Le Potamot nageant (Potamogeton natans)
Publié le 21 Février 2024
Les milieux aquatiques sont très riches en biodiversité. Ils ne sont pas facilement accessibles ce qui explique la faible notoriété de certaines espèces de flore et faune aquatiques. Voici le potamot le plus fréquent de notre flore.
Roland
Nom scientifique : Potamogeton natans L., 1753
Autres noms communs : Potamot flottant, Épi d'eau
Origine du nom scientifique : le nom du genre vient du grec «potamos» qui signifie « le fleuve » et « geiton » , voisin, et donc « plante voisine du fleuve ». Le nom d’espèce, vient de « natans », «qui nage, qui flotte ».
Dialecte : Potamot, Laichkraut
Allemand: Schwimmendes Laichkraut
Anglais : broad-leaved pondweed, floating pondweed, or floating-leaf pondweed
Date et lieu de l’observation : le 14 juin à Voellerdingen (67)
Famille de plantes : C’est la famille des Potamogetonacées. Les plantes de cette famille sont des plantes aquatiques à feuilles flottantes et des monocotylédones. Elles sont proches des herbes comme le Plantain aquatique, les graminées, les carex, les joncs. Elle ne comprend que 6 genres diversifiés en 120 espèces. Le genre Potamogeton en comprend à lui seul presque 100. Les feuilles ont une nervation parallèle typique des monocotylédones. La production de fleurs est localisée sur un épi dressé et aérien. Les fleurs minuscules sans pétales ni sépales. Elles ont 4 étamines avec un appendice et 4 carpelles.
Catégorie : plante aquatique glabre, vivace
Port et tige : tige de 20 à 200 cm pouvant atteindre plusieurs mètres, fixée sur un rhizome enfoui dans la vase
Feuilles : les feuilles flottantes sont coriaces, vert foncé à brun, et ont un contour ovale. Leur longueur est de 5 à 10 cm pour 2 à 5 cm de large. Elles ont un long pétiole et sont arrondies ou en forme de cœur à la base. L’articulation feuille-pétiole du pétiole est décolorée en jaune contrairement à d’autres espèces. Deux plis sont visibles à la base inférieure du limbe. Le limbe des feuilles immergées en permanence est réduit à un pétiole en forme de jonc acuminé.
Le Potamot nageant peut couvrir toute la surface d’une mare, d’un étang limitant le développement d’autres plantes. La frondaison d’arbres peut limiter son expansion.
Floraison : de mai à août
Fleurs : fleurs très petites souvent inaccessibles car au milieu de la mare. Elle sont groupées sur un épi de 3 à 6 cm. Il est porté par un pédoncule de 10 cm, de la même grosseur que la tige, sans renflement. Après leur floraison les fleurs reprennent une vie aquatique et les graines vont murir sous l’eau.
Pollinisation : par le vent.
Fruits : ce sont des akènes de 4 à 5 mm ovoïdes. Ils sont dispersés par les eaux et les oiseaux aquatiques.
Les graines restent vivables plus d’un an. Elles sont transportées dans les estomacs ou pattes des oiseaux.
Habitat : plante présente dans les eaux stagnantes et riches en nutriments comme les mares, les étangs, les baies des lacs jusqu’à 1700 m.
Présente en Europe jusqu’en zone subtropicale.
Le Potamot nageant secréterait des substances antialgues, peut être des lactones diterpènes, selon Cangiano (1). Cette propriété lui permet d’accéder à la lumière et de se développer dans les eaux stagnantes sans être recouvert d’algues.
En Amérique du Nord cette plante semble invasive si on constate le nombre notable de recherches sur le développement de ce potamot, avec ou sans minéraux, sa tonte, le traitement aux pesticides.
Confusion possible : oui, avec d’autres potamots et la Renouée aquatique, Persicaria amphibia mais dont les feuilles sont à nervation ramifiée. La distinction n’est pas facile.
Statut de protection de la plante
Les potamots sont en général devenus très rares avec la disparition drastique des zones humides et mares. Ce Potamot est le plus commun des 20 potamots de l’Hexagone. Il n'a pas de statut de protection à ce jour mais il est classé VU, vulnérable dans les régions PACA et Nord-Pas-de-Calais
Il est aussi classé ZNIEFF en Picardie et Haut-de-France.
Usage alimentaire :
Les tubercules terminaux sont comestibles cuits.
Usage médical :
Pas d’usage traditionnel ni actuel de ce Potamot nageant.
Il a été très peu étudié. Il existe sans aucun doute du potentiel. Des propriétés analgésiques aussi fortes que le paracématol ont été trouvées (2) chez le Potamot perfolié, Potamogeton perfoliatus. Les chercheurs ont aussi révélé des « pouvoirs », inflammatoire et antioxydant à ce potamot.
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab)