Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais (Thysselinum palustre)

Publié le 8 Novembre 2023

Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  - Plante entière et ses feuilles
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  - Plante entière et ses feuilles
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  - Plante entière et ses feuilles
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  - Plante entière et ses feuilles

Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais (Thysselinum palustre) - Plante entière et ses feuilles

Le Thyssélin des marais n’est connu de personne. Normal. C’est le nouveau nom commun du Thysselinum palustre. La nouvelle nomenclature des noms communs de plantes se réfère en principe aux noms scientifiques. Comme cette plante ne fait plus partie du genre Peucedanum il était normal de changer son nom commun français. Le nom de Peucédan des marais est encore utilisé comme synonyme.
Voyons les caractères spécifiques de cette plante de la famille des apiacées ombellifères.
Roland



Nom scientifique : Thysselinum palustre (L.) Hoffm. 1814
Synonyme : Peucedanum palustre. Quelques uns de ses anciens noms sont encore présents dans certaines flores : Selinum palustre et une quinzaine d’autres.

Origine du nom scientifique : le nom du genre vient du grec «thyos» «sacrifice, fumigation, encens» et de « selinon », « le céleri, l’ache ». Le nom d’espèce fait référence au latin « palustre», signifiant «des marais».

Autres noms communs: Persil laiteux, Rivache sauvage, Encens d’eau

Dialecte : Rivache, Sumpfpeterle

Allemand: Sumpf-Haarstrang oder Ölsenich

Anglais : milk-parsle, marsh hog's fennel


Date et lieu  de l’observation : le 25 septembre à Haspelschiedt (57)

Famille de plantes : C’est la famille des Apiacées, autrefois dénommée Ombellifères. Elle inclut la carotte, le fenouil, le persil ainsi que d’autres plantes de nos jardins.
Cette famille comprend 3000 espèces de par le monde. Caractéristique commune : les fleurs sont disposées en ombelles souvent déclinées en petites ombellules, à l’origine de l’ancien nom de famille.  Elle est assez homogène avec ses fleurs de type 5, soit 5 pétales, 5 étamines libres, 2 carpelles soudés en un ovaire dit infère et un calice à 5 dents. A noter que la fleur est de symétrie axiale, mais les pétales de la périphérie sont souvent plus grands que ceux situés vers l’intérieur de la fleur. Les ombelles sont de forme variable et c’est un élément essentiel pour leur identification. Il faut regarder de très près certaines espèces et chaque détail à la loupe. Les Apiacées sont souvent aromatiques, comme la coriandre, la livèche, et parfois comestibles, mais quelquefois extrêmement toxiques, comme la Grande cigüe ou allergènes, comme la Berce du Caucase.
Les plantes sauvages de cette famille sont à observer avec beaucoup d’attention pour ne pas se tromper d’espèce et ainsi éviter une intoxication grave. Le mieux est de s'abstenir de les consommer si vous n'avez pas de connaissances botaniques suffisantes.

Catégorie : plante vivace, glabre, semi-aquatique

Port et tige : tige cannelée, creuse souvent pourprée, sans fibres à la base et dont les racines ont une odeur forte.

Hauteur : 50 à 150 cm

Feuilles : elles sont molles,  avec des divisions finales en lanières de 1 à 3 mm terminées par une pointe  rude. Les feuilles ont une nervure principale. C’est la plus grande. Elle prolonge la nervure du pétiole et alimente la plante en sucres par des vaisseaux spécialisés (phloème). Les sucres proviennent des feuilles via la photosynthèse. La sève brute, eau et minéraux, est distribuée dans la plante  en sens inverse des racines par d’autres vaisseaux, ceux  du xylème. Les feuilles inférieures sont bi-tripennatiséquées. Cela signifie que les lobes foliaires sont découpées jusqu’à la nervure principale et séparés les uns des autres. Les préfixes « bi » et « tri » signifient  que le motif de la feuille est décliné plusieurs fois en 2 ème et 3 ème ordre.


 

Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)
Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)

Le Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais (Thysselinum palustre)

 

Floraison : de juillet à août

Couleur des fleurs : blanches ou rosées. Comme toutes celles des apiacées, les fleurs sont très petites et nombreuses. La fleur possède 5 étamines et un pistil formé de 2 styles courts (1mm) divergents. Les fleurs sont groupées sur des ombelles composées de 5 à 12 cm de diamètre.
 
Disposition des ombelles : Les ombelles principales ou primaires portent à leur base, au point de jonction, des bractées (=  petites feuilles) à bord membraneux, fourchues et inégales. Elles sont rabattues à la floraison. Les 15 à 30 rayons de cette ombelle se terminent par des petites ombelles ou ombellules. Chaque ombellule  porte au point de jonction des groupes de fleurs et des bractéoles membraneuses sur les bords.

Pollinisation : fleurs pollinisées par les insectes, abeilles, mouches, papillons et coléoptères.

Fruits : ce sont des akènes de forme elliptique de 4 à 6 mm, comprimés qui ont une bordure membraneuse large avec deux styles résiduels. Les fruits sont disséminés grâce à l’action du vent et de l’eau.

Habitat : endroits clairs et peu ombragés des prairies marécageuses, peuplement d’aulnes ou de carex, rives des cours d’eau et étangs, rivières peu profondes.
Le Thyssélin des marais est présent en Europe, Russie européenne et Sibérie. Il reste toujours localisé car il a besoin d’être submergé pour émerger parmi d’autres plantes moins tolérantes aux inondations.

Confusion possible : oui, avec d’autres apiacées mais en particulier avec la Ciguë aquatique, Cicuta virosa  très toxique et d’autres comme Selinum carviflora.

Statut de protection de la plante 
Le Peucédan des marais a régressé un peu partout en raison de la disparition des zones humides par suite des pratiques agricoles intensives et de l’urbanisation. Il est peu commun, présent dans le nord et l’est du pays.


 

Région

Statut
 abrégé

Statut
long

Protection légale

Déterminant
 Znieff

Alsace

VU

Vulnérable

 

Oui

Aquitaine

 

 

 

Oui

Auvergne Rhône-Alpes

NT

Quasi Menacé

 

Oui

Bourgogne-

VU

Vulnérable

Oui

Oui

Champagne -Ardenne

 

 

Oui

Oui

Centre-Val de-Loire

 

 

 

Oui

Franche-Comté

 

 

 

Oui

Ile-de-France

CR

En danger critique

Oui

Oui

Limousin

VU

Vulnérable

Oui

Oui

Nord-Pas-de-Calais

NT

Quasi Menacé

Oui

Oui

Pays de Loire

 

 

 

Oui

Picardie

NT

Quasi Menacé

Oui

Oui

Poitou-Charentes

RE

Disparue

 

Oui

Rhône-Alpes

EN

En danger

Oui

oui



Les ZNIEFF, Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont  pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.



Écologie
Cette plante ne peut être facilement utilisée en génie écologique car ses graines sont peu résistantes dans la « banque » du sol (3).

Usage alimentaire :
Ce Peucédan des marais a été utilisé autrefois  comme  condiment et substitut au gingembre dans l’Europe de l’Est.

Usage médical :
traditionnellement certains pays l’utilisaient pour soigner l’épilepsie.

Cette plante n’est pas citée par  wikiphyto et n’a donc aucune propriété médicinale prouvée. Elle provoque chez certaines personnes des allergies de contact.  Il faut s’abstenir de l’utiliser.

Il existe des travaux pour essayer de trouver une application pratique à cette plante.
D’après une étude ancienne de Thieme (1) elle contient une huile essentielle qui recèle  au moins 70 composants différents dont certains sesquiterpénoïdes ont des squelettes de carbones inhabituels.
D’autres (2)  se sont intéressés à la présence de différentes coumarines. La coumarine est une molécule aromatique formée par la combinaison de deux noyaux benzéniques  (c’est une
lactone de l’acide 2-hydroxy-Z-cinnamique 😫). C’est en fait la molécule responsable de l’odeur d’herbe coupée présente dans le foin, dans l’Aspérule  odorante et bien d’autres plantes. C’est aussi un puissant anticoagulant utilisé dans les raticides. La coumarine est utilisée, à faible dose, dans 90% des parfums pour atténuer le côté trop alimentaire de la vanilline très utilisée elle aussi. Les autres substances dérivant de la coumarine de base sont appelées coumarines.
 13 coumarines différentes ont été identifiées dans cette plante. Elles différent en qualité et quantité selon les parties de la plante, fleurs, tiges, racines et de leur lieu de récolte.

 


Texte,  photos, bibliographie  Roland Gissinger (Anab) ) - relecture Bernard Weinzaepflen

 

Fruits du Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  et répartition nationale selon l'INPN
Fruits du Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  et répartition nationale selon l'INPN
Fruits du Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  et répartition nationale selon l'INPN
Fruits du Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais  (Thysselinum palustre)  et répartition nationale selon l'INPN

Fruits du Thyssélin des marais, Peucédan des marais, Persil des marais (Thysselinum palustre) et répartition nationale selon l'INPN

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs blanches, #Biodiversité de notre région

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Commenter cet article
T
Merci pour cet article intéressant. Je connaissais bien les noms vernaculaires. Même en sachant la différence entre cette plante et la redoutable Grande Cigüe, je m'abstiens toujours d'y toucher. On ne sait jamais!<br /> Les photos sont un véritable régal pour les yeux.
Répondre
A
Merci Toll. Les plantes de cette famille font souvent peur. Avec un peu de pratique c'est assez facile de les distinguer au moins les genres., les uns des autres. Cela nécessite toutefois d'avoir les fleurs-ombelles et ombellules, les feuilles et les graines sous la main, devant soi ou en photo.<br /> Une bonne flore et c'est parti pour "baptiser" la plante.<br /> <br /> Roland
B
Merci de m'avoir fait découvrir cette plante que je ne connaissais sous aucun de ses 2 noms.<br /> <br /> La famille des Apiacées est complexe. Belles photos.
Répondre
A
Merci Bernard et content de t'avoir fait découvrir ce Thyssélin<br /> Roland