Le mystère des loups noirs nord-américains enfin élucidé

Publié le 11 Juillet 2023

Deux loups de la meute de Druid Peak jouent dans le parc national de Yellowstone. Le loup de couleur grise (à gauche) représente le phénotype gris homozygote, tandis que le loup de couleur noire à droite représente le phénotype noir K-locus.

Deux loups de la meute de Druid Peak jouent dans le parc national de Yellowstone. Le loup de couleur grise (à gauche) représente le phénotype gris homozygote, tandis que le loup de couleur noire à droite représente le phénotype noir K-locus.

article paru sur radiocanada

 

Les épidémies de la maladie de Carré (distemper) ont influé sur la couleur du pelage des loups en Amérique du Nord, montrent les travaux de scientifiques britanniques et américains.

Un phénomène bien particulier est observé dans les meutes du continent nord-américain : le nombre de loups noirs augmente par rapport à celui des loups gris lorsque l’on se déplace le long des montagnes Rocheuses, de l’Arctique canadien vers le parc national de Yellowstone, aux États-Unis.

Le loup noir est inexistant ou très rare pratiquement partout dans le monde, mais il est plutôt commun dans certaines régions d’Amérique du Nord, notamment à Yellowstone, explique dans un communiqué le professeur Tim Coulson du Département de biologie de l’Université d’Oxford.

Pour réussir à comprendre cette anomalie, le Pr Coulson, son équipe et des collègues de l’Université d’État de la Pennsylvanie ont analysé les données génétiques de douze populations nord-américaines de loups récoltées pendant 20 ans.

Quatre loups jouent dans la neige.

De nombreux loups de la meute de Druid Peak sont noirs.

Entre chien et loup

  • La couleur du pelage des loups (Canis lupus) est déterminée par le gène CPD103. Selon la variante du gène que possède un loup, son pelage peut être noir ou gris.
  • La version ancestrale du gène détermine un manteau gris. Une mutation apparue chez les chiens domestiques et croisée ensuite avec les loups détermine une couleur noire.
  • La mutation associée au chien a probablement été introduite dans la population nord-américaine de loups dans les 7250 dernières années, lorsque les humains ont migré à travers le détroit de Béring avec des chiens porteurs du gène.
  • Les louveteaux héritent de deux copies de CPD103 (une de chaque parent), mais il ne suffit pas d'hériter d'une copie de la variante noire pour présenter un pelage sombre.
  • La maladie de Carré (VMC) serait apparue dans les années 1730 à partir d'un virus bovin introduit en Amérique du Nord par les colons venus d'Europe.

Protection génétique

L’analyse des données génétiques a montré que les loups au manteau noir présentaient une plus grande immunité contre la maladie de Carré, puisqu’ils possédaient des anticorps les protégeant contre les virus respiratoires.

Sans surprise, les loups noirs avaient plus de chances de survivre aux épidémies de la maladie de Carré que les loups gris.

En outre, les chercheurs ont aussi déterminé que plus il y a de loups noirs dans une région, plus ce territoire a été frappé par des épidémies de la maladie de Carré par le passé.

Une meute d'une douzaine de loups.

Environ la moitié de la meute de Druid Peak est noire.

Accouplements sélectifs

Les chercheurs ont également établi que les loups noirs et gris étaient plus susceptibles de s'accoupler ensemble dans les zones où les épidémies de maladie de Carré sont fréquentes. Toutefois, cet avantage compétitif disparaît dans les zones exemptes de la maladie.

Nous avons découvert que les loups peuvent signaler leur résistance au virus de la maladie de Carré par la couleur de leur pelage, ce qui pourrait permettre aux individus d'identifier les partenaires capables de leur fournir une progéniture en meilleure santé, a déclaré Peter Hudson, professeur de biologie à l’Université d’État de la Pennsylvanie

Il est fascinant de constater que le gène de protection contre la maladie provient de chiens domestiques qui accompagnaient les premiers humains en Amérique du Nord et que le virus de la maladie est apparu sur le continent plusieurs milliers d'années plus tard, encore une fois à partir de chiens, note Peter Hudson, professeur de biologie à l'Université de Pennsylvanie.

Selon les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Science (Nouvelle fenêtre) (en anglais), d'autres espèces animales, dont des insectes, des amphibiens, des oiseaux et des mammifères, présentent certainement des associations entre la couleur et la résistance à des maladies.

De plus, il est fort probable que la présence d'une maladie, et sa fréquence d'apparition, soit un facteur important influençant la couleur d’un partenaire d’accouplement.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Apprendre de la nature

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T
Un article bien intéressant.<br /> On peut dire, en passant: "considérons-nous comme chanceux que la maladie de Carré ne soit pas transmissible aux humains". Il y a déjà suffisamment de conflits comme ça!
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A
Merci Toll. Oui, heureusement nous n'avons pas toutes les maladies des bestioles!<br /> <br /> Roland