La Calamagrostide épigéios, Calamagrostide commune, ou Roseau des bois (Calamagrostis epigejos)
Publié le 17 Janvier 2024
Profitons de l’intersaison pour découvrir certaines plantes qui passent inaperçues pendant la bonne saison. Par exemple, cette Calamagrostide épigios assez commune dans l’Est. C’est une graminée de milieu forestier encore très visible en ce moment avec son long épi roux s’agitant au moindre vent.
Roland
Nom scientifique : Calamagrostis epigejos (L.) Roth, 1788
Origine du nom : « Calamagrostis » dérive du grec « kalamos » le roseau et « agrostis » herbe graminée non déterminée. Le terme « epijejos » signifie au-dessus du sol, à l’opposé de « dans l’eau ».
Autres noms communs : Calamagrostide terrestre, Calamagrostis épigéios
Nom en dialecte et allemand : Land-Reitgras, Sand-Reitgras, Sandrohr, Landrohr,
Nom anglais : wood small-reed or bushgrass
Date de l’observation: le 3 janvier en forêt de Keskastel (67)
Famille de plantes : C’est la grande famille des Poacées autrefois dénommées Graminées.
Il existe plus de 12 000 espèces identifiées au niveau mondial et plusieurs centaines en France.
Ce sont toutes ces herbes qui ressemblent de près ou de loin à du maïs, du riz, canne à sucre, du bambou, du mil, du blé, de l’avoine ou encore de l’orge.
C’est LA famille de première importance au niveau nutritionnel, toutes les céréales comestibles en font partie
Elle recouvre 40% de la couverture végétale terrestre.
Caractères communs :
Plantes herbacées à fleurs peu visibles, non colorées. Leurs tiges, les chaumes, sont cylindriques, creuses et portent des nœuds où naissent les feuilles.
Normalement une feuille possède une partie élargie, le limbe et une partie étroite le pétiole qui la raccorde à la tige comme la feuille d’un pommier par exemple.
Les feuilles des Poacées, n’ont pas de vrai pétiole et forment une gaine foliaire entourant la tige à partir du nœud. Le limbe de la feuille s’élargit quand il s’écarte de la tige, à partir de la ligule. Il devient alors visible pour l’observateur. Il lui est aussi facile de reconnaitre au toucher ces nœuds car renforcés par des fibres.
Le réseau racinaire des Poacées est variable pour s’adapter à tous les milieux. . Il est très perfectionné et permet à certaines espèces d’améliorer les rendements agricoles ou de s’étendre rapidement pour former des grandes pelouses ou gazons, par tallage ou drageonnage.
Il existe 36 espèces de vulpin de par le monde dont 8 en France.
Hauteur: de 30 à 150 cm
Tige : herbe annuelle ou vivace en touffes. La tige est simple, non ramifiée fixée sur de très longs stolons rampants souterrains. Les racines peuvent atteindre le sol à 2 m de profondeur.
Feuillage: feuilles gris-vert, scabres sur les bords larges de 3 à 13 mm, et de 10 à 70 cm de long
e 1 à 6 mm de large. Les feuilles sont parsemées de cils blancs sur le dessus.
Point de reconnaissance : la ligule. La ligule est une cicatrice qui apparait à l’endroit où la feuille rejoint la tige. Elle est membraneuse ou velue et souvent typique d’une espèce. Chez cette calamagrostide, elle mesure de 3 à 12 mm et son aspect est déchiré et sa forme tronquée.
Floraison: de juin à août
Couleur des fleurs: les fleurs des graminées et de cette Calamagrostide épigéios, sont groupées en petits éléments dénommés épillets de 4 à 7 mm. L’ensemble de tous les épillets forme un épi. Ici cet épi est une panicule longue, cylindrique, dense, de 3 à 6 cm de large et de 12 à 30 cm de long. Les branches latérales peuvent atteindre 10 cm de long.
L’aspect général des épis est une couleur variable : pourpre, brune ou verte. En automne et hiver, les épis sont de couleur rousse et marcescentes, bien visibles.
Une plante marcescente est une plante qui conserve son feuillage en hiver. Sa décomposition serait facilitée par cette exposition à la lumière. Cette plante libère plus facilement des nutriments essentiels comme l’azote et le phosphore que d’autres graminées comme par exemple Arrhenaterum eliatus. (4)
Les épillets aplatis sur le côté contiennent une seule fleur fertile et portent une arrête de moins de 2 mm. (photo wikipedia)
Les 2 glumes sont les enveloppes externes de l’épillet et sont égales. Les glumelles sont de petites écailles qui entourent la fleur et sont soudées à leur base. La glumelle extérieure possède une arrête dorsale sur leur milieu qui ne dépasse pas la glumelle.
La composition et disposition des épillets est typique de chaque poacée et nécessite une bonne loupe pour l’observation. (voir photo-ci-dessus).
Les anthères des étamines sont typiquement en forme d'X. Les fleurs femelles ont la forme de longs plumeaux blancs. Leur surface est papilleuse, collante ce qui améliore la collecte de grains de pollen. La base de l’axe de la fleur est entourée d’un anneau de poils longs de 4 à 5 mm. Cette plante est auto-stérile. Les fleurs femelles sont plus tardives que les mâles et exigent donc une fécondation croisée grâce au vent.
Confusions possibles : avec d’autres poacées
Habitat: plante pionnière des espaces forestiers éclaircis humides et des milieux sableux humides. C’est une plante peu exigeante en nutriments, de mi ombre qui apprécie l’humidité mais pas le sel. Elle est fréquente dans tout l’Est du pays mais rare en Bretagne et dans toute la partie sud-ouest et Méditerranée. Cette plante peut s’étendre de manière agressive mais les mécanismes de son expansion bien qu’étudiés encore récemment en 2021 n’ont pas été élucidés (5).
Fruit : une graine ou caryopse de forme elliptique
Protection : plante non réglementée. Elle est classée déterminante Znieff en Occitanie. Elle est menacée (NT) dans le Limousin et en Bretagne.
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.
Usage horticole : omme décorative l’hiver.
Écologie
Cette Calamagrostide épigéios, est utilisée pour la fixation des dunes. Elle peut servir d’après des études(2) à la remédiation des déblais des mines de charbon. Cette plante est efficace pour améliorer la microbiologie du sol et donc la recolonisation par des plantes en général de ces sols déséquilibrés en nutriments. Cette plante est capable de s’adapter à des milieux abiotiques (sans couverture végétale) en modifiant ses systèmes enzymatiques (3) pour y créer de grandes quantités de biomasse. En particulier elle doit s’adapter au stress hydrique car les terrils des anciennes mines ne retiennent pas bien l’eau et sont surchauffés en raison de leur couleur noire.
Elle sert de nourriture aux animaux herbivores de la forêt et également la plante hôte de nombreux insectes comme : le Tristan,
Usages alimentaire ou en médecine :
Usage traditionnel pour guérir des maladies de poitrine et des œdèmes.
Aucune mention sur wikiphyto ni dans des recherches récentes. Il faut donc s’abstenir d’utiliser cette plante..
Texte, Bibliographie et photos (sauf l'épillet détaillé de wikipedia) Roland Gissinger (Anab)
1/Sources bibliographiques voir index biodiversité
2/Effects of Calamagrostis epigejos, Chamaenerion palustre and Tussilago farfara on nutrient availability and microbial activity in the surface layer of spoil heaps after hard coal mining Stefanowitz 2015
3/ Eco-physiological responses of Calamagrostis epigejos L (Roth) and Solidago gigantea Aition to complex environmental stresses in coal-mine spoil heaps Kompala-Baba 2021
4/ Different nutrient use strategies of expansive grasses Calamagrostis epigejos and Arrhenatherum elatius Holub 2012
5/ Spatial Aggregation and Biometric Variability of the Grass Calamagrostis epigejos (L.) Roth during Different Expansion Stages in Mesic Mountain Meadows Pruchniewicz 2021