La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse (Timandra comae).

Publié le 20 Septembre 2023

Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).-  Photos : Dominique Perrier (Anab)
Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).-  Photos : Dominique Perrier (Anab)

Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse (Timandra comae).- Photos : Dominique Perrier (Anab)

La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).- chenille photos  Jean Yves Baugnée et répartition selon Oreina
La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).- chenille photos  Jean Yves Baugnée et répartition selon Oreina
La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).- chenille photos  Jean Yves Baugnée et répartition selon Oreina
La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse  (Timandra comae).- chenille photos  Jean Yves Baugnée et répartition selon Oreina

La Timandre aimée, le Talisman, la Phalène anguleuse (Timandra comae).- chenille photos Jean Yves Baugnée et répartition selon Oreina

Voici un » papillon de nuit » aux couleurs et formes bien particulières vu par Dominique et présent un  peu partout dans les zones humides.
Martine et Roland


Nom scientifique : Timandra comae Schmidt, 1931

Ancien nom : Phalaena angulata Geoffrey 1785

Origine du nom :
« timandra», vient ,comme souvent, de la mythologie grecque : Timandra est la fille de Tyndare, le roi de Sparte, fameuse ville grecque (celle des spartiates). Elle est l’épouse du roi d‘Arcadie, un pays de rêve où ne règne que le calme et la sérénité.
« coma » vient du latin et signifie « chevelure ».

Nom allemand : Ampferspanner .

Nom anglais : blood-vein.


Observation : le 27 août sur l’Ile du Rhin (68).


Famille : ce papillon appartient à la Famille des Geometridae ou Géométridés. Ils portent aussi le nom de phalènes en français.
Ce sont pour la plupart  des papillons nocturnes. C’est une des plus importantes familles de papillons avec plus de 20 000 espèces dans le monde et plus de 1000 en Europe.
Ces papillons sont de petite et moyenne taille soit de 10 à 70 mm. Ils ont en général les ailes étalées mais certains les ont droites, jointes verticalement comme les papillons de jour.

Les chenilles des Geometridae n’ont que deux paires de fausses pattes à l’extrémité de l’abdomen et comme toutes les chenilles, 3 paires de vraies pattes thoraciques
, ce qui leur donne un déplacement original dit en « arpenteur » ( personne qui mesurait  des distances avec une  chaine calibrée). La chenille soulève très haut le milieu de son  corps puis s’allonge vers l’avant par effet de ressort.
Les chenilles  consomment des feuilles et sont donc  phytophages.
Voir aussi l'article sur sa cousine  l'Hibernie grisâtre (Agriopis leucophaearia) déjà présenté sur notre blog.

Dimensions : l’aile antérieure du papillon mesurant de 15 à 18 mm, son envergure est de  25 à 30 mm.


Description: la face supérieure des ailes est brun rose de nuance très pâle, avec une ligne traversante de couleur rose-foncé.
 Point de reconnaissance, la marge des ailes est  de couleur rouge - pourpre sur 1 à 2 mm
.
La forme des ailes est anguleuse comme chez d’autres phalènes.
Les antennes sont pectinées (en forme de peigne ) et même bi-pectinées ( axe central portant 2 peignes ) chez le mâle de cette espèce, pour capter le mieux possible les phéromones des femelles.

Période d’observation : mai  à septembre : la 1ère génération apparait en mai-juin , la seconde en août-septembre, une troisième génération  peut apparaitre dans les pays méditerranéens.
Elle vole de jour ce qui contredit l’appellation de papillon de nuit mais n’est pas  rare pour certains Hétérocères.


Biologie et activité : les œufs sont pondus en été ( juin, juillet, août ) sur les Rumex, Polygonum et Stellaria . Ils éclosent dix jours plus tard. On peut observer les chenilles en juin-juillet et septembre. Celles qui hivernent achèvent leur développement en avril-mai. La nymphose s’effectue à terre, dans un léger cocon de soie.

Nourriture des chenilles:
Les œufs de papillons sont tous munis d’un orifice à leur extrémité, le micropyle. La paroi des œufs est solide car elle est en chitine. Il est donc indispensable d‘avoir une entrée d’air pour la respiration de l’œuf puis pour la larve qui va s’y développer. Au sortir de l’œuf, la larve va passer par le micropyle et manger le reste de la paroi de l’œuf. Sans ce repas, elle ne peut pas survivre. Cette paroi contient donc des substances indispensables à son développement futur.

Dans ce cas précis, l’œuf va éclore après une dizaine de jours et une petite larve va en sortir et se nourrir des nouvelles feuilles des plantes hôtes.
La chenille, de type arpenteuse ( voir plus haut ) peut atteindre 23 mm de long, elle a le  corps  brun-rougeâtre avec de dessins sombres en forme de  V sur le dos, son thorax est enflé latéralement et sa tête brune.
Ce papillon peut produire  2 générations par an au contraire d’autres qui n’en produisent qu’une seule. Le papillon  hibernera sous  forme de chenille de  seconde génération.

Les chenilles consomment les fleurs et graines des plantes hôtes polygonacées  comme, le Rumex sanguin (Rumex sanguineus) très  fréquent, le Rumex obtus (Rumex obtusifolius) la Petite et la Grande oseille (Rumex acetosella, Rumex acetosa) et aussi la Renouée des oiseaux  (Polygonum aviculare), la Rénouée  persicaire (Persicaria maculatum)  très fréquents aussi dans notre région.

 Nourriture des adultes : Ils se nourrissent du nectar de différentes fleurs.
Les individus adultes visitent la Vipérine, la Verge d’or ou la Callune.
Pendant la journée, ils restent cachés sur les feuilles, les ailes déployées. Leur ligne transversale rose foncé très caractéristique est  un camouflage très efficace car elle casse les contours habituels du papillon.

Confusion : une espèce voisine Timandra griseata, de couleur plus grise est présente à l’est de l’Europe. Les spécialistes en la matière, les  lépidoptéristes ont confondu ces deux espèces jusqu’à ces dernières années. C’est encore une fois l’analyse génétique qui a permis de les  séparer.

Habitat : ce papillon est  présent  dans notre pays et  hors de chez nous. On le trouve en Europe Centrale et en Asie jusqu’au Japon.
Il fréquente les endroits humides, bords de zones humides, forêts, haies.
.

Prédateurs: Chauve- souris, oiseaux .


 

Protection et statut : Par suite de  l’usage de pesticides, de la fragmentation de ses habitats et de  l’agriculture intensive, ce papillon est en régression et est devenu plus  rare dans de nombreuses régions. A noter, le risque pour les chenilles de l’agriculture intensive : l’enrichissement en azote,fumure ou chimique,  réduit au moins de 30% leur population avec 150 et 300 kg d’azote à l’hectare (étude 2).
Il n’est pas encore protégé par la réglementation.





Photos papillon: Dominique Perrier   (Anab) et chenille : Jean Yves Baugnée
Identification chenille et papillon : Martine Devondel (Anab)
Texte : Martine et Roland Gissinger (Anab)




Bibliographie :


1.Très joli et instructif, le Guide complet des papillons de jour de Lorraine et d’Alsace – JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise..

2/ Nitrogen enrichment in host plants increases the mortality of common Lepidoptera species Kurze 2018

Rédigé par ANAB

Publié dans #Papillons

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Le point de convergence entre Timandra comae et ce qu'on appelait dans le jargon médical un "Butterfly "<br /> pour ce type de perfusion, est certainement le papillon.<br /> On ne peut certainement pas aller plus loin.<br /> La ligne rouge qui traverse l'aile de ce papillon évoque un vaisseau sanguin comme le souligne le terme de blood vein.<br /> Très pertinente, cette association d'idée m'a fort amusée. Merci, Toll <br /> <br /> Martine
Répondre
T
Merci pour cet article très instructif, Martine et Roland.<br /> Les noms allemand et anglais n'ont aucun rapport avec le nom français attribué à ce papillon.<br /> <br /> L'apparence du papillon "blood vein" évoque bien veine et sang. Est-ce l'origine de l'invention, aux alentours de 1930, des "aiguilles papillon" employées pour des prélèvements sanguins et traitements courts?<br /> <br /> https://sante.vip/aiguilles-de-papillon-avantages-et-inconvenients-des-prises-de-sang-et-des-perfusions/
Répondre
A
Merci beaucoup Toll de ton commentaire comme toujours riche en interrogations et informations.<br /> <br /> Le nom anglais a le mérite de décrire ce papillon. L'origine des noms communs est très ancienne, difficile quelquefois d'avoir des certitudes. Au 18 et 19 ème siècle l'usage était de donner des noms d ela mythologie aux papillons.<br /> <br /> Je n'ai pas pu trouver de lien avec cet article très technique sur les aiguilles papillons.<br /> Le stabilisateur de l'aiguille a la forme d'un papillon mais delà à trouver un lien avec le Timandre?<br /> Avis lancé aux amateurs. <br /> <br /> Roland