Sur les bords de la Vilaine, les lucioles sont devenues rares

Publié le 5 Août 2020

Les lucioles femelles émettent de la lumière pour attirer les mâles en vue de la reproduction (photo d'illustration, dans le centre de l'Italie).

Les lucioles femelles émettent de la lumière pour attirer les mâles en vue de la reproduction (photo d'illustration, dans le centre de l'Italie).

  • Dans la vallée de la Vilaine, près de Rennes, les lucioles et vers luisants disparaissent progressivement depuis près de 30 ans.
  • Ces insectes sont notamment victimes de la pollution lumineuse et des pesticides.
  • Un collectif a lancé une enquête pour comprendre les causes de leur raréfaction et élaborer des pistes pour les réimplanter dans la région.

C’est un insecte magique, parlant à l’imaginaire de chaque génération. Pour les plus jeunes, ce sont des contes et des dessins animés, comme Le Tombeau des Lucioles. Pour les plus anciens, des souvenirs féeriques de lumières scintillant dans la nuit. Mais sur les rives de la Vilaine, où on pouvait jadis les observer en nombre lors des soirées d’été, les lucioles se font de plus en plus rares.

Un constat qui s’étend à l’ensemble de la France, le nord paraissant le plus touché. « Les populations semblent effectivement en baisse mais on n’est pas encore capable de quantifier la perte, on n’a pas assez d’années de recul », indique Fabien Verfaillie, directeur de l’Observatoire des vers luisants et des lucioles, qui collecte des données depuis 2014. Une chose est sûre néanmoins, « on en voyait beaucoup plus il y a 30 ans ».

Avec la pollution lumineuse, les lucioles ne peuvent plus se voir et donc se reproduire

Le biologiste tient avant tout à préciser : « En Bretagne et dans la vallée de la Vilaine, ce sont en réalité des vers luisants, qui appartiennent à la famille des lampyridés, tout comme les lucioles, réduites quant à elles à l’extrême sud-est et à la Corse. Les verts luisants émettent une lumière verte continue au sol alors que les lucioles produisent une lumière clignotante en vol. »

 
L'étang de la Petite Perelle, à Saint-Jacques-de-la-Lande, a servi de terrain d'enquête dans le cadre du projet lucioles.
L'étang de la Petite Perelle, à Saint-Jacques-de-la-Lande, a servi de terrain d'enquête dans le cadre du projet lucioles. - Indiens dans la Ville

Chez les vers luisants, seules les femelles font de la lumière. Une réaction biochimique dont la fonction est vitale : permettre aux femelles de signaler leur présence aux mâles pour l’accouplement. Mais avec la pollution lumineuse, ces insectes, qui ont besoin d’être dans le noir pour se reconnaître, ne peuvent plus se voir et donc se reproduire.

Illustration d'un lampyridé, famille dont font partie les lucioles et les vers luisants.
Illustration d'un lampyridé, famille dont font partie les lucioles et les vers luisants. - Pixabay

L’utilisation des pesticides a également beaucoup contribué à leur raréfaction, tout comme « l’intensification des cultures et la destruction des écosystèmes », souligne Fabien Verfaillie, rappelant qu’il y avait « autrefois des haies entre chaque parcelle avec d’importantes populations d’insectes ». Cette disparition progressive a de lourdes conséquences car les vers luisants et lucioles jouent un rôle crucial dans l’équilibre écologique en mangeant les escargots et limaces.

Des classes mènent l’enquête sur le terrain

Devant ce constat inquiétant, la coopérative culturelle Cuesta a décidé, associée à une paysagiste et au collectif d’artistes Indiens dans la ville, de lancer le « Projet Lucioles ». Une démarche mise en œuvre dans le cadre de la valorisation de la vallée de la Vilaine, portée depuis 2015 par la Métropole et les sept communes de la vallée (Rennes, Bruz, Chavagne, Laillé, Le Rheu, Saint-Jacques-de-la-Lande et Vezin).

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale, #Pollution-pesticides

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