Régénérer sa queue ne serait pas sans conséquence pour le lézard

Publié le 29 Juillet 2019

Paru sur SciencesetAvenir le 15/7/2019

Des chercheurs ont étudié chez des lézards les conséquences d'une repousse de la queue à l'échelle cellulaire. Selon leurs résultats, le processus n'est pas anodin.

Lézard de l'espèce Chalci-des ocellatus

Lézard de l'espèce Chalci-des ocellatus

La régénération cellulaire n'est pas un processus anodin. Elle a notamment des conséquences sur la longueur des télomères, des morceaux d’ADN situés à l’extrémité des chromosomes et dont la longueur est liée à la durée de vie des cellules. Trop courts, ils engendrent la sénescence cellulaire, une dégradation. C'est la découverte faite par des chercheurs de l'Université de Tasmanie, en Australie et d'autres de l'Université de Göteborg en Suède. Leurs résultats ont été publiés le 10 juillet 2019 dans la revue Biology Letters.

Le métabolisme du lézard sans queue est modifié

Le phénomène est connu : les lézards sont adeptes de l'autotomie caudale. Menacés par un prédateur, ils se séparent volontairement de leur queue pour s'enfuir. Il faut ensuite régénérer le fameux appendice. La division cellulaire augmente alors et le métabolisme est modifié. Sans risque pour l'animal ? Pour le vérifier, les chercheurs ont étudié des lézards de l'espèce Niveoscincus ocellatus. Ils ont induit l'autotomie afin de faire différentes mesures. Ils ont évalué la taille des télomères grâce à des prélèvements de sang avant et après la régénération de la queue. Et ils ont mesuré la quantité d'espèces réactives de l'oxygène (ERO), des sortes de sous-produits du métabolisme. Si elles sont trop nombreuses par rapport aux capacités cellulaires antioxydantes, alors un déséquilibre se créé et engendre du stress oxydant explique deux chercheuses, Camille Migdal et Mireille Serres, sur le site de Médecine/ Sciences.

Un phénomène coûteux pour l'animal

Dans le cas du lézard, la hausse de la division cellulaire couplée à la modification métabolique engendre du stress oxydant. "Des taux métaboliques élevés dus à une croissance rapide sont associés à une respiration aérobie accrue, produisant plus d'espèces réactives de l'oxygène qui, à leur tour, endommagent les télomères", soulignent les auteurs de la nouvelle étude. Les résultats obtenus "suggèrent que la régénération de la queue après l'autotomie implique une réponse au stress oxydant, ce qui peut entraîner un coût pour la réparation des télomères". "Ce changement dans la 'maintenance' des télomères démontre donc un coût potentiel à long terme pour la régénération de la queue au-delà de la repousse du tissu lui-même", notent les scientifiques. Les spécimens avec une queue intacte ont vu la taille de leurs télomères augmentée alors que ceux des lézards qui avaient utilisé l'autotomie caudale n'ont pas changé. "Cette tendance confirme nos prévisions initiales et corrobore l'idée selon laquelle la perte de la queue est associée à des changements dans la dynamique des télomères", souligne les chercheurs. Ce phénomène est coûteux pour l'animal. Les auteurs rappellent en outre que cela "peut compromettre la croissance, la reproduction, l'efficacité du système immunitaire et la survie".

Rédigé par ANAB

Publié dans #Apprendre de la nature

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P
scientifiquement, c'est peut être intéressant mais pour le commun des mortels, hum!
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