Quelle est l’influence de l’automne sur l’arbre ?

Publié le 9 Novembre 2020

Forêt d'Alsace Bossue
Forêt d'Alsace Bossue

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Quelle est l’influence de l’automne sur l’arbre ?
Quelle est l’influence de l’automne sur l’arbre ?

Paru sur le site de l'ONF le 26/10/2020

L’automne est là. Les arbres changent et se parent de couleurs dorées, orangées et rouges. Les feuilles se détachent des branches et virevoltent jusqu'au sol qu’elles recouvrent d'un tapis humide et parfumé. Mais pourquoi les forêts perdent-elles leurs feuilles durant cette saison ?

Quelques notions de botanique viennent expliquer ce phénomène annuel... La feuille est un capteur solaire. Les arbres transforment la lumière du soleil en énergie et en nutriments, par un mécanisme appelé photosynthèse. En automne, l’ensoleillement diminue : l'arbre se met alors au repos et va vivre au ralenti. Quand les températures chutent, la sève ne circule plus. La feuille de l’arbre se dessèche, devient fragile et tombe. L’arbre, lui, ne meurt pas : le tronc protégé par l’écorce et les racines enfoncées dans la terre ne craignent pas la rigueur de l’hiver.

Certains arbres perdent leurs feuilles, comme les hêtres et les chênes (hormis le chêne vert). D’autres les conservent. C'est le cas des résineux, comme le pin ou le sapin. Leurs feuilles sont des aiguilles plus robustes que les grandes et fines feuilles des feuillus. Elles transpirent très peu et possèdent une couche de cire qui les enrobe pour les protéger du froid. Elles se renouvellent tout au long de l'année. Toutefois, il existe trois exceptions chez les conifères : le mélèze, le cyprès chauve et le métaséquoia perdent leurs aiguilles tous les ans ou tous les deux ans.

 

Concrètement, comment se passe le processus automnal ? La fête des couleurs débute par la cime des arbres. La vitesse à laquelle circule la sève diminue à mesure que les jours raccourcissent, ce qui touche en premier les parties les plus hautes de l’arbre. La chlorophylle, contenue dans les feuilles qui leur donne leur couleur verte, a besoin de beaucoup de lumière pour être efficace. Elle disparaît alors lorsque la lumière des jours réduit. La photosynthèse est ralentie, la chlorophylle quitte les feuilles vers le tronc, les autres pigments contenus dans les feuilles prennent le dessus : le rouge, le jaune peuvent s'exprimer !

En Finlande, on dit que le rougeoiement des feuilles est une sorte de message de l’hiver venu faire ses adieux aux longues journées d’été... Il rappelle que la saison froide et la nuit polaire se rapprochent à vive allure.

Manuel Fulchiron, Directeur d'agence à l'ONF dans les Alpes-Maritimes et le Var.

À la fin de leur cycle, une fois les nutriments de la feuille récupérés par l’arbre, un pétiole (sorte de bouchon) se forme à la base de la tige de la feuille, empêchant le passage de la sève. Ce qui dessèche la feuille qui tombe et s’accumule au sol. Les feuilles mortes tombées au sol ne sont pas perdues pour l’arbre : elles forment un manteau qui protège les racines contre le gel et conserve l’humidité. À l’aide des insectes et des champignons, les feuilles enrichissent le sol, se transforment en humus, qui viendra nourrir les racines des arbres.

L’intensité des couleurs de l’arbre va varier selon l’essence, la température, la santé de l’arbre et l’acidité du sol. Les feuilles du hêtre ne se colorent pas beaucoup à l’automne : elles brunissent. Certains arbustes, comme le lilas, ont des feuilles qui restent vertes jusqu’à leur chute. Les arbres les plus spectaculaires ont des couleurs flamboyantes : l’érable à sucre et l’érable rouge deviennent rouge-orangé, l’orme et le bouleau prennent une couleur d'or.

 

L'automne prépare aussi l'avenir...

Au début de l’automne, l’arbre ne produit plus de cellules de bois, il économise son énergie. Il se prépare à l’arrivée de l’hiver, en faisant redescendre sa sève et en limitant sa croissance. Durant l’hiver, l’arbre sera en période de dormance jusqu’au retour de températures plus clémentes.

Dans le même temps, l'arbre se prépare déjà à produire de nouvelles fleurs. Il prépare des "bourgeons floraux", qui donneront les futures fleurs du printemps suivant. L'automne est la saison idéale pour la récolte de semences de la majorité des essences forestières. Les graines sont cueillies afin de produire, en pépinière, de jeunes arbres appelés "semis", qui seront utilisés pour le reboisement des forêts futures, sur des sols appropriés.

 

A chaque feuille sa couleur

Le changement de couleurs des feuilles de l’arbre en automne permet de restituer le reste des nutriments contenus dans les feuilles vers l’intérieur de l’arbre. Chaque couleur de feuille correspond à un état particulier :

  • Verte : une feuille verte est gorgée de chlorophylle.
  • Jaune/orange : la chlorophylle disparaît et laisse apparaître d’autres pigments présents dans la feuille : le carotène, de couleur orange, et la xanthophylle, de couleur jaune. Le mélange de ces deux pigments explique toutes les nuances de jaune et d’orange que nous pouvons observer durant l’automne.
  • Rouge : certains arbres produisent des pigments rouges appelés "anthocyanines". On pense que cette couleur peut éloigner les insectes parasites et protéger également les feuilles contre les rayons du soleil grâce à ses propriétés antioxydants.
  • Marron : cette couleur est revêtue par une feuille morte.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Arbres

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C
Super article ????un grand Merci
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R
Merci Carole. A bientôt
G
Oui Roland, l'explication de l'ONF est, sans doute, mal transcrite..!?<br /> A ma connaissance, c'est à la base du pétiole que des cellules spécifiques provoquent la chute des feuilles...
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G
Merci Gilles pour ces remarques toujours éclairées !<br /> J'en conclus prudemment..., comme de nombreux forestiers naturalistes, qu'il vaut mieux pratiquer en forêt une sylviculture raisonnée (ou jardinée...) avec un bon mélange d'essences que de la monoculture pour éviter ces infestations massives de champignons pathogènes souvent inféodés à une seule essence !
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G
Excellent article bien coloré grâce à notre climat "encore" tempéré ...<br /> A propos de ces coutumes (désormais interdites en forêt...) de ramassage de feuilles mortes qui transmettent, en effet, des champignons pathogènes aux végétaux :<br /> Autre exemple : la chalarose du frêne victime de ce champignon (Hymenoscyphus) qui dépose ses spores sur les feuilles et se développe sur les rameaux puis au sol en contaminant les vaisseaux de cette essence, en voie de dépérissements.<br /> De nombreuses contaminations sont provoquées par des champignons pathogènes accrochés aux feuilles dans la Nature, particulièrement dans nos vergers ou jardins ! <br /> Questions à Gilles, notre mycologue attitré : que faire pour éviter ces problèmes sanitaires dans cette litière nourricière ? et est-ce grave Docteur ?
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G
Pour compléter, tout dépendra aussi du champignon et de l'essence. En cas d'infestation massive, il est envisagé de casser le cycle en ramassant les déchets organiques. Cependant ce ramassage doit être compensé par un apport en matières organiques. Et c'est sur cet apport que je suis dubitatif. Si cet apport est mal maîtrisé, c'est toute la population des champignons mycorhiziens qui sera modifiée voire menacée. Quand on sait que les mycorhiziens ont aussi un rôle important dans l'immunité des arbres, les perturber fragilise l'arbre et on rentre dans un cercle vicieux. Je crains qu'à moyen terme le remède soit pire que le mal
G
Bonsoir GMF<br /> C'est effectivement une remarque pertinente. Certains champignons, comme Hymenoscyphus fraxineus, finissent leur cycle dans les feuilles mortes et survivent dans ces dernières.<br /> Mon avis personnel est qu'enlever les feuilles seraient un remède pire que le mal quand on considère l'importance des feuilles mortes pour les processus d'humification au printemps. Ce serait priver les arbres d'une ressource essentielle en minéraux liés à tous ces tanins en décomposition.
R
merci beaucoup GMF de ce point de vue très pro...<br /> <br /> Docteur Gilles au secours, les champignons sont là!
C
Bonjour,<br /> Je n'ai aucune compétence en sylviculture;mais j'ai toujours entendu dire que le changement de couleurs et la chute des feuilles étaient dûs au stress hydrique de l'été.Pensant aux diverses variétés d'arbres,l'idée se discute.<br /> Je me permets une petite remarque quant au nettoyage des fôrets,c'était avant l'époque actuelle une pratique régulière.<br /> Les arbres ( les chataigniers ) étaient sains et en plus il y avait peu d'incendies de fôrets.
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R
Bonjour Christian,<br /> <br /> merci de cet avis et remarque sur le nettoyage des forêts.<br /> . La chute des feuilles en automne mériterait un article car il entre en jeu plusieurs mécanismes.<br /> <br /> Confus un peu l’article ONF quand il parle d'un pétiole qui se forme; Le pétiole est la tige de la feuille e t ne se forme pas à l'automne; Dans le pétiole apparaissent des cals liégeux qui obturent les vaisseaux.<br /> <br /> http://www.ac-grenoble.fr/ecoles/hg/spip.php?article3308
X
Les directives concernant l'entretien des châtaigneraies du Massif des Maures autour de Collobrières particulièrement ont été de nettoyer les feuilles mortes tombées au sol et les bogues morts. Cette pratique absurde dénuée de bon sens j'espère qu'elle cesse de se perpétuer car elle n'a profité nullement à la résistance des châtaigniers vulnérabilisés par ce déficit flagrant d'humus . Peut être que la décomposition des bogues seuls qui sont comme du bois amène un pourrissement nocif, je ne puis pas dire, ne suis pas expert en la matière, mais le retrait systématique par aspiration (?) des feuilles a été une erreur dénoncée par des paysans locaux ostracisés parce que n'ont soit disant pas le niveau intellectuel pour un digne droit de réponse..
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R
Merci Xuereb de ce commentaire.<br /> Je comprenais aussi mal ce nettoyage des feuilles et bogues morts. Aussi je suis allé lire les conditions de culture de cet arbre.<br /> <br /> En lisant la documentation disponible en ligne, il s’avère que la culture du châtaignier doit faire face à plusieurs ravageurs et maladies difficiles à éradiquer.<br /> Les feuilles tombent par attaque d’un champignon, la septoriose (Septoria castanicola).<br /> Depuis 2007, les vergers sont victimes du cynips du châtaignier (Cyclia splendana) qui a provoqué d’énormes pertes de récolte et il existe aussi le Balanin (Curculio elphas) très actif.<br /> Ces trois maladies exigent le retrait des feuilles et bogues contaminées pour marquer une coupure hygiénique. Il existe des moyens de lutte biologique.<br /> <br /> Pour compenser ce déficit nutritionnel, la castanéiculteur devra obligatoirement apporter des matières organiques et minérales de substitution. Il peut utiliser des broyats de branches et écorces de feuillus, des engrais organiques (guano farines d’os, fumiers, …), des minéraux peu solubles utilisables en agriculture biologique (sulfate d e potasse…)<br /> <br /> Sources :<br /> http://www.eurocastanea.org/uploads/1/7/0/4/17040934/france_cynips_vernol.pdf<br /> <br /> http://www.produire-bio.fr/wp-content/uploads/2017/04/GuideChataignierAB_OK_Web-Chambre-agriculture.pdf