L'Ivraie vivace, Ray-grass anglais (Lolium perenne)
Publié le 12 Juillet 2023
Vous avez déjà vu cette plante sans la voir. Elle est présente sur de nombreuses pelouses et jardins mais sans les épis de fleurs. C’est l’un des principaux constituants des gazons et prairies..
Roland
Origine du nom : du latin « lolium» provenant du celtique « loloa »,l’ivraie. Son nom d’espèce latinisé « perenne» vient de « per, et annuus » et signifie « qui dure toute l’année».
Nom scientifique : Lolium perenne L., 1753
Allemand/ dialecte: Deutsche Weidelgras, auch Ausdauernder Lolch
Nom anglais : perennial ryegrass, English ryegrass,
Date de l’observation: le 9 juillet à Lorentzen (67)
Famille de plantes : C’est la grande famille des Poacées, nom alternatif à celui de Graminées.
Il en existe plus de 12 000 espèces identifiées au niveau mondial dont plusieurs centaines en France.
Ce sont toutes ces herbes qui ressemblent de près ou de loin à du maïs, du riz, de la canne à sucre, du bambou, du mil, du blé, de l’avoine ou encore de l’orge.
C’est LA famille de première importance au niveau nutritionnel, toutes les céréales comestibles en font partie.
Elle recouvre 40% de la couverture végétale terrestre.
Caractères communs :
Ce sont des plantes herbacées à fleurs peu visibles, non colorées. Leurs tiges, les chaumes, sont cylindriques, creuses et portent des nœuds d’où naissent les feuilles.
Normalement une feuille possède une partie élargie, le limbe et une partie étroite le pétiole qui la raccorde à la tige comme, par exemple, la feuille d’un pommier.
Les feuilles des Poacées, n’ont pas de vrai pétiole et forment une gaine foliaire entourant la tige à partir du nœud. Le limbe de la feuille s’élargit quand il s’écarte de la tige, à partir de la ligule. Il devient alors visible pour l’observateur. Il est facile de reconnaitre au toucher ces nœuds car ils sont renforcés par des fibres. Le réseau racinaire des Poacées est variable pour s’adapter à tous les milieux. Il est très perfectionné et permet à certaines espèces d’améliorer les rendements agricoles ou de s’étendre rapidement pour former des grandes pelouses ou gazons, par tallage ou drageonnage.
Catégorie : plante vivace ou bisannuelle.
Port : graminée à panicule aplatie formant des touffes
Hauteur : 10 à 80 cm de haut.
Tige: dressée avec un épi retombant... La gaine est lisse et rouge à la base.
Feuillage : les feuilles sont vert foncé, glabres, linéaires, 20 à 50 fois plus longues que larges ( 3 à 20 cm de long pour 2 à 6 mm de large). Elles ont une forme pliée en forme de carène de bateau. La face inférieure est brillante et la face supérieure cannelée. La ligule, la cicatrice entre feuille et tige, est membraneuse, courte, 1 à 2mm avec des oreillettes ces petites pointes sur les bords.
Floraison : mai à octobre
Fleurs : la panicule aplatie peut être longue : 4 à 30 cm,. Elle est formée d’épillets alternés sur deux cotés en dents de scie.
Chaque épillet elliptique et lancéolé mesure de 7 à 20 mm. Il porte 4 à 10 (et jusqu’à 14) fleurs fertiles. Dans une fleur fertile se trouvent 3 étamines et deux styles plumeux blancs. (voir photos).
Les glumes, petites feuilles entourant les fleurs de 5 mm, à 3 nervures, sont en pointe et non carénées(en forme de coque de bateau), et sans arrête.
Pollinisation : par le vent
Fruits : ce sont des fruits secs typiques, des caryopses enfermés par les lemmes. Ces petites enveloppes forment de petites montgolfières et dispersent les graines grâce au vent, mais aussi grâce animaux et l’eau
Habitat : cette plante colonise les terrains vagues riches en azote, les endroits herbeux piétinés, les prairies surpâturées jusqu’à 1500 m.
Son origine se trouve au Moyen Orient mais à présent elle est partout sauf en zones tropicales et équatoriales
Confusion possible : oui avec les autres poacées
Protection : pas de risque de disparition pour cette plante très commune, non réglementée et plantée un peu partout. .
Jardinerie : résiste au piétinement. Il existe plus de 1000 variétés de ray-grass ! Il sont très utilisés sur les terrains de sport et les gazons.
Agriculture : c’est une herbe intéressante pour sa valeur fourragère élevée. Elle s’implante facilement et se maintient si la pluviométrie est régulière comme au Royaume Uni et en Bretagne.
Elle résiste mal à de longues périodes de chaleur et sécheresse et en particulier quand la température dépasse 25°C. Dans les parcelles où elle est plantée , elle peut se maintenir une dizaine d’années.
Le ray-grass anglais peut contribuer à fabriquer de la biomasse, jusqu’à 25 tonnes par hectare et servir ensuite à produire du biogaz et de l’énergie.
L’institut français du cheval et de l’équitation( Ifce) a fait des études sur l’appétence des graminées par les chevaux. Les chevaux passent 15 heures par jour à s’alimenter soit le double de temps des bovins. Cela provient de leur système digestif bien plus court et moins sophistiqué que celui des ruminants.
Les chevaux tondent les prairies à ras ce qui permet d’avoir toujours des pousses jeunes de cette herbe qui sont à haute valeur nutritionnelle.
Les humains ont des préférences alimentaires comme le chocolat ou le steack ou les chips par exemple. . Il en est de même les chevaux. D’après l’Ifcen ils ont eux une préférence pour la Fétuque rouge, Festuca rubra, la Fétuque élevée, Festuca arundinacea. Ils aiment moins ce ray-grass, Lolium perenne et le Vulpin des prés Alopecurus pratense.
Près de 350 thèses ont été écrites dans les organismes de recherche agronomiques et universitaires sur cette herbe de grande importance économique pour les éleveurs et aménageurs de gazons. La génétique a été très étudiée pour vérifier si la qualité de germination restait la même avec l’augmentation des températures les prochaines années.
D’autre part cette plante stock du glucane dans les feuilles. Cette faculté lui permet une repousse rapide (2) et a fait l’objet de nombreuses recherches..
Industrie et dépollution :
Le ray grass a été utilisé avec succès avec d’autres plantes pour dépolluer des sites industriels pollués par des métaux lourds comme le cadmium (1) et le plomb. Cette utilisation ou remédiation nécessite une fauche régulière des plantes, un séchage et une incinération pour récupérer les cendres riches en polluants. Les matières provenant de la surfaces des sols sont alors exportées vers un centre de réutilisation.
Utilisation alimentaire:
Il est possible d ‘utiliser les graines de cette plante comme céréale quand plus rien ne pousse. La valeur nutritionnelle est voisine de celle de l’avoine.
Le rendement à l’hectare est très faible car les graines sont petites, 500 000 /kg. La moyenne de rendement est de 500 kg/ hectare rarement jusqu’à 1000 kg.
Utilisation médicinale :
Des extraits de cette plante pourraient être utilisés pour diminuer les réactions allergiques aux graminées (5).
Texte et photos Roland Gissinger