La Glycérie aquatique, la Grande glycérie (Glyceria maxima)
Publié le 20 Juillet 2022
Je profite de la morte saison pour vous présenter cette plante pas très attrayante mais souvent rencontrée au bord des eaux en été.
Roland
Nom scientifique : Glyceria maxima (Hartm.) Holmb.
Son ancien nom est Glyceria aquatica.
Origine du nom : « glyceros » signifie en grec «doux, sucré» en lien avec le goût des graines que consommaient bouillies les habitants des pays slaves et de « maxima » «grande», car cette plante est très grande.
Nom en dialecte et allemand : Grosses Süss grass, Wasser-Schwaden
Nom anglais : great manna grass, reed mannagrass, greater sweet-grass
Date de l’observation: le 17 juillet à Harskirchen (67)
Famille de plantes : C’est la grande famille des Poacées nom alternatif à celui de Graminées. (merci Maison)
Il existe plus de 12 000 espèces identifiées au niveau mondial dont plusieurs centaines en France.
Ce sont toutes ces herbes qui ressemblent de près ou de loin à du maïs, du riz, de la canne à sucre, du bambou, du mil, du blé, de l’avoine ou encore de l’orge.
C’est LA famille de première importance au niveau nutritionnel, toutes les céréales comestibles en font partie
Elle recouvre 40% de la couverture végétale terrestre.
Caractères communs :
Ce sont des plantes herbacées à fleurs peu visibles, non colorées. Leurs tiges, les chaumes, sont cylindriques, creuses et portent des nœuds d’où naissent les feuilles.
Normalement une feuille possède une partie élargie, le limbe et une partie étroite le pétiole qui la raccorde à la tige comme, par exemple, la feuille d’un pommier.
Les feuilles des Poacées, n’ont pas de vrai pétiole et forment une gaine foliaire entourant la tige à partir du nœud. Le limbe de la feuille s’élargit quand il s’écarte de la tige, à partir de la ligule. Il devient alors visible pour l’observateur. La présence des nœuds est facile à remarquer au toucher car ils sont renforcés par des fibres.
Le réseau racinaire des Poacées est variable pour s’adapter à tous les milieux. Il est très perfectionné et permet à certaines espèces d’améliorer les rendements agricoles ou de s’étendre rapidement pour former des grandes pelouses ou gazons, par tallage ou drageonnage.
Type : très grande herbe des milieux très humides, vivace. Elle ressemble à un jonc et possède de longs rhizomes
Hauteur: de 80 à 250 cm
Tige : robuste de 6 à 10 mm de diamètre à la base. Elles se développent rapidement à partir des rhizomes rampants.
Feuilles: vert vif, très longues, plates, de 30 à 60 cm de long pour 7 à 20 mm de large. Elles sont marquées par un pli au milieu, lisses sur le dessus et scabres (rugueuses au toucher) sur le dessous. Une longue gaine foliaire rattache le limbe à la tige. A l’autre extrémité la feuille se termine par une petite pointe fine.
La ligule est la cicatrice qui apparait à l’endroit ou la feuille rejoint la tige. Elle est souvent typique d’une espèce. Ici elle mesure 3 à 6 mm et son pourtour est sans poils, entier ou un peu divisé.
Floraison: de mai à août
Inflorescence : l’ensemble des fleurs de cette glycérie est une longue panicule de 20 à 40 cm aux rameaux étalés et raides réunis par 5 à 10.
Les épillets verts puis brun-jaune à violet, de 4 à 10 mm sont très nombreux et comprimés. Ils cachent 5 à 8 fleurs pourvues de 3 étamines et des stigmates.
Les fleurs du haut de l’épillet sont stériles.
Chaque épillet possède 2 glumes qui sont les enveloppes externes. La glumelle externe mesure 3 à 4 mm et possède 7 nervures mais pas d’arête comme chez d’autres graminées.
La composition et la disposition des épillets est typique de chaque poacée et nécessite une bonne loupe pour l’observation.
Pollinisation : plantes anémophiles (la pollinisation se fait grâce au vent).
Confusion possible : avec d’autres poacées mais reste facile à identifier.
Habitat: cette plante aime l’eau stagnante ou à faible courant avec des fonds vaseux riches en nutriments. Elle a aussi besoin de soleil. Elle pousse souvent dans les milieux « mouillés » comme le long des berges d’eau à faible débit, fossés de drainage, étangs et lacs de toute l’Europe et jusqu’en Sibérie.
Cette plante pousse dans l’eau jusqu’à 75 cm de profondeur et parfois plus.
Fruit : c’est une graine très petite et légère de 1.5 à 5 mm disséminée par le vent (anémochorie) et les animaux (zoochorie) auxquels elle s’accroche grâce à des arêtes sur sa périphérie
Protection : plante très commune dans certaines régions comme la notre, plus rare dans d’autres comme l’Occitanie et le Limousin. Dans cette région elle est classée vulnérable et en Aquitaine elle est protégée par la loi.
Sur d’autres continents, sans ses prédateurs d’Europe et d’Asie, elle est vite invasive et considérée comme une peste végétale dans de nombreux pays du Nouveau Monde comme l’Amérique du Nord et en Océanie. Une seule plante peut produire jusqu'à 100 pousses et 30 m de rhizome au cours de ses 2 premières années de croissance. Les rhizomes peuvent s’enfoncer jusqu’à 1 mètre dans le sol humide et constituent à eux seuls 40 à 55% de la biomasse de cette plante, Pas étonnant qu’elle soit envahissante avec tous ces supers pouvoirs.
Le phosphore, minéral indispensable à toutes les plantes, est un facteur limitant la croissance de cette glycérie s'il vient à manquer.
Usage alimentaire: autrefois les graines étaient broyées pour extraire de la farine et en faire une bouillie. C’était à l’âge du fer selon des vestiges analysés et partir du XIII siècle, en Pologne par exemple. L’usage a été progressivement abandonné (XIX siècle) en raison du très faible rendement de récolte de cette glycérie comparé aux céréales et aussi en raison de la disparition des milieux humides.
La farine qu’on en tire ne peut pas être utilisée pour faire du pain ou d’autres produits à pâte levée.
Plus ennuyeux, dans certaines conditions d’âge, et selon les nutriments présents dans le sol, cette plante produit comme le Sorgho, de la dhurrine (dhura = le sorgho en arabe). C’est un sucre complexe qui libère du cyanure lors de la digestion ;
Cette dhurrine a entrainé des cas d’intoxications sévères du bétail. C’est aussi un insecticide puissant secrété par la plante qui limite ainsi les attaques des petites bestioles.
Intérêt agricole : cette plante est appréciée par le bétail et les chevaux (quand elle n'est pas toxique...). Elle a donc des qualités fourragères car elle est nutritive.
Sur le bord des rivières et étangs elle protège les berges de l’érosion avec ses rhizomes en tapis denses.
Usage Horticole : il existe certains cultivars décoratifs utilisés dans les bassins des jardins d’ornement.
Usage médical : aucun à ce jour.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
usage historique de Glyceria maxima