, ces fameuses substances magiques, propres à une espèce et volatiles qui attirent les femelles Hoplie. Cela attirerait aussi les autres mâles ce qui provoque des combats.
Particularité : l’arrête externe des tibias antérieurs est tridentée. Utile pour identifier les femelles, les mâles ne pouvant être confondus avec d’autres espèces.
Nourriture : les adultes sont phytophages de poacées – graminées, des herbes communes le long des rives
Reproduction : la période se situe de mi juin à mi juillet
Mâles et femelles finissent par se rencontrer. La femelle pond des œufs sur le sol. Les larves issues des œufs vont se nourrir des racines des végétaux.
Habitat : fossés humides et bords des cours d’eau moitié sud de la métropole et en particulier, le bassin de la Loire.
Etymologie : Hoplia viendrait du du grec ancien,ὀπλή "hoplē" qui signifie sabot de quadrupède mais aussi en dérivé, armure et revêtement. ceci est une allusion sans doute à ses griffes supplémentaires sur les tibias antérieurs. Ce critère est commun aux hoplies même non colorées.
Merci à Hans qui m'a mis sur la voie en me renvoyant à l’article en allemand sur wikipedia.
Son nom d’espèce vient du latin « caerulea», « bleu ».
A noté que son nom a été donné à une ville d’Indre et-Loire, Ile aux Hoplias.
Protection et Prédateurs : oiseaux, chauve souris . Pas de statut de protection.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Jean Pol Vigneron, Jean-François Colomer, Nathalie Vigneron, Virginie Lousse: "Natural layer-by-layer photonic structure in the squamae of Hoplia coerulea (Coleoptera)" PHYSICAL REVIEW E 72, 061904 2005 doi:10.1103/PhysRevE.72.061904 als PDF
https://de.wikipedia.org/wiki/Hoplia_coerulea