L'Armérie maritime, Gazon d'Olympe maritime, Herbe à sept têtes ( Armeria maritima)
Publié le 4 Février 2024
Fleurs et feuilles de l'Armérie maritime, Gazon d'Olympe maritime, Herbe à sept têtes ( Armeria maritima)
Nous avons découvert ces derniers jours des plantes peu communes dans l’Ouest. En voici une inconnue dans le Centre et l’Est, vraiment typique des bords de mer, Bretagne Normandie.
Roland
Nom scientifique : Armeria maritima (Mill.) Willd., 1809
Synonyme :
Origine du nom : « ar mor» vient du celtique, « le bord de mer », et « maritima »signifie «de la mer, maritime ».
autres noms communs : Œillet marin ; Gazon d’Espagne
Nom commun dialecte / allemand : Strand-Grasnelke, Gewöhnliche Grasnelke
Noms anglais : thrift, sea thrift or sea pink
Date de l’observation: plante vue le 8 julllet à la Pointe Bilfot Côtes d’Armor (22) , tiens on retrouve la même racine « Armor » !
Famille de plantes : celles des Plumbaginaceae voisine des caryophyllacées (œillets) qui regroupe 836 espèces en 29 genres (2) de différentes régions du globe et d’aspect différent : des lianes, des arbres, des herbes. Il existe entre 80 et 90 espèces d’arméries. En France nous avons les arméries et le genre Limonium, comme la fameuse Lavande de mer.
Caractères communs : fleurs regroupées (épis, grappes, cymes…) Les fleurs ont une forme d’ étoile, à symétrie dite actinomorphe, de type 5, 5 sépales connés, 5 étamines épipétales, 5 carpelles soudés en un ovaire à 5 styles.
Catégorie : plante vivace, strictement de bord de mer et halophyle
Hauteur: 2 à 30 cm
Tiges et racines: tige nue simple avec une gaine de 10 mm au sommet. Plante avec les fleurs en capitules (techniquement des cymes) terminaux. Elle se développe en formant des « coussins ». Les racines sont longues, pivotantes et rameuses.
Feuilles: linéaires, de 1 à 3 mm de large, à une seule nervure.
Fleurs et répartion selon INPN de l'Armérie maritime, Gazon d'Olympe maritime, Herbe à sept têtes ( Armeria maritima)
Floraison: avril à octobre avec un pic en mai-juin
Fleurs: les fleurs de couleur rose pâle à rose vif (quelquefois blanches) sont groupées au sommet des tiges. Le diamètre des capitules est de 1.5 à 2 cm et la taille des fleurs de 7 à 11 mm.
Chaque fleur de type 5, possède 5 sépales de 2 à 3 mm, obtus soudés à la base, 5 pétales en étoile, arrondis. A l’intérieur 5 étamines (de 4 mm) sont soudés aux pétales et entourent le pistil formé de 5 carpelles soudés.
Les capitules sont entourées de feuilles ou bractées souvent sèches sur 3 à 4 rangs disposées en spirale.
Pollinisation : par des insectes, abeilles et papillons en particulier.
Confusion : oui avec d’autres fleurs roses mais avec les autres arméries non. Les autres arméries diffèrent déjà par leur milieu de vie et sont souvent plus grandes.
Fruits : les fruits sont des capsules auxquelles restent adhérents le calice et la corolle. Les graines sont dispersées par les animaux grâce aux aspérités des fleurs mûres et par le vent car elles sont très légères.
Habitat: c’est une plante exclusivement de lumière sur le littoral, falaises, dunes, pelouses maritimes, prés et marais salés. Elle supporte bien les milieux secs mais ne fleurit pas à l’ombre. Elle est présente dans l’hémisphère Nord le long des côtes.
Statut de protection : Cette plante est protégée en région Nord-Pas-de-Calais, classée vulnérable ou quasi menacée dans de nombreuses régions..
Statut VU, vulnérable en Picardie, Poitou-Charentes, NT, quasi menacée en Aquitaine, Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie. Elle est déterminante Znieff dans les mêmes régions.
Écologie :
Elle est résistante à des hautes teneurs en cuivre jusqu’à 6400 mg/kg. Elle pourrait être utilisée pour dépolluer les sols en récoltant les tiges en fin de saison.
Usage décoratif : Les jardiniers l’utilisent dans tous les pays pour décorer les massifs de rocaille et la RHS, Société Britannique d’horticulture a mis en évidence ses qualités paysagères..
Usage alimentaire
Plante rare sauf jardin.
Usage médicinal:
Usage traditionnel comme antiépileptique.
Aucun usage n’est confirmé par wikiphyto.
L’Armérie maritime contient des polyphénols et flavonoïdes reconnus comme antioxydants : l’’acide caféique, la Myrécitine, la Quercitine et le Kaepférol. Leurs quantités varient selon les climats locaux car ce sont d’abord des substances de défense de la plante contre les stress climatiques oules attaques de phytophages..
Des études sont faites régulièrement sur cette plante et d’autres pour essayer d’y trouver des molécules de traitement des maladies humaines ou de maladies d’animaux d’élevage. Ce sont souvent les chercheurs des pays moyennement développés qui font ses recherches, c’eux d’Europe Centrale, Afrique du Nord, Moyen Orient et ancienne Urss.
Recherche à Strasbourg sur Armeria maritima
Cette plante a été très peu étudiée au niveau composition et effet médical. Pour une fois c’est une chercheuse , Lorène Gourgillon, de l’Université de Strasbourg (2) qui a fait une thèse sur deux plantes des bords de mer dont l’une est notre Armérie maritime. Il est difficile de résumer ici les 436 pages de sa thèse d’autant plus que les éléments intéressants ont fait l’objet de plusieurs brevets ou bien ne sont, tout simplement, pas publiés de manière ouverte. Quand des enjeux financiers sont importants les résultats intéressants ne sont pas données au public, facile à comprendre.
Les nouvelles techniques de cultures de cellules végétales dites CVIV permettent de développer en grandes quantités des cellules végétales d’une espèce donnée.
Ceci évite d’avoir à prélever des échantillons dans la nature de plantes rares protégées par la loi comme notre armérie. La qualité du matériel obtenu est plus stable et peut être produite en masse en cas de débouchés commerciaux. Le nombre de publications scientifiques sur ces sujets est passé de 100 dans les années 1970-1975 à 1399 entre 2011 et 2015. Le nombre de brevets déposés a été multiplié par 200.
Lorène Gourgillon a identifié 9 polyphénols de l’Armérie. Certains comme le picéol, le tyrosol sont des anti-inflammatoires déjà connus. Elle a trouvé et identifié 3 lignanes, 2 mégastimanes et 17 flavonoïdes tous avec des noms à coucher dehors comme la Myricétine 3 O béta D Glucopyranoside (joli n’est-ce pas ?). Ces 17 derniers font partie des flavonoïdes aux propriétés anti-cancéreuses.
Lorène Gourgillon a testé des extraits de plante et trouvé des activités anti-oxydantes très intéressantes, une activité anti-collagénase (contre le vieillissement de la peau) et un fort pouvoir cicatrisant. Les molécules responsables n’ont (d’après ses dires) pas toutes été identifiées.
Photos, texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/"Mechanisms of copper tolerance by Armeria maritima in Dolfrwyong Bog, north Wales—initial studies" Brewin 2003
2/ Etude de deux halophytes, Armeria maritima (et Helichrysum stoechas :exploration phytochimique, approche biotechnologique et valorisation dermo-cosmétique- Gourguillon 2017