Face à la fermeture des commerces de centre-ville Dutreil : « Il faut démanteler les hypermarchés ! »

Publié le 9 Octobre 2017

L’ancien ministre devenu patron de PME plaide pour « une politique radicale » Photo AFP

Voilà un sujet bien politique et qui n'a rien à voir avec la protection de la nature.
Et bien si justement. Vous constatez comme moi que les commerces des centres villes de nos villages et petites villes sont toujours là mais rideaux baissés.

Pendant ce temps-là, à coups d'argent frais du contribuable, on construit, de grandes zones commerciales, en périphérie, des zones commerciales sur des terrains viergesqui étaient souvent d'excellentes terres agricoles ou maraîchères, voir sur des sites inondables ou riches en biodiversité.
Ces grands terrains sont en général cédés à petit prix aux enseignes commerciales par les maires pressés de voir s'installer chez eux ces commerces, plutôt que chez les voisins.
Ces enseignes sont bâties sur un seul étage (cela coûte moins cher dans l'immédiat) et entourent leurs magasins de parkings certes, pas toujours surdimensionnés mais toujours très grands et imperméables.
La consommation de surface est énorme car l'utilisation de ces parkings n'est pas permanente. Les eaux de ruissellement, quand il pleut vont directement dans les réseaux d'eau pluviale et aussi vite ou presque à la rivière. L'augmentation des inondations n'y est pas étrangère.
Petites améliorations des toutes dernières années:
apparition de parkings perméables et stockage de l'eau dans des réservoirs enterrés pendant quelques jours.
La surface agricole et naturelle pendant ce temps, s'est réduite à grande vitesse.
Les problèmes économiques et d'emploi n'ont pas disparu, bien au contraire comme le souligne cet élu.

Roland

paru sur DNA Francis Brochet 08/10/2017

« Il faut stopper les autorisations d’ouverture de grandes surfaces. Et il faut aller encore plus loin, vers un démantèlement progressif de l’hypercommerce. » C’est très calmement que Renaud Dutreil en appelle à cette révolution. Ancien ministre du Commerce de Jacques Chirac, il a été élu local avant de partir vivre aux États-Unis puis revenir prendre la tête d’une PME charentaise, la source d’eau minérale Jolival.

«Des périphéries hideuses»

« Je suis souvent à Angoulême, j’ai longtemps été député de Château-Thierry et Villers- Cotterêts… Je vois comment la périphérie des villes est devenue un aspirateur à richesses, avec tous les inconvénients que cela entraîne. » Et d’abord des centres-villes aux rideaux de magasins baissés : le taux de vacance commerciale dépasse les 11 % et progresse d’un point par an, alerte le dernier rapport de l’Institut pour la ville et le commerce. Sans oublier, ajoute Renaud Dutreil, des « périphéries hideuses », avec des hangars à vente plantés sur d’immenses parkings sans un seul arbre…

Une taxation plus lourde

Il faut donc « réinventer un commerce qui crée de l’emploi et permette de regagner les centres-villes ». Comment ? En stoppant les nouvelles autorisations d’ouverture : selon le Conseil national, 78 nouveaux centres devraient être créés d’ici à la fin de l’année prochaine, venant s’ajouter aux plus de 800 existant déjà.

Et en taxant davantage les grandes surfaces, poursuit l’ancien ministre, pourtant « libéral » revendiqué. « Il faut jouer sur la masse salariale et la surface : plus il y a d’emplois par mètre carré, comme dans les commerces de centre-ville, plus la fiscalité doit être légère ; et sur les hypers où il y a d’immenses surfaces sans personnel, la taxation doit être plus lourde. »

Et si le démantèlement des hypers fait grimper les prix ? « J’assume totalement le fait qu’il faille payer plus cher, mais en contrepartie de plus de services, plus d’emplois, plus de qualité, plus d’environnement, plus de Made in France… »

Une bataille politique

Cette bataille n’est pas d’abord économique, insiste Renaud Dutreil. Elle concerne l’équilibre des territoires. Et elle est au fond très politique, souligne celui qui a soutenu Emmanuel Macron dès l’été 2016, premier de son camp à le faire. « Le président a toujours dit qu’il était extrêmement sensible à la France des oubliés, la France des territoires ruraux, des petites villes et des villes moyennes, cette France qui vote davantage pour le Front national. Il l’a parcourue durant la campagne, il a parlé de la réconciliation des territoires… Pour cela, il lui faut régler ce problème, et par une politique radicale ! »