Transmission des comportements hygiéniques chez les mandrills
Publié le 16 Mai 2023
Voici un nouvel exemple.
Transmission mère-fille du comportement hygiénique antiparasitaire chez les mandrills Clémence Poirotte 1 , Marie J.E. Charpentier 8 février 2023
Les animaux sociaux sont particulièrement exposés aux maladies infectieuses. Les pressions de sélection induites par les agents pathogènes ont ainsi favorisé l'évolution d'adaptations comportementales pour diminuer le risque de transmission telles que l'évitement des individus contagieux.
Pourtant, de telles stratégies privent les individus d'interactions sociales précieuses, générant un compromis coûts-avantages entre l'évitement des agents pathogènes et les opportunités sociales. Des études récentes ont révélé que les hôtes diffèrent dans ces défenses comportementales, mais les déterminants à l'origine de ces variations interindividuelles restent peu étudiés.
En utilisant 6 ans de données comportementales et parasitaires sur une importante population naturelle de mandrills (Mandrillus sphinx), nous avons montré que, lorsque la prévalence parasitaire était élevée dans la population, les femelles évitaient de toiletter la région périanale (PAR) de leurs congénères, où la gastro contagieuse -les parasites intestinaux s'accumulent.
Les femelles variaient, cependant, dans leur propension à éviter cette région corporelle à risque : au fil des ans, certaines femelles évitaient systématiquement de la toiletter, tandis que d'autres ne le faisaient pas. Fait intéressant, les femelles hygiéniques (c'est-à-dire celles qui évitent le PAR) étaient moins parasitées que les femelles non hygiéniques. Enfin, l'âge, le rang de dominance et la fréquence de toilettage n'influençaient pas l'hygiène d'une femme, mais la mère-fille et les demi-sœurs maternelles présentaient des niveaux d'hygiène similaires, contrairement aux demi-sœurs paternelles et aux dyades non apparentées, suggérant une transmission sociale de cette hygiène. comportement.
Cette étude suggère que la transmission sociale de l'hygiène dans un groupe de primates permet une résistance aux pathogènes, avec des conséquences potentielles sur la dynamique des maladies infectieuses.
- PMID: 36750188
- PMCID: PMC9904943
- DOI: 10.1098/rspb.2022.2349
Abstract
Social animals are particularly exposed to infectious diseases. Pathogen-driven selection pressures have thus favoured the evolution of behavioural adaptations to decrease transmission risk such as the avoidance of contagious individuals. Yet, such strategies deprive individuals of valuable social interactions, generating a cost-benefit trade-off between pathogen avoidance and social opportunities. Recent studies revealed that hosts differ in these behavioural defences, but the determinants driving such inter-individual variation remain understudied. Using 6 years of behavioural and parasite data on a large natural population of mandrills (Mandrillus sphinx), we showed that, when parasite prevalence was high in the population, females avoided grooming their conspecifics' peri-anal region (PAR), where contagious gastro-intestinal parasites accumulate. Females varied, however, in their propensity to avoid this risky body region: across years, some females consistently avoided grooming it, while others did not. Interestingly, hygienic females (i.e. those avoiding the PAR) were less parasitized than non-hygienic females. Finally, age, dominance rank and grooming frequency did not influence a female's hygiene, but both mother-daughter and maternal half-sisters exhibited similar hygienic levels, whereas paternal half-sisters and non-kin dyads did not, suggesting a social transmission of this behaviour. Our study emphasizes that the social inheritance of hygiene may structure behavioural resistance to pathogens in host populations with potential consequences on the dynamics of infectious diseases.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36750188/