Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.

Publié le 16 Juillet 2023

Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.
Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.
Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.
Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.

Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.

Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.- répartition selon INPN

Le Demi argus, L’Azuré des Anthyllides, L’Argus violet , Cyaniris semiargus.- répartition selon INPN

Voici un Lycène, petit papillon parmi les petits bleus que l’on voit.
Ces papillons se sont diversifiés voici des millions d’années et chacun a sa ou ses plantes préférées.
Celui-ci aime les fleurs de la famille du pois, les Fabacées.
Martine et Roland


Nom scientifique :  Cyaniris semiargus (Rottemburg, 1775)
Ancien nom : Polyommatus semiargus.

Origine du nom : « Cyaniris», vient du latin « cyaneus », « bleu azuré, bleu foncé » en référence au bleu foncé des ailes du mâle  et de « semiargus », qui par comparaison avec le géant Argus-aux-cents-yeux répartis sur tout le corps ne possède, lui, qu’une seule bande de petits yeux disposés en arc.
Voir ci-après l’article sur la mythologie du géant Argus et la description  toujours intéressante et documentée de JT Cordier sur la zoonymie ( étude du nom) de Cyaniris semiargus.

Autre nom commun : Petit bleu indigo.

Nom allemand : Rotklee-Bläuling.


Nom anglais : Mazarine blue.


Observation : le 05 juin à Kappelklinger (57)

Famille : L’
Azuré des Anthyllides  appartient à la famille des Lycaenidae qui comprend plus de 5000 espèces dans le monde et 100 en Europe et à la sous famille des Polyommatinae.
La classification des Lycaenidae  est complexe. Elle a été remaniée grâce aux outils moléculaires  et le décryptage des ADN.
Il est maintenant possible d’établir les filiations entre espèces et même la date d’apparition de ces espèces. Elle n’est pas trop précise mais on sait par exemple que telle espèce est apparue voici 8 millions d’années (+/- 1)  et une autre voici 5 millions (+/- 1). L’ADN enregistre les mutations qui se produisent avec la régularité d’un métronome. Il existe plusieurs articles sur le sujet dont celui Talavera (2012).

La famille des Lycaenidae comprend en particulier la sous-famille des Lycaeninae où sont réunis les Cuivrés (dessus des ailes rouge- brun ) et les Théclas ( dessus des ailes brun ) et la sous famille des Polyommatinae qui rassemble le grand groupe des Argus et des Azurés ( dessus brun ou bleu, ayant au revers une série de petits ocelles noirs dont la disposition et le développement constituent le meilleur critère de détermination). Il existe encore une sous-famille, les Rhionidae surtout répandue sous les tropiques avec une seule espèce en Europe, la Lucine, Hamearis lucina.
Pour la petite histoire, Linné est  le naturaliste suédois qui a inventé la nomenclature scientifique à deux noms. Il  avait classé les papillons « en tribus » représentants les classes de la société antique romaine. Il avait créé pour les papillons une famille « les Ruraux » devenus les Lycènes, une autre, « les Urbains » devenus les « Hespéries», une autre, les Chevaliers » devenus les Papillionidés et d ‘autres encore…

Dimensions: envergure 25 à 32 mm.


Description: Chez le mâle, la face supérieure des ailes est bleu-violet pâle bordée d’une marge brune. La face supérieure est brun-gris chez la femelle.
Les deux sexes possèdent une large  bande blanche en périphérie de l’aile. Elle n’est pas découpée par des traits noirs comme chez d’autres Lycaneninae.  
Le dessous des ailes, avec une suffusion bleue plus marquée chez le mâle, est ornementé d’une bande de petits ocelles blancs entourant un centre noir. Ils sont  alignés en courbe prononcée, les deux premiers ocelles de l’aile postérieure étant  décalés vers la base de l’aile et non alignés avec les suivants.
La détermination de l’espèce repose essentiellement sur l’ornementation de la face inférieure et sur la disposition de ces  ocelles.

A remarquer également que mâles et femelles  diffèrent  nettement. Ils présentent ce qu’on appelle un « dimorphisme sexuel » marqué.


 


Période d’observation : mars  à octobre.

Biologie et activité :
Au printemps, l’œuf va éclore et une petite larve va en sortir et se nourrir des nouvelles feuilles sur ses plantes hôtes. La chenille est vert pâle avec une ligne dorsale sombre et des lignes latérales claires.
Ce papillon peut produire de 2 à 3 générations par an au contraire d’autres qui n’en produisent qu’une seule. Ceci est lié à la richesse en protéines de ses plantes hôtes, les Fabacées. Les protéines sont des éléments essentiels pour la construction des parties vitales des plantes et des animaux et en particulier pour tout le matériel génétique et pour les enzymes.
Les Fabacées en produisent plus que les autres plantes grâce à une symbiose avec des bactéries situées dans des nodosités de leurs racines qui captent l’azote de l’air. Elles offrent à ce papillon des conditions optimales de croissance à ses chenilles.

 Reproduction:
Les femelles émergent quelques semaines après les mâles mais vivent plus longtemps.
Les individus fréquentent le  plus souvent les endroits lumineux où croissent  leurs plantes hôtes les plus communes, Trifolium pratense, Trifolium repens et Anthyllis vulneraria. La femelle pond ses œufs isolément  sur les inflorescences de ces Fabacées, la chenille émerge en mai-juin, celle de dernière génération hiverne au 3ème stade larvaire, la chrysalide cachée dans la litière.



Si les couleurs des individus diffèrent, c’est sans doute pour mieux cibler le partenaire de reproduction. Des chercheurs ont montré que s’il existait des ressemblances plus fortes entre les deux genres, la distinction se faisait grâce aux UV. Les individus présentaient alors des couleurs d’absorbance UV très différentes et perçues par les deux sexes.

Il est à noter qu’il existe des individus avec des caractères mâles et femelles mélangés par suite d’accidents génétiques lors de la fécondation. Ces individus sont très recherchés par les collectionneurs !


 Nourriture des adultes : Ils se nourrissent du nectar de différentes Fabacées : outre les plantes hôtes, le Lotier corniculé (Lotus corniculata ), le Trèfle blanc (Trifolium repens ), la Vesce commune ( Vicia sativa ), la Vesce craque ou Vesce de Cracovie ( Vicia Cracca ), la Gesse des prés ( Lathyrus pratense ) et des Astéracées comme la Verge d’or ( Solidago virgaurauea ).

Quand le soleil brille, ils se posent les ailes entrouvertes .
Ils repartent rapidement sur une autre fleur pour y  butiner puis s’envolent à nouveau.


Nourriture des larves:
Les chenilles
éclosent après l’hiver. Les œufs de papillons sont tous munis d’un orifice à leur extrémité, le micropyle. La paroi des œufs est solide car elle est en chitine. Il est donc indispensable d‘avoir une entrée d’air pour la respiration de l’œuf puis pour la larve qui va s’y développer. Au sortir de l’œuf, la larve va passer par le micropyle et manger le reste de la paroi de l’œuf. Sans ce repas, elle ne peut pas survivre. Cette paroi contient donc des substances indispensables à son développement futur.
Les chenilles consomment les fleurs et graines des plantes hôtes.

Les associations myrmécophiles ( association symbiotique avec les fourmis ) est particulièrement courante au sein des Lycaenidae.
Polyommatus icarus, par exemple forme une association d’ordre facultatif avec des fourmis du genre Lasius pour protéger les chenilles de façon occasionnelle. La chenille secrète par une glande nectarifère un liquide sucré ( saccharose, glucose, fructose et acides aminés ) apprécié des fourmis et par les glandes verruqueuses une substances inhibant l’agressivité des fourmis. Dans la fourmilière, la chenille sera protégée des prédateurs, des parasites et soignée par les fourmis. En échange de son miellat, elle consomme quelques larves et œufs de fourmis.


Confusion : il existe d’autres Lycaeninae d’allure assez voisine et de nombreuses sous-espèces ... Il n’est pas facile de s’y retrouver car  les classifications sont encore sujettes à de vives discussions.

Habitat: peu abondant ce papillon est  présent surtout dans la partie Est de notre pays et en zone montagneuse  (Auvergne, Alpes, Pyrénées) jusqu’à 2500m.  Hors de chez nous, on le trouve en Europe de l’Ouest jusqu’en Russie occidentale et au Moyen-Orient.
Il fréquente les terrains non fertilisés, fleuris, les terrains vagues, prés, prairies et évite les milieux trop secs.

Intérêt des ocelles :
Les scientifiques qui ont observé les papillons munis d’ocelles, pensent que la nature a sélectionné les papillons qui développaient de telles taches en forme d’yeux sur
les ailes car les ocelles  évoquent des yeux de chats ou d’oiseaux dans le but d’effrayer certains prédateurs. Ces ocelles apparaissent loin des parties vitales. On observe ainsi, dans les ailes de certains papillons rescapés de l’attaque d’un oiseau, les coups de becs en forme de triangle.

Prédateurs: Chauve- souris, oiseaux mais aussi insectes parasitoïdes comme les Ichneumons, prédation aussi par les larves de Tachinidae (Diptères ) ou de Braconidae (Hyménoptères).

Protection et statut : Par suite de  l’usage de pesticides, de la fragmentation de ses habitats et de  l’agriculture intensive, ce papillon est en forte régression et est devenu  rare dans de nombreuses régions. Il n’est pas encore protégé par la réglementation mais il est classé EN (en danger) en Ile-de-France, NT, (quasi menacé) en Charente-Poitou et Aquitaine. Il est classé Znieff en Ile-de-France,  Picardie, Haute-Normandie, Centre-Val-de-Loire et Nord-Pas-de-Calais.

Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont  pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.
Il est aussi en danger dans d’autres pays limitrophes comme l’
Allemagne et menacée d’extinction en Belgique.

Légende : le mot « argus » est souvent utilisé  dans le nom commun ou scientifique de ces petits papillons bleus, les Polyomatinae.
Dans la mythologie grecque, le géant Argus doté de cent yeux bleus sur le corps dû surveiller la maîtresse Io de Jupiter pour le compte de Héra, son épouse légitime et jalouse.
Jupiter fit intervenir le dieu Hermès pour faire cesser cette  surveillance.
Hermès joua de sa flute devant Argus et ses yeux s’éteignirent un à un.
Une fois le géant endormi, il  tua Argus.
Hera récupéra les yeux d’Argus pour les mettre sur le corps de son animal préféré, le paon.
Depuis ce temps- là, les paons arborent ces magnifiques yeux sur leurs plumes.
Voir
l’article de JT Cordier sur l’origine de ce nom  « argus ».



Texte,  Martine Devondel et Roland Gissinger (Anab) Photos Roland  
Identification papillons et photo fléchée : Martine

Bibliographie :


1.Très joli et instructif, le Guide complet des papillons de jour de Lorraine et d’Alsace – JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise.
2.Lafranchis,T, 2000 - Les Papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope.
3.Claerebout S - Clé de détermination photographique des papillons de jour en Belgique, Cercles des Naturalistes de Belgique asbl .
4.Stratégie européenne pour la  connexion des zones de protection des espèces.

5..Establishing criteria for higher-level classification using moleculardata: the systematics of Polyommatusblue butterflies    (Lepidoptera,Lycaenidae) Talavera 2012.
6. Etudes sur le développement des oeufs de Lycaenidés (en russe  mais avec google traduction ce n’est plus un problème).

Rédigé par ANAB

Publié dans #Papillons, #Biodiversité de notre région

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T
Merci à vous, Martine et Roland, pour ce texte à nombreuses facettes et pour les magnifiques photos.
Répondre
R
Merci Toll<br /> <br /> (Martine) et Roland
B
Belles photos de ce papillon. On reconnaît aussi la patte de Martine dans ce texte très complet qui <br /> élargit le thème du papillon et aborde aussi la mythologie.
Répondre
R
Merci Bernard