Repas du castor (Biber biber)

Publié le 12 Janvier 2022

Traces de coupes de Castor d'Europe Biber biber- Photos Étienne Feuchter
Traces de coupes de Castor d'Europe Biber biber- Photos Étienne Feuchter
Traces de coupes de Castor d'Europe Biber biber- Photos Étienne Feuchter
Traces de coupes de Castor d'Europe Biber biber- Photos Étienne Feuchter

Traces de coupes de Castor d'Europe Biber biber- Photos Étienne Feuchter

Baguette écorcée par un castor

Baguette écorcée par un castor

La composition de l'alimentation
Le castor d'Europe se nourrit de 230 espèces végétales parmi lesquelles 80 espèces de ligneux, les 150 restantes étant des herbacées aquatiques et terrestres (Kitchener 2001; Recker 1997; Zahner et al. 2005). Seule la consommation des ligneux est connue de façon précise car plus facilement observable (fèces libérées dans l'eau).
La diversité alimentaire est tributaire des espèces végétales locales parmi lesquelles l'animal opère des choix (le castor du Rhône est plus porté sur les herbacées) et dépend aussi de traditions familiales acquises par l'imitation des adultes.
Les ligneux au menu
Les salicacées sont privilégiées (salix et populus), à un moindre degré les bouleaux, chênes, érables, ormes, hêtre et charme, le noisetier  (là où les saules et peupliers font défaut),  enfin des "prunus", frênes et quelques conifères. Parmi les espèces peu appréciées figurent l'aune et le tilleul, le marronnier, le fusain, la bourdaine et les épineux. Le castor évite le sureau
Les herbacées au menu
- terrestres : reine des prés, podagre, consoude, persicaire, chardons, rumex, ortie, etc...
- aquatiques : roseaux, nénuphars,  et de façon générale, toutes les plantes présentant un bon développement végétal.
La consommation en petites quantités de plantes réputées toxiques a été constatée : muguet, cigüe et même le gui (Nitsche 1985)

Alimentation et saisons
Le régime hivernal est essentiellement basé sur la consommation d'écorce (surtout pour les couches cellulaires de phloème, le tissu conducteur de la sève élaborée riche en glucides  et de cambium, tissu de renouvellement et de croissance) mais aussi d'organes souterrains (rhizomes, racines). En été, les herbacées sont privilégiées. Ceci se traduit par des temps différents consacrés à la recherche de nourriture : jusqu'à 90% de l'activité en été et de 60% à 90% en hiver pour le castor canadien (Müller-Schwarze 2011).

La constitution de réserves hivernales
Dès septembre, le castor commence à couper des ligneux et confectionne des radeaux de branchages semi immergés (utilisables en cas de gel) et parfois alourdis d'espèces moins consommées (aune). Des herbacées peuvent également être mises en réserve. Ce comportement s'observe surtout pour les groupes de castors en eaux calmes capables d'être prises par la glace. Les réserves ne suffisent cependant pas à passer tout l'hiver.

Influence des composants végétaux sur l'alimentation
La préférence pour les salicacées serait à relier au fait que ces essences renferment peu de tanins connus pour leur rôle répulsif et donc protecteur vis à vis des herbivores. Ainsi les jeunes rejets de salicacées très riches en tanins sont délaissés par les castors pendant un certain temps. Ces tanins inhibent le fonctionnement des enzymes digestifs et augmentent la durée du transit. Cependant le castor possède dans sa salive des enzymes capables de dégrader les tanins galliques mais pas les tanins catéchiques  ( Müller-Schwarze 2011 et al). Le castor arrive à choisir les arbres à taux réduit en tanins. Les espèces ligneuses  délaissées par le castor sont riches par ailleurs en composés peu digestes (hémi-)cellulose et lignine et ce malgré la caecotrophie et l'existence de bactéries symbiotiques.
Des régimes offrant un choix alimentaire limité ont montré une perte de poids des individus ainsi qu'une baisse de fertilité. Le castor est donc contraint de trouver une nourriture variée dans laquelle le noisetier,le frêne et les herbacées aquatiques sont une source de sodium, alors que le Prunus padus et le peuplier sont une source de phosphore (Nolet et al 1994)

Quantité de nourriture
Des mesures de métabolisme ont donné quelques indications sur les besoins journaliers, qui sont de l'ordre de 0,9 kg d'écorce par jour en hiver (ce qui correspond à un arbre de moins de 3 cm de diamètre) et entre 1,5 et 2 kg de plantes en été. La coupe de gros arbres intervient souvent dans des zones où la nourriture est plus rare et où le bois est destiné aux huttes et barrages. Mais la plupart des prélèvements se concentre sur des arbres au diamètre inférieur à 10cm et majoritairement de 5 cm

Distance à la rive
Le castor étant habitué à consommer la nourriture près de l'eau (refuge) dans des sites qualifiés de réfectoires, ses déplacements sur la terre ferme sont relativement limités (10 à 20m). Mais comme les zones cultivées s'étendent souvent au plus près des cours d'eau, les dégâts sont inévitables.

Traduction de l'article Die Emslandbiber Die Seite über die Biber im Emsland / Biologie des Bibers : Ernährung


par Étienne Feuchter (Anab)- Photos Étienne Feuchter



Voir nos autres articles sur le castor:

Traces de castors (1)
Traces de castors (2)

Le castor, notre meilleur allié contre les feux de forêt

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité de notre région

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C
Merci pour tous ces rappels sympa
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H
merci pour cet article instructif : l'observation et la connaissance du terrain sont indispensables pour trouver une réponse ;
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A
Merci Heintz de ce commentaire. L'observation et la connaissance sont non seulement indispensables mais aussi jubilatoires quand on découvre ces traces étonnantes pour des animaux<br /> Roland
B
Suite à cet artcicle, j'ai compris que l'objet du quiz était plus les traces de coupes du castor que le gui.<br /> <br /> Une bonne leçon !
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R
Bernard, une bonne leçon aussi pour ceux qui posent des quiz