GCO-7 hectares de discorde

Publié le 4 Mars 2017

DNA-Un peu de loin , mais toujours en Alsace et pour vous faire une idée comment les politiques traitent les dossiers de trasnports et environnementaux


Artcile paru dans les DNA             David Geiss (02/03/2017)

La future aire de service du GCO était présentée mardi soir à Duttlenheim. Jouxtant la zone d’activités de la plaine de la Bruche, ce projet de 7ha est froidement accueilli par la population.

 

Initialement prévue à Griesheim-sur-Souffel, de part et d’autre du GCO et sur une surface totale de 18 ha, cette aire a finalement été déplacée entre Duttlenheim et Duppigheim, en bordure sud de la zone d’activités de la plaine de la Bruche où elle jouxtera un premier diffuseur de la future autoroute à camions.

Ses promoteurs - la société Arcos, filiale de Vinci - ont esquissé le projet mardi soir dans une salle polyvalente de Duttlenheim très remontée (lire encadré). Ils ont aussi évoqué les autres impacts du GCO sur la commune.

Ce déplacement de l’aire de service obéit à plusieurs logiques : il y a d’abord le recours judiciaire engagé par les maires du secteur de Griesheim. Arcos a donc revu sa copie et profité d’un redécoupage de la zone de protection stricte du grand hamster, décidé en décembre 2016, pour projeter cette aire sur des terres agricoles coincées entre cette zone de protection et la zone d’activités de la plaine de la Bruche. Soit une quinzaine de parcelles (12 propriétaires) qui sont en cours d’acquisition et qui ont déjà été remembrées (ce qui n’était pas le cas à Griesheim). Avantage du site : « On profite de terres délaissées autour du diffuseur », explique Margaux Alix, responsable d’Arcos. La nouvelle aire qui s’accompagnera de la création de deux ronds-points (pour offrir un maximum d’accessibilité autour d’une première portion gratuite de l’autoroute) se contentera en effet de 7 ha de terrains. « Ce nouvel emplacement permet par ailleurs un meilleur équilibrage des aires de service dans la région. » La nouvelle aire se trouverait en effet à mi-chemin entre celles de Brumath et du Haut-Koenigsbourg. Et surtout à proximité de la zone d’activité de la plaine de la Bruche (3 000 emplois) et avec comme principaux voisins Knorr bestfoods et surtout XPo Logistics, un mastodonte du transport en camions.

Une aire gérée en sous-concession

Des entreprises que l’on imagine fortement intéressées par le GCO et qui ne voient sans doute pas d’un mauvais œil cette aire de service qui prévoit un parking de 60 places pour les poids lourds, de quoi délester un peu la zone d’activités. 120 places sont également prévues pour les voitures. Le cahier des charges de l’aire de service prévoit par ailleurs : une offre de restauration 7 j / 7 de 7 h à 22 h ; boutique généraliste et offre de carburant 7 j / 7, 24 h / 24 et des bornes de recharge électrique. Également au menu : espaces verts, zone de détente. Et le tout avec une trentaine d’emplois à la clé.

L’aire sera gérée en sous-concession et l’appel à la concurrence lancé cet été. Avis aux pétroliers et restaurateurs. Les deux pouvant, comme souvent, s’associer. Et certains n’hésitent pas à exprimer leurs préférences : selon Jean-Luc Fournier, chargé de communication chez Vinci, ces sous-concessionnaires n’étaient pas très tentés par l’option Griesheim. 

Voilà donc pour cette aire de service, « obligatoire dans le cadre du GCO », rappelle André Griebel, responsable de Socos, autre filiale de Vinci, en charge, elle, plus spécifiquement des travaux. Une aire qui sera fonctionnelle en même temps que l’autoroute, en septembre 2020. Si tout se passe bien. Car outre l’opposition des riverains, manifestée à nouveau mardi soir, les autorisations et autres travaux préliminaires, précédant le réel démarrage du chantier fin 2017, d’autres dossiers suscitent pas mal d’interrogations sur cette partie sud du GCO : comme le viaduc de la Bruche et surtout l’aire de stockage des camions prévoyant une zone d’arrêt d’urgence en cas de crise météorologique. Elle était initialement prévue à Pfulgriesheim en annexe de l’autoroute et avec une forte emprise sur le foncier. Mais Arcos est en pourparlers avec l’État pour s’orienter vers un « stockage dynamique ». Une sorte de bande d’arrêt d’urgence améliorée, pressentie à hauteur d’Ittenheim.

Une salle bien remplie (plus de 300 personnes) avec des riverains remontés…. PHOTOs DNA - Davi
Une salle bien remplie (plus de 300 personnes) avec des riverains remontés…. PHOTOs DNA - Davi

Une salle bien remplie (plus de 300 personnes) avec des riverains remontés…. PHOTOs DNA - Davi

Un projet « archifillon »

Depuis un an et l’attribution de la concession, Arcos enchaîne les réunions, une centaine au total. Mais nul doute que le rendez-vous de Duttlenheim laissera un goût très amer aux promoteurs du projet. Plus de 300 personnes ont assisté mardi à cette présentation de l’aire de service et des autres impacts du GCO sur le secteur et plus précisément sur cette zone d’activité de la plaine de la Bruche, entaillée suivant le tracé par « un remblais, à savoir un ouvrage en terre de quelques mètres de haut », détaille André Griebel, chargé des travaux. « Assassin ! », rétorque d’emblée un jeune homme au fond de la salle. Le décor est planté. Bonjour l’ambiance. Et malgré les appels au calme du maire de Duttlenheim, Jean-Luc Ruch, lui aussi pris à partie, de nombreuses voix virulentes se feront entendre tout long de la soirée. Les Bishnoï, le collectif GCO Non merci ou l’ADQV (association pour la défense de la qualité de vie) sont de la partie. Mais pas que. Les langues, même isolées, se délient. « Votre projet est archiFillon », vitupère un riverain en rappelant que c’est l’actuel candidat à la présidentielle qui, en 2008, alors qu’il était Premier ministre, avait signé la déclaration d’utilité publique du GCO. Critique encore avec ces propos d’un habitant de Strasbourg, venu expliquer que « le GCO ne réglera en rien l’engorgement de Strasbourg qui survient 2 h le matin et 2 h le soir ». « Car c’est un problème de circulation est-ouest et non pas nord-sud. » Et ce Strasbourgeois d’ajouter : « Au final, avec ce GCO, s’il y a du gain ce sera pour Vinci et s’il y a des pertes, ce sera pour l’État et donc pour nous. » Applaudissements dans la salle. Parole enfin à Luc Huber, maire de Pfettisheim et opposant historique au projet, qui recentre la charge sur « l’aire de service qu’il faut faire tomber, car ce sera une première étape pour faire tomber tout le GCO ».

La soirée s’annonce tendue, la gendarmerie est donc de la partie et veille au grain sur le parking de la salle polyvalente. Il s’agit de prévenir tout débordement. Reste que c’est d’abord à l’intérieur que la tension est palpable.

Deux points sont à l’ordre du jour de cette réunion publique orchestrée par la municipalité. Le premier concerne le PLU. Sujet classique et qui comme d’habitude réveille les querelles de clocher. Mais l’affaire est vite expédiée pour laisser place à la question centrale de la soirée : l’impact pour la commune du tracé du Grand Contournement Ouest avec un focus sur la future aire de service qui jouxtera cette autoroute à camions à la hauteur du diffuseur ou échangeur -un jargon technique sujet à certaines confusions lors du débat- de Duttlenheim.

D’emblée Arcos et Socos, les filiales de Vinci, sont verbalement et violemment prises à partie. Les noms d’oiseaux fusent et ces attaques n’épargnent pas le premier magistrat Jean-Luc Ruch. « Notre santé, nos terres, nos enfants sont condamnés par votre faute » déplore une dame au fond de la salle. « J’adore être agressé comme vous venez de le faire madame. Je suis maso. Mais dans ce dossier, sachez que je suis neutre » rétorque le premier magistrat. Une neutralité et une position d’équilibriste dénoncées à plusieurs reprises, même s’il est vrai que sa marge de manœuvre est minime car l’Etat ordonne et Vinci fait son job.

Vers une police intercommunale

Mais le parallèle avec Kolbsheim, représentée par quelques habitants ce même soir, ressort à plusieurs reprises. Sentant la tension monter et soucieux de calmer les esprits, le conseiller municipal Christian Goepp, opposé pourtant au GCO, rappellera à juste titre que le conseil de Duttlenheim a voté « à l’unanimité » une motion contre le GCO et son aire de service.

Luc Huber, maire de Pfettisheim, opposé lui aussi au GCO, y va à son tour de sa petite intervention pour expliquer qu’« aucun maire n’a de position facile dans ce dossier » et que « Vinci fait son… business ».

Arcos et Socos, avec leurs trois représentants, tenteront en vain de promouvoir leur projet. Tout en faisant face aux différents mouvements d’opposition (Bishnoï, GCO Non merci…) qui ont vu le jour ces derniers mois. Pas simple. Opposition de styles et contact électrique. Certains ont tenté le débat de fond comme Sylvain Metz, président de l’ADQV (association de défense de la qualité de vie à Duttlenheim), parti dans un vibrant plaidoyer écologique en fin de soirée. Mais ce n’était sans doute pas le moment. L’heure était plutôt aux vifs échanges avec des propos frôlant quelquefois la diffamation.

Il se murmure qu’une police intercommunale impliquant notamment Duttlenheim, Duppigheim et Ernolsheim-Bruche pourrait voir le jour sur le secteur. En renfort de la gendarmerie, bien mobilisée ces temps-ci ? Allez savoir. Reste que cela ne suffira sans doute pas à calmer des esprits surchauffés par ce GCO.

L’essentiel du débat portait mardi soir sur l’aire de service de 7 ha prévue en bordure sud de la zone d’activités de la Plaine de la Bruche, partagée entre le RD111 et le GCO. Cette aire fera l’objet d’une sous-concession. Elle comprendra un restaurant (7j/7, de 7h à 22h), une boutique (7j/7, 24h/24), une station-service (7j/7, 24h/24) ainsi que des bornes de recharge pour véhicules électriques.

Côté stationnement : 120 places pour des voitures et 60 places pour les poids lourds. Le cahier des charges de cette aire précise également qu’elle prévoit des espaces de détente et qu’elle se veut une vitrine touristique de l’Alsace.

30 emplois seront créés pour son exploitation.

 …et qui ont maintes fois manifesté leur exaspération. PHOTO DNA - David GEISS

…et qui ont maintes fois manifesté leur exaspération. PHOTO DNA - David GEISS

A proximité du tracé du GCO et de la future aire de service, le collège de Duttlenheim. PHOTO DNA - David GEISS

A proximité du tracé du GCO et de la future aire de service, le collège de Duttlenheim. PHOTO DNA - David GEISS

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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