Sarre-Union - Abattage des arbres
Publié le 17 Février 2017
Article paru dans les DNA-Marie Gerhardy (15/02/2017)
1 200 arbres coupés, la forêt aérée
Plus de 1 200 arbres ont été abattus au parcours de santé de Sarre-Union. Cette coupe massive n’est pas passée inaperçue, et a même provoqué l’indignation des promeneurs. Pourtant, elle n’a rien d’inhabituelle.
Freddy Bohn, garde forestier depuis une quarantaine d’années. En charge de la forêt communale de Sarre-Union, qui s’étend sur 317 hectares, il organise des coupes quasiment tous les ans.
Mais la plupart du temps, ces coupes passent inaperçues. En effet, sur les 27 parcelles de la forêt communales, 26 sont classées « forêt de production ». Elles ne ciblent pas les promeneurs et sont donc moins fréquentées. Ainsi, l’office national des forêts et les bûcherons peuvent y œuvrer tranquillement sans susciter la curiosité, voire la réprobation de la population.
En France, les forêts peuvent être de trois types : production, récréation ou protection. À Sarre-Union, seule la parcelle 3 combine production et récréation, puisqu’un parcours de santé de près de 2 km y a été inauguré en 1978. C’était récemment à son tour de passer à la coupe, et l’intervention a nécessité de fermer le parcours de santé pendant deux semaines, par mesure de sécurité.
« Le programme de gestion forestière est établi de 2013 à 2032 », explique l’agent de l’ONF en brandissant un document de plusieurs centaines de pages. « Regardez, notre intervention ici était déjà prévue en 2014 ! Les conditions météorologiques nous ont retardés. Quand le sol est mouillé, les engins s’embourbent et abîment les sols. Il fallait attendre qu’il gèle, comme début janvier. »
Freddy Bohn, en partenariat avec Pierre Osswald, conseiller municipal de Sarre-Union en charge de la gestion forestière, favorise le développement des chênes. « C’est le bois noble et précieux par excellence. Mais il est concurrencé ici par le hêtre et le charme, qui poussent deux fois plus vite et valent dix fois moins cher. »
600 m³ d’arbres abattus
Les gestionnaires s’attellent donc régulièrement à couper des hêtres et des charmes, pour laisser de la place et de la lumière aux chênes. En parcelle 3, le martelage a été effectué en 2013. Cette action, qui consiste à marquer à la peinture les arbres à couper, ne peut être faite quand les arbres ont des feuilles à cause du manque de visibilité. Le forestier doit examiner l’arbre jusqu’à sa cime.
Un hectare de forêt produit environ 8 m³ de bois par an. Avec ses 12,15 hectares, la parcelle 3 fournit donc une centaine de m³ en une année. On peut estimer qu’entre cette coupe et la précédente, elle avait produit plus d’un millier de m³ de bois. En effet, chaque parcelle passe à la coupe tous les huit ans environ, mais la pluie a offert un répit à la 3.
Pourtant seuls 600 m³ d’arbres ont été abattus par Freddy Bohn et son équipe du syndicat intercommunal à vocation unique, composée de deux bûcherons et un débardeur. « La majorité des arbres qui ont été coupés sont des hêtres, on les reconnaît notamment à leur bois, plus clair que celui du chêne. » Sur son programme, la prochaine coupe en parcelle 3 est prévue en 2022.
Les troncs sont entassés en lisière de la forêt, ils seront vendus aux industries du bois. Restent les fonds de coupes, c’est-à-dire les petits arbres marqués et les branchages tombés au sol. La parcelle 3 a été divisée en 17 lots, qui seront vendus aux enchères demain à des particuliers qui souhaitent couper eux-mêmes leur bois de chauffage.
50 heures de travail pour sécuriser le parcours
Le produit de cette vente ira dans les caisses de la commune, une fois déduit le coût des services de l’ONF et des bûcherons. Et pour la parcelle 3, la facture sera plus importante qu’à l’accoutumée. « Comme elle est fréquentée, nous avons pris des précautions particulières. Cela a nécessité une cinquantaine d’heures supplémentaires, soit 4 000 euros. »
Les bûcherons ont notamment câblé chaque arbre pour mieux diriger sa chute. Il s’agit non seulement de prévoir où il tombe, mais également de limiter l’arrachage de branches, qui pourraient rester accrochées en altitude et tomber au moment inopportun. Freddy Bohn a également fait dégager la vue d’un petit étang, pour le plaisir des promeneurs.
« Autant dire que nous ne toucherons pas grand-chose de cette vente ! » s’exclame Pierre Osswald. Heureusement, la vente aux enchères concernera également les fonds de coupes des parcelles 1 et 2, coupées en décembre, soit 11 lots. Les particuliers, qui sont venus au préalable en repérage sur les parcelles, auront ensuite quelques mois pour venir se servir.
Sur le tract d’informations qui leur est distribué, le garde forestier rappelle les règles de sécurité : porter le matériel adéquat, ne jamais partir seul, placer son véhicule en position de départ… « C’est extrêmement dangereux. En quarante ans, j’ai vu plusieurs professionnels mourir écrasés par un arbre, et on compte encore plus d’accidents chez les cessionnaires de bois. »
Vente aux enchères de 28 fonds de coupes des parcelles 1, 2 et 3 de la forêt de Sarre-Union, jeudi 16 février à 19 h à la Corderie, salle culturelle.