Coprin disséminé, Coprin grégaire

Publié le 1 Avril 2017

Nom scientifique : Coprinellus disseminatus (Pers.) J.E. Lange

 

 Date de l’observation:  26 mars à Sarreinsming
Division des Basidiomycota,
Famille des agaricacées

 

Ce petit champignon présente un mode de poussée spectaculaire. Il peut recouvrir une souche de centaines de petits chapeaux ovoïdes à tonalité brunâtre pour les plus jeunes, côtoyant des exemplaires plus vieux et grisâtres.

 

Chair : fine et fragile. Le chapeau est strié, avec des traces de voiles floconneux chez les plus jeunes.

Sporée : brune noire

Habitat: à l’ombre,
sur souche de feuillus ou de conifères ou à terre, en fait sur bois enterré.


Consommation:  sans intêret

Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher
Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher
Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher
Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher

Coprin disséminé, Coprin grégaire (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher

Sa durée de vie est très brève : au delà de 24 heures, les sporophores se dégradent déjà

 

Coprinus disseminatus est un champignon de l’ordre des agaricales. Tout le monde pense aux fameux agarics, rosé des prés, boule de neige par exemple. Ces derniers appartiennent au même ordre que celui du coprin disséminé.

 

Tout le monde connaît le rosé des prés ou même le champignon de Paris qui n'est pas de Paris mais c'est une autre histoire. Ces champignons appartiennent au genre Agaricus. Ce qu'on connaît moins est l'agaritine, une molécule présente dans ces champignons.

Le champignon de Paris (Agaricus bisporus) contient une quantité importante d’agaritine, entre 165 et 457 mg/kg de produit frais. D'autres champignons de l'ordre des Agaricales, les lépiotes, contiennent également cette molécule. Présente en quantité variable selon les espèces, la métabolisation de l'agaritine peut induire la néo formation de substances toxiques pour l'homme. Les agarics pour information ont également tendance à concentrer la pollution dont les métaux lourds. Pour information, de l'agaritine a également été mise en évidence dans le Shiitake (Lentinus edodes) à 0,82 microgramme / g de poids humide.

L’agaritine n’est pas dangereuse en soi mais elle se métabolise assez rapidement en phenylhydrazine, carcinogène susceptible de favoriser le cancer des poumons, de l‘estomac, du foie ou des reins d’après des expérimentations sur souris de laboratoire (100% de mortalité). Les taux observés de carnimone de la vessie chez la souris ont été de 30,8% pour Agaricus bisporus frais et 23,5 % pour le Lentinus edodes frais.

L' agaritine a donné lieu à de multiples articles, peut être parce le champignon de Paris est un champignon très consommé, et que ce serait déroutant s'il n'était plus comestible. Mais les toxicologues n'en sont pas encore là. Des souris à l'homme, le chemin est encore long et, même s'il est mutagène in vitro, et peut-être cancérigène sur des animaux de laboratoire, il n'a jamais défrayé la chronique par sa « dangerosité ». Il convient de rappeler que ce n'est pas un aliment de notre quotidien, et que par prudence, il ne faudrait pas qu'il le devienne.

Il convient de respecter certaines règles par rapport à l'agaritine :
• Ne pas consommer le champignon cru ; la cuisson en effet réduirait le taux d'agaritine dans le champignon.
• Le préparer lorsqu’il est très frais et ne pas le laisser plusieurs jours au frigo.

En résumé, la seule chose dont on soit sûr, c'est de la présence de composés mutagènes dans certains champignons, et de leur pouvoir cancérigène ou reprotoxique sur certaines espèces animales, à des doses souvent très élevées. (il est important de préciser que cette cancérigénité dans le champignon et dans le cadre d'une consommation raisonnée n'est pas établie) Cette conclusion est extrapolable pour un grand nombre d'aliments consommés communément. En pratique, consommer de façon raisonnable les champignons semble le conseil le plus approprié.

Précisons d'emblée une chose. Faut-il céder à la panique et ne plus consommer de champignons de Paris ? Clairement non si vous n'avez pas de soucis pour les digérer. La validité scientifique des modèles expérimentaux avec les souris a été contredite et contestée par d'autres études. Il faut donc raison garder et laisser les mycotoxicologues faire leur travail en attendant qu'un jour un consensus émerge sur cette question. Pas seulement en mycologie mais aussi en nutrition, vous trouverez quasiment pour chaque aliment des études vantant les méfaits et d'autres les bienfaits. Il faut prendre de la hauteur et ne pas sombrer dans la démarche dite du "cherry picking". La réalité est tout sauf binaire.

Pour conclure ce paragraphe sur une touche plus optimiste, des recherches actuellement sont en cours pour étudier des substances actives potentiellement anti cancérigènes chez les champignons de la famille des agaricacées. Une thèse de Philippe Chiffoleau " Les champignons de la famille des Agaricacées :source d'innovations thérapeutiques" soutenue en septembre 2014 est consultable sur la toile.


 

Texte , photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher

Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher
Coprin disséminé, Coprin grégaire  (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher

Coprin disséminé, Coprin grégaire (Coprinellus disseminatus) Photos Gilles Weiskircher


Sources : 
http://champyves.pagesperso-orange.fr/champignons/fichier_htm/lames/CoprinusDisseminatus.htm

Mycologie médicale de RIPERT Christian

Influence of storage and household processing on the agaritine content of the cultivated Agaricus mushroom. Schulzová V1, Hajslová J, Peroutka R, Gry J, Andersson HC http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as9/2champi2.html in Food Addit Contam. 2002 Sep;19(9):853-62

Quantities of agaritine in mushrooms (Agaricus bisporus) and the carcinogenicity of mushroom methanol extracts on the mouse bladder epithelium]. Hashida C1, Hayashi K, Jie L, Haga S, Sakurai M, Shimizu H. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2132000

Mushrooms and agaritine: A mini-review in Journal of Functional Foods Volume 2, Issue 2, April 2010, Pages 91–98 (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1756464610000241)

http://www.smd38.fr/documents/formations/Agaricus30_05_16.pdf

http://champignons-de-france.fr/Généralités/La%20consommation%20des%20champignons.html

http://ac.els-cdn.com/0014579376802529/1-s2.0-0014579376802529-main.pdf?_tid=46c786c4-863d-11e6-a39b-00000aacb360&acdnat=1475151022_f70291906e3c67bd8f8a06854128ce10

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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D
Merci Roland,<br /> Bonne leçon du coprin et autres.<br /> Par contre , pourrais je te demander de nous former sur des comestibles et son comparatif , non comestible.<br /> C 'est là toute la question la plus vitale.<br /> Dans notre cas ci , il y a le coprin chevelu qui serait comestible lui? <br /> Avec mes remerciements<br /> DD
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