Sologne : l'engrillagement de la forêt s'est amplifié durant le confinement

Publié le 12 Juin 2020

paru sur Franceinfo le 8/6/2020


Depuis des années, des kilomètres de grillage sont érigés en Sologne par de grands  propriétaires qui clôturent leurs territoires. Cette pratique s’est amplifiée pendant le confinement et révoltent de nombreux Solognots. Car les premières victimes, ce sont les animaux, littéralement pris au piège dans ces enclos infranchissables

L’engrillagement de la Sologne est un problème qui empoisonne la vie des Solognots depuis plus de vingt ans, mais avec la prise de conscience liée à l’environnement et au bien-être animal, il prend plus que jamais l'allure d’un vrai débat de société.  

Vaste territoire de 5000 km créé au XIXe siècle pour assainir les marécages, la Sologne est connue pour ses étangs et ses forêts propices à la chasse qui souvent ici prend un caractère privé. De riches propriétaires – Seydoux, Bouygues, Bich ou encore Dassault – ont pris l’habitude de clôturer leurs territoires de chasse, ce que le droit français leur permet de faire. Au total, ce sont plus de 4000 km de grillage qui ont ainsi été déployés en Sologne.

Piéger le gibier

Une gangrène qui révolte Marie et Raymond Louis. Chasseurs, ils se sont pourtant engagés dans un combat via l’association des Amis des Chemins de Sologne. Sur le terrain, ils découvrent régulièrement des nouvelles installations, qui pour certaines sont apparues pendant le confinement. C’est le cas aux abords de la propriété de Benjamin Tranchant dont la famille a bâti un empire composé de 16 casinos en France. "Ses 30 hectares vont être clôturés en laissant une partie libre. On va donner beaucoup à manger aux animaux sur ce territoire et faire rentrer les bêtes par la partie non clôturée. Son idée, c’est ensuite de fermer, comme ça on piège tout le gibier qui peut y avoir dans le coin."

 

Marie et Raymond Louis de l’association des Amis des Chemins de Sologne, mesurent des grillages dont la hauteur dépassent souvent celles imposées par la réglementation.
Marie et Raymond Louis de l’association des Amis des Chemins de Sologne, mesurent des grillages dont la hauteur dépassent souvent celles imposées par la réglementation. (A. Rigodanzo / France Télévisions)

 

Impossible pour les animaux de franchir ces obstacles qui mesurent parfois deux mètres de haut. Certains se blessent, d'autres meurent à petit feu en restant coincés dans les fils de fer. Pour réduire ces risques, en 2018, le Conseil régional a fixé des limites : les grilles ne doivent pas dépasser 120 centimètres en hauteur et laisser un espace de 40 centimètres au-dessus du sol pour permettre à la pette faune de circuler. Une belle avancée, mais comme la mesure ne prévoit aucune sanction, elle est restée sans effet.  

Une "aberration" pour le cinéaste Nicolas Vanier

Le cinéaste solognot Nicolas Vanier, lui aussi engagé dans ce combat, comprend mal comment une telle pratique peut encore perdurer. "Nous allons vers une loi qui va interdire la chasse dans des espaces où on les animaux n’auront pas la possibilité de s’enfuir".

durée 1min30

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale

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G
Après les 'miradors de chasse', c'est à présent les 'camps de concentration' ... réservés aux "Grands-veneurs" !
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