Bientôt une nouvelle flore d'Alsace
Publié le 19 Décembre 2023
Plus d’une dizaine de botanistes s’échinent à actualiser un savoir encyclopédique, dans les locaux de la Société Botanique d’Alsace, à Sélestat
paru surl'Alsace le 12/12/2023
transmis par Bernard. Merci Bernard.
Les années passent, le paysage défile. Ses composantes changent , de plus en plus rapidement : des végétaux font leur apparition, d’autres tirent leur révérence. Pour les chercheurs, ce monde en mutation doit être cartographié dans tous ses aspects. L’arrivée des essences exotiques envahissantes, les EEE, brouille les pistes : qu’est-ce qui est endogène ? Exogène ? Qu’est-ce qui, à l’instar des Sabots de Vénus, a disparu en Alsace ? Comment s’assurer que les clés de détermination, cette méthode d’identification des espèces, sont les mêmes pour tous ?
Le même langage
S’assurer d’avoir recours au même langage est le premier objectif d’un collectif de botanistes réuni sous l’égide de la Société Botanique d’Alsace (SBA), pour mettre bon ordre dans les savoirs encyclopédiques. « Nous nous basons sur un ouvrage de référence, la Flore d’Alsace, un atlas réalisé sous la direction du botaniste renommé Émile Issler et édité en 1965, pour apprécier l’état actuel des plantes à fleurs et des fougères en Alsace », décrit Bernard Stoehr, vice-président de la SBA. Les botanistes actualisent les clés d’Issler pour renseigner l’état actuel de la flore alsacienne, marquée par de fortes variations depuis plusieurs décennies. Et en particulier pour identifier les plantes indigènes, les distinguer des nouvelles venues.
Une fois le langage conforté, les botanistes passent en revue toutes les espèces mentionnées par Issler pour actualiser leur statut : sont-elles encore présentes ? Ont-elles disparu de notre horizon ? Plus de 2000 références de plantes à fleurs et de fougères non cultivées sont questionnées, mâchées et remâchées avec l’aide de la communauté botaniste alsacienne pour préciser leur répartition, et mises en ordre de bataille grâce au travail attentif de l’un de ses membres, Sophie Atzenhoffer.
Une étude de trois ans
« L’Alsace offre un terreau particulièrement intéressant pour l’étude de sa botanique parce qu’elle est à la convergence de plusieurs limites d’aires de répartition, poursuit Bernard Stoehr. Ainsi le cumin de l’Atlantique, présent près de Wissembourg, provient de l’ouest, tandis que l’Adonis versatile, enraciné dans la forêt de la Hardt, est originaire de l’est de l’Europe. »
Les résultats de ce travail de longue haleine qui se poursuivra pendant trois ans, seront dévoilés progressivement via le site internet de la société botanique d’Alsace.