Eleocharide des marais, Scirpe des marais, Eleocharis des marais (Eleocharis palustris)
Publié le 27 Mars 2024
Voici une plante très gracile aux fleurs discrètes. Elle fleurit ou va bientôt fleurir. Ne ratez pas l’occasion en vous promenant dans une zone humide de chercher et regarder de près cette plante en fleurs. Avec une loupe c’est encore plus décoifffant.
Roland
Nom scientifique : Eleocharis palustris (L.) Roem. & Schult., 1817
Origine du nom: vient du mot grec « heleos », lemarais et de « charis », la grâce, la beauté . Littéralement donc, la plante qui embellit le marais et comme souvent son caractère principal est répété, « palustris», vient du latin et signifie, le marais, son habitat habituel.
Nom commun : le nom s’écrit quelquefois avec un H, comme Héléocharis des marais
Nom commun allemand/ dialecte : Gewöhnliche Sumpfbinse
Nom anglais : common spike-rush, creeping spike-rush or marsh spike-rush
Date de l’observation: le 15 avril à Schopperten (67)
Famille de plantes : celle des laîches, on dit aussi carex. Elles appartiennent à la famille des Cypéracées.
Elles ont l’apparence des graminées mais s’en différencient par de nombreux critères. Elles n’ont pas de nœuds sur les tiges qui sont pleines et souvent triangulaires. Les feuilles sont insérées en spirale, sur trois rangs, l’un au dessus de l’autre (2 chez les graminées). Les fruits sont des akènes, des fruits « secs » qui ne s’ouvrent pas et dans lesquels la graine n’est pas soudée à l’enveloppe. Les fleurs possèdent 3 étamines fixées par leur base et deux à trois stigmates pour les fleurs femelles.
Cette famille de plantes n’est pas très connue mais vous en avez déjà eues en main. Les carex sont ces plantes qui au moment où vous voulez les arracher vous coupent la peau comme un rasoir. Leurs tiges et/ou feuilles sont coupantes sur les bords et vous laissent des traces de sang sur les mains. Ce sont de petites dents durcies, sur la frange des feuilles ou des tiges, qui telles des lames de scie vous lacèrent la peau. Ces dents sont visibles avec une loupe.
Certaines cypéracées ont des tiges rondes comme les éléocharides ou les tricophores.
Il existe plus de 5000 espèces de cypéracées de part le monde dont presque 200 en France métropolitaine et 70 éléocharides différentes..
Catégorie: plante vivace à l’aspect de jonc, glabre, souvent en tapis denses jusqu’à 2 m de diamètre.
Hauteur: 10 à 80 cm
Tige: robuste, de 2 à 4 mm, vert foncé, mate, ronde, compressible, rougeâtre à la base fixée sur un long rhizome rampant non ramifié. Le rhizome est le principal moyen de développement de cette plante
Feuilles: pas de feuilles visibles mais il existe une ou deux gaines brunes ou rougeâtres de 6 à 20 mm sans limbe à la base
Fleurs femelles et mâles de l'Eleocharide des marais, Scirpe des marais, Eleocharis des marais (Eleocharis palustris) et répartition selon INPN
Floraison: en mai à août chez nous et encore plus tard en altitude et régions froides
Fleurs: L’épi est solitaire en forme de cône effilé caractères les plus notables.
L’épi pointu, de 5 à 25 mm de cette Eléocharide des marais mesure 3 à 7 mm de large. Il est formé de 20 à 70 fleurs femelles et mâles.
Les organes mâles comprennent les étamines au sommet de l’épi. Elles sont faciles à reconnaitre avec leurs sacs de pollen jaune (anthères) . Chaque fleur comprend 3 étamines.
Les organes femelles sont à la base. Chaque fleur femelle possède 2 à 3 stigmates blancs, plumeux, papilleux, triangulaires à la base bien visibles à la floraison et quelquefois juste après (photos). Comme chez la plupart des fleurs, ils sont « conçus » pour favoriser la fécondation en collectant un maximum de grains de pollen, grâce à leur grande surface et leur matière adhésive.
Il existe sous l’inflorescence 2 petites écailles stériles enveloppantes seulement sur la moitié de l’épi.
Pollinisation : par le vent
Fruits : nommés "akènes »,lisses et luisants, ovales, entourés de 4 à 6 soies rugueuses pas toujours présentes et plus courtes que le fruit. Ceux-ci mesurent 2 mm et leur sommet est jaunâtre et mamelonné. Les fruits sont dispersés par l’eau et les animaux dans les plumes et pattes des oiseaux entre autres.
Habitat : espèce pionnière de milieux ensoleillés, mouillés et inondables comme les prairies, les sols vaseux argileux ou calcaires, les roselières, les marais. Les individus qui sont dans l’eau en permanence sont plus grands que ceux immergés par intermittence. L’Eléocharide des marais a besoin de beaucoup de lumière et ne tolère pas beaucoup l’ombre. Elle pousse jusqu’à 2000 m sur tout le continent européen et jusqu’en Asie, Afrique du Nord et Amérique du Nord.
Confusion possible : la distinction n’est pas toujours facile avec les autres éléocharides. Il existe des sous espèces dans d’autres régions plus grandes, , plus fines, à tiges différentes…
Cette espèce fait partie d’un agglomérat d’au moins 4 plantes sous le nom d’Eleocharis palustris agg.. Cela signifie qu’il n’est pas toujours possible de les identifier et qu’il existe des hybrides entre elles. Les études génétiques ne sont pas encore abouties pour bien les séparer.
Protection et statut
Plante commune des marais et zones inondables dans l’Hexagone sans critère légal de protection. Elle est plus rare dans le Midi et certaines zones du bord Atlantique. Elle est classée Znieff en Région Midi Pyrénées.
Une plante classée déterminante ZNIEFF dans une région indique qu’elle y est rare.
Pas d’usage alimentaire trouvé.
Intérêt écologique :
Il est très important car toute la plante est une nourriture intéressante pour les oiseaux, rhizomes, fruits, tiges. Elle sert de cachette et de lieu de reproduction à de nombreux animaux. Les larves de libellules et d’autres insectes les utilisent lors de leurs mues imaginales .
Les carex font partie des rares plantes capables de se développer dans la vase, en l’absence d’oxygène (anaérobie). Elles peuvent donc être utilisées
pour épurer les vasières.
Elle est utilisée en décoration dans les mares de jardin.
Utilisation médicinale :
Les carex produisent dans leur métabolisme des stilbènes.
Ils ont un grand potentiel dans le domaine médical : ce sont des molécules aux propriétés anti-inflammatoires, cardio-protectrices, vasculo et neuroprotectrices.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
1Sources bibliographiques voir index biodiversité
2/ MORPHOMETRIC SURVEYS ON ELEOCHARIS PALUSTRIS (L.) ROEM. ET SCHULT. (CYPERACEAE). THE CONTRIBUTION OF HERBARIUM INVESTIGATIONS TO THE DELIMITATION OF ITS SUBSPECIES AND THEIRDISTRIBUTION – Lastrucci 2020