Aux bons soins des zones humides

Publié le 8 Mars 2018

L’île de Rhinau a fait l’objet d’un vaste chantier de renaturation entre 2005 et 2006, financé à 50 % par l’Union européenne

L’île de Rhinau a fait l’objet d’un vaste chantier de renaturation entre 2005 et 2006, financé à 50 % par l’Union européenne

paru dans DNA Valérie Wackenheim 03/02/2018

À l’occasion des dix ans du site transfrontalier Ramsar Rhin supérieur/Oberrhein et de la journée mondiale des zones humides, la région Grand Est organisait hier conférences et visites de terrain. Parmi les lieux les plus emblématiques de cette zone, l’île de Rhinau.

L’île de Rhinau a fait l’objet d’un vaste chantier de renaturation entre 2005 et 2006, financé à 50 % par l’Union européenne. PHOTO DNA – Laurent RÉA

Passer la centrale hydroélectrique, puis l’écluse… Et le promeneur débouche au seuil de l’île artificielle de Rhinau, joyau de biodiversité, vestige de la jungle rhénane, celle d’avant la canalisation du fleuve frontière.

Ce brin de terre, au cœur de Ramsar Rhin supérieur/Oberrhein (lire l’encadré) s’étend sur près de 10 km de long et 400 m de large maximum entre le Rhin canalisé et le Vieux Rhin. Autre particularité ? Les 2/3 de l’île côté sud sont classés en réserve naturelle nationale depuis 1991 et gérés par le conservatoire des sites alsaciens (CSA). La forêt de la partie nord est exploitée par la commune de Rhinau qui en est la propriétaire.

Un programme de renaturation de 1,5 M €

L’île a fait l’objet d’une vaste opération de renaturation dans le cadre du programme européen Life « Rhin vivant » (2002-2007). Le chantier rhinois d’un montant de 1,5 M € a été porté à 50  % par l’Union européenne. « L’autre moitié étant à la charge de l’État, notamment la Région mais aussi la commune de Rhinau à hauteur de 10  % », précise Richard Peter, garde animateur des réserves naturelles nationales du CSA.

Les objectifs ? « Restaurer les anciens bras du Rhin, redynamiser les cours d’eau et par là, la forêt alluviale », poursuit Jean-Pierre I rlinger, conservateur des réserves naturelles nationales rhénanes du CSA. P our ce faire, « gués, ponts, prises d’eau, abaissements de chemins ont été réalisés entre 2005 et 2006. Il a aussi fallu déraser des digues, les entailler pour permettre à l’eau d’aller plus loin. » À cela s’ajoutent des actions dites écologiques, comme l’aménagement de mares, mais aussi un volet pédagogique. Il consistait en l’installation de panneaux explicatifs sur l’histoire et le fonctionnement du lieu.

67  % des zones humides françaises ont disparu entre 1960 et 1990, indiquait un conférencier, en amont de la visite, à l’occasion d’une matinée organisée dans la salle des fêtes de Rhinau pour le lancement national de la journée mondiale des zones humides, une journée axée sur l’articulation entre préservation de ces milieux et aménagement urbain.

Les zones humides peuvent en effet jouer un rôle clé dans le cadre de la gestion de certains phénomènes climatiques extrêmes. « Ce sont des zones tampons qui absorbent l’eau en cas de crue ou d’inondation, confiait, lors de la visite de terrain, Jean-Pierre Irlinger. Elles apportent aussi de la fraîcheur lors des épisodes de fortes chaleurs. »

En Alsace, les crues hivernales permettent notamment de recharger la nappe phréatique. Celles dites du Rhin des cerises, Kirschen Rhein , d’ordinaire entre mai et juin, dues à la fonte des neiges dans les Alpes nourrissent les milieux grâce au limon déposé.

Quid de l’impact du réchauffement climatique sur les zones humides sises le long du Rhin ? « Il pourrait en modifier le fonctionnement, estime Richard Peter. Moins de neige, moins de crues. Ces dernières pourraient alors être provoquées par des épisodes de pluies intenses, comme c’était le cas pour celle d’août 2007, alors que nous étions en période d’étiage. »

DNA/

Un site à la biodiversité unique

Depuis septembre 2008, le Rhin supérieur est certifié site Ramsar, du nom de la Convention sur les zones humides adoptée en 1971. Un label qui vise à préserver la valeur écologique d’un site à la biodiversité unique.

Dix bougies à souffler. En 2008, la Convention sur les zones humides, dite Convention de Ramsar, du nom de la ville où elle a été adoptée, accordait au fleuve et à ses abords le label de zone humide d’importance internationale. Un anniversaire fêté cette année le même jour que la Journée mondiale des zones humides (JMZH) qui a lieu chaque année le 2 février.

Le Rhin supérieur est l’une des seules zones humides transfrontalières à être labellisée site Ramsar : parmi les 2 293 sites concernés, seuls 20 sont des zones transfrontalières. Le site labellisé s’étend de part et d’autre du Rhin, sur une distance de 190 km, de Bâle à Karlsruhe. 47 530 hectares sont concernés, dont 22 000 en France et 25 000 en Allemagne.

Le Rhin est une zone humide unique dans le monde : plus de 260 espèces d’oiseaux et 40 espèces de poissons y vivent. C’est aussi l’un des plus grands réservoirs d’eau potable en Europe et une des zones d’hivernage des oiseaux d’eau.

La Journée mondiale des zones humides vise à rappeler leur rôle unique dans le maintien de la biodiversité et assurer leur protection. D’ici à 2050, 66 % de la population mondiale vivra en ville, de quoi faire reculer l’espace des zones humides.

DNA/Marianne Naquet 03/02/2018

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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